Les flux d’investissements étrangers directs (IED) ont augmenté de 16 % en 2011. Ils ont ainsi dépassé le niveau moyen d’avant-crise (années 2005–2007), malgré les conséquences persistantes de la crise économique et financière globale et la crise actuelle de la dette en Europe, indique le rapport annuel de la CNUCED sur les tendances de l’investissement.
Le World Investment Report 20121(Rapport sur l’investissement dans le monde 2012), sous-titré “Towards a New Generation of Investment Policies,” (« Vers une nouvelle génération de politiques d’investissement ») a été rendu public aujourd’hui.
La résurgence de l’incertitude économique et la possibilité d’un ralentissement de la croissance dans les économies émergentes majeures pourraient saper le dynamisme de l’IED en 2012, prévient le rapport. La CNUCED prévoit que le taux de croissance de l’IED se ralentira en 2012, avec des flux atteignant un palier d’environ 1 600 milliards de dollars. Cette tendance est confirmée par les indicateurs avancés disponibles : la valeur des fusions-acquisitions internationales (F&A) et des annonces de projets de création ou d’extension des capacités physiques) ont enregistré un recul au cours des cinq premiers mois de 2012.
Les projections de la CNUCED pour le moyen-terme, basées sur l’évolution des fondamentaux macroéconomiques, laissent anticiper des flux d’IED en croissance modérée mais régulière, qui pourraient atteindre un ordre de grandeur de 1 800 milliards de dollars en 2013 et de 1 900 milliards en 2014, sous réserve d’absence de choc macroéconomique majeur. Les investisseurs continuent d’éprouver un fort sentiment d’incertitude quant à l’évolution de la situation économique : l’enquête annuelle de la CNUCED auprès des dirigeants des sociétés transnationales (STN) montre en effet que près de la moitié des répondants expriment une opinion neutre ou indécise concernant le climat global d’investissement en 2012.
Le Rapport sur l’investissement dans le monde 2012 indique également que les pays en développement ont continué à attirer près de la moitié du total des IED entrants (45 %) en 2011, tandis que les flux à destination de ces pays ont atteint un nouveau sommet, s’accroissant de 11 % pour atteindre 684 milliards de dollars (tableau 1). Les entrées d’IED vers les pays en transition ont représenté pour leur part 6 % du total mondial. Elles se sont accrues en 2011 de 25 %.
Au sein de ces deux groupes de pays, on observe un fort gonflement des investissements à destination d’Asie, et une croissance supérieure à la moyenne des flux d’IED vers l’Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que vers les économies en transition. Les flux à destination de l’Afrique, au contraire, ont continué à décliner en 2011. La récession des IED s’est poursuivie dans les pays les plus pauvres, les flux à destination des pays les moins avancés (PMA) régressant de 11 % pour atteindre 15 milliards de dollars. La CNUCED anticipe une poursuite de la croissance des IED entrants à la fois en direction des économies en développement et en transition, où ils atteindraient respectivement 720 et 100 milliards de dollars en 2012, pour ensuite s’accroître encore et atteindre une fourchette de 760–930 milliards de dollars pour les pays en développement et de 110–150 milliards pour les économies en transition en 2014 (tableau 1).
Les IED en provenance des pays développés ont fortement augmenté en 2011 - + 24 % - pour atteindre 1 200 milliards de dollars. Chacun des trois blocs majeurs d’économies développées – l’Union européenne (UE), l’Amérique du nord, et le Japon - ont contribué à cette augmentation. Les flux d’IED en provenance des Etats-Unis ont été stimulés par un niveau record de bénéfices réinvestis, les STN accroissant leurs réserves de trésorerie à l’étranger. L’augmentation des flux d’IED en provenance de l’UE est principalement due aux F&A. L’appréciation du yen a accru le pouvoir d’achat des STN japonaises, entrainant un doublement de leurs flux d’IED vers l’étranger, avec un volume net positif de fusions et acquisitions aux Etats-Unis.
Autres tendances majeures de l’IED mondial en 2011:
• Les projets de création ou d’extension de capacités physiques, dont la valeur avait décliné pendant deux années consécutives, se sont maintenus en 2011 à 904 milliards de dollars. Les F&A internationales ont augmenté de 53 % en 2011 pour atteindre 526 milliards de dollars, alimentées par une augmentation du nombre très grosses opérations (valeur supérieure à 3 milliards de dollars) : on a décompté 62 opérations de cette catégorie en 2011, contre 44 en 2010. Bien que la croissance des flux mondiaux d’IED en 2011 ait été principalement tirée par les F&A internationales, la valeur totale des projets de création ou d’extension de capacités physiques reste significativement plus élevée que celle des F&A internationales, comme cela a été le cas depuis le début de la crise financière.
