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TDR-Les robots arrivent : l’ONU prévient que l’automatisation et l’austérité combinées peuvent menacer les bons emplois dans le monde entier


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2017/027
TDR-Les robots arrivent : l’ONU prévient que l’automatisation et l’austérité combinées peuvent menacer les bons emplois dans le monde entier

Geneva, Suisse, 14 septembre 2017

​Selon un nouveau rapport de la CNUCED, la menace que fait peser la robotisation sur les bons emplois s’étend à certains pays en développement. Mais les vrais problèmes sont à venir. Le Rapport recommande qu’une politique industrielle numérique soit mise en œuvre pour veiller à ce que la robotique contribue à un développement inclusif et non à l’entraver.

« L’utilisation de robots menace les emplois aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents, mais comme pour toute nouvelle technologie, cette situation offre des possibilités autant qu’elle présente des risques », a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, lors du lancement du Rapport sur le commerce et le développement, 2017 : Au-delà de l’austérité − Vers une nouvelle donne mondiale.

Selon Richard Kozul-Wright, directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, « l’anxiété suscitée par les robots ne tient pas seulement à l’extension de leurs domaines d’utilisation, à l’amélioration de leur productivité et à leur caractère de plus en plus intrusif. Mais elle renvoie plutôt à leur arrivée dans un contexte macroéconomique morose qui a entravé l’investissement nécessaire à la création de nouveaux secteurs où les travailleurs remplacés par des robots auraient pu trouver un meilleur emploi ».

D’après ce rapport qui fera date, la grande question est de savoir si la robotique réduira les avantages traditionnels liés à l’industrialisation en tant que stratégie de développement.

Les tâches courantes des emplois bien rémunérés de l’industrie manufacturière et des services sont progressivement assumées par des robots, mais les emplois manufacturiers mal payés des secteurs tels que l’habillement ne sont dans une large mesure pas concernés par l’automatisation.

Bien que la plupart des emplois dans les pays en développement ne soient pas menacés dans l’immédiat, il se pourrait que le mouvement de concentration de l’activité manufacturière sur des sites existants se poursuive, et donc que le fossé entre les gagnants et les perdants de l’automatisation se creuse de façon notable.

Selon le rapport de la CNUCED, le recours à la robotique tourne pour l’instant à l’avantage des pays aux capacités industrielles bien établies, ce qui pourrait encore assombrir les perspectives de croissance des pays en développement dont l’activité manufacturière ne progresse plus ou qui sont déjà entrés dans une phase de « désindustrialisation précoce ».

Une telle conjoncture pourrait compliquer la réalisation des objectifs de développement durable, qui s’inscrivent dans le projet sur lequel la communauté internationale s’est accordée en 2015 en vue d’éradiquer la pauvreté et de promouvoir la prospérité tout en protégeant l’environnement.

Démystifier la robotique pour ne pas céder à l’hystérie

Malgré tout le battage qui est fait autour du potentiel de la robotisation, l’usage des robots industriels demeure restreint et il n’en existe à ce jour que moins de 2 millions, principalement dans les industries automobile, électrique et électronique de quelques pays. Presque la moitié des robots industriels en service se trouvent en Allemagne, au Japon et aux États-Unis, mais leur nombre a quadruplé en Chine depuis 2010, et c’est en République de Corée qu’il est le plus élevé par travailleur.

La plupart des études ont surestimé les effets négatifs que les robots risquent d’avoir sur l’emploi et les revenus, car elles ont négligé le fait que les choses possibles techniquement ne sont pas toujours rentables économiquement (voir fig. 1). Les pays les plus exposés à la robotisation industrielle sont ceux où l’industrie manufacturière est importante et comporte principalement des activités bien rémunérées (voir fig. 2). La robotisation n’a eu que peu d’effets dans la plupart des pays en développement, où la mécanisation continue d’être la principale forme d’automatisation.
 
Des défis pour les décideurs

Il est essentiel de veiller à ce que l’utilisation de robots ne perturbe pas la répartition des revenus, car la robotisation risque d’accroître la part du revenu revenant aux propriétaires de robots et aux détenteurs des droits de propriété intellectuelle qui y sont associés. Pour éviter cette situation, on pourrait mettre en place des dispositifs par lesquels les revenus des employés seraient liés à la rentabilité de leur entreprise et proviendraient donc pour une part substantielle de la détention de capital et non du travail.

Cependant, il est également dit dans le rapport que le « revenu de base », concept à la mode chez les entrepreneurs des industries de haute technologie, ne peut se substituer au renforcement des droits des travailleurs et à l’amélioration des systèmes de protection sociale.

Quant au fait de déterminer si les robots peuvent entraver la contribution de l’industrialisation au développement, il faudrait savoir qui possédera et contrôlera les technologies robotiques, quels seront les éventuels avantages des pionniers et quels seront les secteurs manufacturiers où les incidences se feront le plus sentir. Pour chacun de ces facteurs, il sera crucial de veiller à la bonne élaboration et à l’application effective de politiques industrielles numériques, et de faire en sorte que les pays disposent de la marge d’action nécessaire à leur mise en œuvre.
 
Figure 1 : Vision surfaite d’un monde robotisé : les choses possibles techniquement ne sont pas toujours rentables économiquement
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Source : CNUCED.
Note : La taille des sphères reflète l’usage des robots à l’échelle mondiale dans un secteur manufacturier donné. Les écarts positifs ou négatifs par rapport à la rémunération moyenne sont le signe d’emplois manufacturiers plus ou moins bien payés. L’axe des ordonnées indique le degré de répétitivité des tâches à accomplir.

Figure 2 : Exposition à la robotisation industrielle : pas de menace réelle pour la plupart des pays en développement
(En pourcentage)
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Source : CNUCED.
*  Secteurs manufacturiers fortement automatisés : l’automobile, l’électronique, la chimie et les industries du caoutchouc et du plastique.