MACHINE NAME = WEB 1

La CNUCED aide les pays à mesurer la coopération Sud-Sud

01 septembre 2023

Un nouveau projet et un cadre de collecte de données permettront de dresser un tableau plus clair de l'aide mondiale au développement.

A young farmer in La Esperanza, Intibucá, Honduras
Default image copyright and description

© Shutterstock/Vivid imagery | Un jeune agriculteur à La Esperanza, Intibucá, Honduras.

La CNUCED et ses partenaires ont lancé un projet mondial de trois ans visant à aider les pays en développement à utiliser un cadre commun pour mesurer et augmenter la visibilité de la coopération Sud-Sud.

Le premier événement du projet, organisé avec le Brésil du 11 au 13 juillet, a rassemblé des représentants de 16 pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Les participants comprenaient également des économistes, statisticiens, et experts du développement en provenance de plus de 10 organisations internationales, y compris quatre commissions régionales des Nations unies.

La coopération Sud-Sud, lorsque les pays en développement mettent en commun leurs ressources ou partagent leurs connaissances, compétences et expertise, est un levier puissant qui peut prendre de nombreuses formes.

Par exemple, le Mexique a alloué 62 millions de dollars entre 2020 et 2022 pour des programmes au Honduras et au Salvador qui ont contribué à améliorer la sécurité alimentaire et à créer des emplois pour les jeunes, bénéficiant ainsi à plus de 40 000 personnes.

Parmi les autres exemples, citons la collaboration entre le Brésil et l'Inde dans le domaine de la technologie satellitaire pour surveiller la déforestation et améliorer la production agricole, et aussi les projets conjoints de la Colombie et de l'Union africaine visant à rendre plus autonomes les femmes grâce à l'aquaculture au Nigeria, en Tanzanie et en Afrique du Sud.

« La coopération Sud-Sud est essentielle à la réalisation de l'Agenda 2030 et est devenue particulièrement prononcée pendant la pandémie lorsque les pays se sont réunis dans la solidarité », a déclaré Sumeeta Banerji, spécialiste des politiques du Bureau de la coopération Sud-Sud de l'ONU, qui a participé à l'événement de juillet et qui s'est tenu à Brasilia et en ligne.

Une image incomplète

Historiquement, les discussions sur le développement mondial reposaient presque exclusivement sur les données issues de la coopération impliquant également des pays développés ou des organisations multilatérales – ou les deux.

En l'absence de données solides sur la coopération Sud-Sud, notre compréhension de la coopération internationale au développement reste incomplète.

En mars 2022, la Commission statistique des Nations unies a introduit un nouvel indicateur des ODD (17.3.1) pour mesurer les « ressources financières supplémentaires mobilisées pour les pays en développement provenant de multiples sources ».

Elle a également salué un cadre commun volontaire conçu par les pays en développement pour mesurer la coopération Sud-Sud et fournir des données pour le nouvel indicateur.

« Nous disposons désormais d'un cadre conçu par le Sud pour le Sud », a déclaré l'ambassadrice brésilienne Luiza Lopes, de l'Agence brésilienne de coopération.

« Il s'agit véritablement d'une étape historique pour la coopération Sud-Sud », a ajouté Luciana Mendes Santos Servo, présidente de l'Institut brésilien de recherche économique appliquée.

La Commission statistique des Nations unies a demandé à la CNUCED, en tant que co-dépositaire du nouvel indicateur des ODD, de coordonner avec les pays en développement la poursuite des travaux sur le cadre, notamment pour l'établissement de rapports et le renforcement des capacités.

Plus qu'un outil

Le cadre a été élaboré par un sous-groupe sous l’égide du groupe inter-institutions des Nations unies et du groupe d’experts sur les indicateurs des objectifs du Millénaire pour le développement.

Le processus a été inclusif et interactif, et le résultat reflète les pratiques réelles du Sud mondial - non pas dans la configuration traditionnelle des pays donateurs et bénéficiaires, mais en tant que partenaires égaux.

« Ce n'est pas seulement qu’un simple outil de mesure », a déclaré Mme Anu Peltola, qui dirige le Service statistiques de la CNUCED. « Il donne une voix à l'espoir et à la solidarité des pays en développement ».

  1. Sukhbir Singh, président du sous-groupe qui a élaboré le cadre est du même avis : « Pour la première fois, ce cadre permet aux pays en développement de raconter l'histoire de leur coopération à leur développement en chiffres et d'informer sur les politiques de coopération Sud-Sud à l'aide de données solides ».

Une responsabilité partagée

À l'avenir, il sera important pour les pays participants de s'assurer d'une volonté politique et d'une collaboration efficace entre les agences gouvernementales, car les données sur la collaboration Sud-Sud proviendront de nombreux domaines, tels que la santé, l'énergie, la sécurité alimentaire, l'éducation et l'environnement.

En outre, la rareté des ressources dans de nombreux pays en développement signifie que le soutien international et régional sera crucial. Acquérir les capacités nationales nécessaires à la collecte systématique de données précises est une tâche considérable, qui nécessite le soutien d'organisations spécialisées, régionales et internationales.

« Le chemin à parcourir sera peut-être semé d'embûches », a déclaré Mme Peltola, « mais lorsque les pays s'unissent autour d'une vision commune, des résultats importants peuvent être atteints ».

« Il incombe désormais aux Nations unies et aux pays en développement de faire fonctionner ce cadre et de raconter l'histoire du Sud ».

Les Nations unies célèbrent la coopération Sud-Sud chaque année le 13 septembre. Cette année, cette journée tombe juste une semaine avant le très attendu sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement, offrant ainsi l'occasion de souligner le rôle de la coopération Sud-Sud dans la résolution des problèmes mondiaux - et la nécessité de collecter des données plus nombreuses et de meilleure qualité.