• L’IED dans le secteur primaire et dans le secteur des services a connu un rebond après deux années de déclin. La reprise des IED dans le secteur des services – qui ont atteint 570 milliards de dollars en 2011 - a été stimulée notamment par une activité d’investissement croissante dans les secteurs de l’électricité, du gaz et de l’eau, ainsi que dans les transports et télécommunications. L’investissement dans le secteur primaire, qui atteint 200 milliards de dollars, a été dynamisé par le niveau élevé du prix des matières premières et par les consolidations industrielles. La distribution sectorielle des projets montre que la part du primaire et du tertiaire a légèrement augmenté aux dépends du secteur manufacturier.
• L’activité économique des filiales étrangères a cru en 2011 pour les principaux indicateurs de production internationale. Au cours de l’année, ces filiales étrangères ont employé un total estimé de 69 millions de salariés dans le monde, qui ont généré 28 000 milliards de dollars de ventes et 7 000 milliards de dollars de valeur ajoutée.
Les niveaux record de trésorerie détenus par les STN, estimés entre 4 000 et 5 000 milliards de dollars, ne se sont pas jusqu’ici concrétisés par une croissance soutenue des niveaux d’investissement. Les données concernant les 100 plus grandes STN montrent qu’au cours de la crise financière, celles-ci ont réduit leurs dépenses en capital en matière aussi bien d’actifs physiques de production que d’acquisition (notamment acquisitions internationales) en privilégiant l’accumulation de trésorerie. Les niveaux de trésorerie pour ces seules 100 firmes a atteint un ordre de grandeur de 1000 milliards de dollars en 2011, dont on peut estimer que 105 milliards étaient constituée de montants additionnels - au-dessus du niveau observé des trésoreries moyennes d’avant-crise. Bien que des données récentes suggèrent que les dépenses en capital de ces firmes sont en train de se redresser, la trésorerie additionnelle qu’elles détiennent n’est pas encore entièrement utilisée à cet effet. Cette situation actuelle de « trop-plein » de trésorerie peut constituer la base d’une future poussée de l’IED. En extrapolant ce que l’on sait des 100 première STN à l’ensemble des 5 000 milliards de trésorerie que l’on estime aujourd’hui détenus par les STN, on peut penser que celles-ci disposeraient de plus de 500 milliards de dollars en fonds susceptibles d’être investis, ce qui représente environ le tiers du total annuel des flux d’IED, dit le rapport.
L’indice d’attraction de l’IED de la CNUCED, qui mesure le succès des économies dans l’attraction des IED (en niveau absolu et relativement à leur taille) fait apparaître dans le top 10 des pays les plus attractifs huit économies en transition et en développement, contre seulement quatre il y a une décennie (figure 1). Parmi les nouveaux venus en 2011, on peut citer l’Irlande et la Mongolie. Juste en dessous du « top 10 », de nombreux pays ont bénéficié d’une progression soutenue de leur classement, notamment le Pérou et le Ghana, qui ont tous deux régulièrement amélioré leur classement au cours des six dernières années.
L’indice de contribution de l’IED élaboré par la CNUCED – introduit pour la première fois dans le rapport de cette année – classe les pays sur la base du poids de l’IED et des filiales étrangères dans leurs économies en termes de valeur ajoutée, emploi, salaires, revenus fiscaux, exportations, dépenses de R&D et de formation de capital. Selon l’indice de cette année, l’économie où la contribution des IED est la plus forte est la Hongrie, suivie par la Belgique et la République Tchèque.
Rapport complet en anglais - http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2012_embargoed_en.pdf
Apperçu général en anglais - http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/wir2012overview_en.pdf
Tableau I. Résumé des projections économétriques de moyen terme concernant les entrées d’IED par région (scénario de base) (milliards de dollars)

Source: CNUCED, Rapport sur l’investissement dans le monde 2012. World Investment Report 2012
Figure 1. Indice d’attraction de l’IED : économies du Top 10, 2011

Source: CNUCED, Rapport sur l’investissement dans le monde 2012. World Investment Report 2012
UNCTAD,
World Investment Report 2012