Alors que plus de 735 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, 680 milliards de dollars sont nécessaires chaque année d'ici à 2030 pour réorganiser les systèmes agroalimentaires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
© FAO | La transformation des systèmes agroalimentaires nécessite 680 milliards de dollars par an d'ici à 2030 dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Le Forum mondial de l'investissement 2023 de la CNUCED s'est ouvert le 16 octobre à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, sur des appels urgents à davantage d'investissements publics et privés pour transformer les systèmes agroalimentaires dans le contexte d'une crise mondiale de la faim qui touche plus de 735 millions de personnes.
Les systèmes agroalimentaires, qui englobent toutes les activités nécessaires pour acheminer les denrées alimentaires de leur lieu de production à leur lieu de transformation, de consommation et d'élimination, sont essentiels pour relever les défis mondiaux que sont la malnutrition, la pauvreté, la perte de biodiversité et le changement climatique.
S'exprimant lors de l'ouverture de la session de haut niveau du forum sur les systèmes agroalimentaires, le Secrétaire général adjoint de la CNUCED, Pedro Manuel Moreno, a déclaré que des crises telles que la guerre en Ukraine et le changement climatique exigent que la production alimentaire et les chaînes d'approvisionnement de nombreux pays s'adaptent et se transforment.
« Et ce sont très souvent les pays les plus pauvres qui sont les plus touchés, mais qui ont aussi le moins de moyens pour s'adapter et transformer leurs systèmes alimentaires », a-t-il déclaré.
Il est temps d'inverser la tendance en matière d'investissement alimentaire
Malgré les chocs sur les chaînes d'approvisionnement et l'inflation des prix alimentaires due aux multiples crises, le financement et les investissements internationaux dans l'agriculture et les systèmes agroalimentaires n'ont pas augmenté.
Le Rapport sur l'investissement dans le monde 2023 de la CNUCED a révélé que le nombre de projets d'investissement internationaux dans les systèmes agroalimentaires est inférieur aujourd'hui à ce qu'il était en 2015, lorsque les Objectifs de développement durable (ODD) ont été adoptés et que le monde s'est engagé en faveur d'un monde où personne ne souffrirait plus de faim.
Moreno a déclaré que le forum pourrait contribuer à inverser la tendance grâce à des actions visant à canaliser une plus grande partie des fonds investis dans la finance durable sur les marchés de capitaux mondiaux vers la production alimentaire.
« Ces marchés offrent une réelle opportunité car les investissements sous-jacents ont connu une croissance régulière », a-t-il déclaré.
Il a également exhorté les participants à étudier comment la technologie peut contribuer à stimuler la productivité et la résilience des systèmes alimentaires et comment réduire les pertes et les déchets dans les chaînes d'approvisionnement alimentaire.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ 13 % des aliments produits sont perdus entre la récolte et la vente au détail, et 17 % supplémentaires sont gaspillés dans les ménages, les services alimentaires et la vente au détail combinés.
Les systèmes alimentaires au cœur des objectifs mondiaux
Le Directeur général de la FAO, Dongyu Qu, a déclaré que les systèmes agroalimentaires mondiaux sont hautement prioritaires au cœur des objectifs de développement durable.
Selon lui, la transformation de ces systèmes contribuera non seulement à éradiquer la pauvreté, à éradiquer la faim et à améliorer la nutrition, mais aussi à garantir qu'ils soient plus efficaces, inclusifs, résilients et durables.
« Nous devons mobiliser des investissements plus importants et ciblés », a déclaré M. Qu, ajoutant que la transformation des systèmes agroalimentaires coûtera 680 milliards de dollars par an d'ici 2030 dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ce montant comprend 425 milliards de dollars d'investissements et 255 milliards de dollars de filets de sécurité sociale.
Qu a déclaré que dans les pays en développement, les agriculteurs, les transformateurs et les autres acteurs des systèmes agroalimentaires ont besoin d'aide pour accéder aux ressources et aux services financiers afin de renforcer leur résilience face aux chocs mondiaux.
L'objectif est de renforcer et de développer les capacités nationales en vue de transformations agroalimentaires dirigées et prises en charge par les pays, afin qu'elles soient mieux adaptées aux contextes locaux et aux besoins spécifiques.
Les investissements des secteurs public et privé sont essentiels
D'autres intervenants ont souligné le besoin urgent d'accroître les investissements publics et privés dans les systèmes agroalimentaires, conformément aux ODD, afin de réduire l'insécurité alimentaire et de favoriser l'emploi rural, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Les discussions ont également porté sur les différents mécanismes et voies de financement et d'investissement pour la transformation des systèmes agroalimentaires et sur la manière de créer des partenariats stratégiques pour de tels investissements.
