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Les flux d'investissement vers les économies structurellement faibles restent fragiles

21 juin 2021

Les investissements étrangers directs vers les pays les moins avancés restent stables. Ils subissent en revanche de fortes contractions dans les pays en développement sans littoral et dans les petits États insulaires en développement.

Les flux d'IDE vers les petits États insulaires en développement tels que Kiribati ont chuté de 40 %. © Raimon Kataotao/EyeEm

Sous l'effet de la pandémie de coronavirus, les flux d'investissement étranger direct (IED) à destination des 83 économies structurellement faibles, vulnérables et de petite taille (PESFV) ont diminué de 15 % pour atteindre 35 milliards de dollars en 2020, selon le Rapport 2021 sur l’investissement dans le monde de la CNUCED.

Les flux entrants vers les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID) n'ont ensemble[1] représenté que 3,5 % du total mondial en 2020.

La catégorie des PMA recouvre en partie celle des LLDC et des SIDS. Il y a 17 économies qui sont à la fois des PMA et des LLDC et six qui sont à la fois des LDC et des SIDS.

« La pandémie de coronavirus a amplifié les fragilités des économies structurellement faibles. L'investissement dans divers secteurs importants pour la réalisation des Objectifs de développement durable, en particulier dans l'alimentation, l'agriculture, la santé et l'éducation, a chuté », a déclaré le directeur de l'investissement et des entreprises de la CNUCED, James Zhan. « Les investissements liés aux objectifs de développement durable doivent être soutenus dans la période post-pandémie », a-t-il averti.

Une impulsion internationale nécessaire

Sans une impulsion de la communauté internationale, ces pays resteront en marge des changements structurels à l’œuvre dans l'économie mondiale et dans la structure des IDE mondiaux.

Les IDE dans les pays les moins avancés (PMA) sont restés stables à 24 milliards de dollars (en hausse de 1,4 % par rapport à 2019), soutenus par une hausse de 7 % en Afrique. Pourtant, au niveau des pays, les IDE ont diminué dans 25 PMA. Au cours de la dernière année du Programme d'action d'Istanbul (mis en œuvre de 2011 à 2020), leur part dans les flux mondiaux est passée de 1,5 % à 2,3 %, soit le pourcentage le plus élevé enregistré depuis 2003.

Les cinq premiers bénéficiaires (le Cambodge, le Bangladesh, l'Éthiopie, le Mozambique et le Myanmar, dans l'ordre) ont représenté plus de la moitié du total des IDE à destination du groupe en 2020 (figure 1). Les dix premiers (comprenant également la République démocratique du Congo, la République démocratique populaire lao, la Mauritanie, le Sénégal et la Tanzanie) en représentaient les quatre cinquièmes.
 

Figure 1 - PMA : Les 5 principaux bénéficiaires des flux d'IDE, 2019 et 2020
(Milliards de dollars)

 

Figure 1 - LDCs: Top 5 recipients of FDI flows

Source : CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde 2021.

 

 

Le nombre et la valeur des nouveaux projets annoncés, un indicateur important des intentions d'investissement, ont fortement chuté en 2020. Il en va de même pour les annonces d'opérations de financement de projets internationaux.

La baisse a affecté les annonces d'investissement dans les secteurs pertinents pour les objectifs de développement durable (ODD), ce qui est préoccupant pour les plans visant à aider les pays à sortir du statut de PMA. Selon les prévisions, les flux d'IDE devraient rester atones en 2021 et 2022.

Perturbations majeures dans les pays en développement enclavés

La pandémie a provoqué des perturbations majeures dans les activités économiques des pays en développement sans littoral. Leurs entrées d'IDE se sont contractées de plus de 30 % pour atteindre 15 milliards de dollars, soit le niveau le plus bas depuis 2007. Bien que marginale, la part de ce groupe dans les flux mondiaux d'IDE est néanmoins restée stable à 1,5 %.

Les flux vers les pays en développement sans littoral sont restés concentrés dans quelques économies : les cinq premiers bénéficiaires (Kazakhstan, Éthiopie, Ouzbékistan, Mongolie et Turkménistan, dans l'ordre) représentant plus de 70 % du total des IDE vers le groupe (figure 2).
 

Figure 2 - Pays en développement sans littoral : les 5 principaux bénéficiaires des flux d'IDE, 2019 et 2020
(Milliards de dollars)

 

Figure 2 - LLDC: Top 5 recipients of FDI flows

Source : CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde 2021.

 

 

Les interventions gouvernementales visant à contrer les effets négatifs de la pandémie sont limitées par des contraintes de ressources dans la majorité des PMA, à l'exception de quelques pays, comme certains PMA d'Asie centrale et le Botswana. Ces derniers ont accumulé des ressources dans leurs fonds souverains et d’autres entités publiques.

Dans les secteurs liés aux ODD, les pays en développement sans littoral (PDSL) ont attiré un nombre moins important de transactions internationales qu'en 2019. Néanmoins, les engagements internationaux dans les infrastructures des PDSL ont gonflé de 2,5 milliards de dollars à 13,9 milliards de dollars en 2020. Compte tenu de leur accès limité aux transports internationaux et de leur dépendance à l'égard des infrastructures des pays voisins, les PDSL ne devraient attirer que de faibles flux d'IDE dans les années à venir.

Forte baisse dans les petits Etats insulaires

Les entrées d'IDE dans les petits États insulaires en développement (PEID) ont chuté de 40 %, une baisse supérieure à la moyenne mondiale, pour atteindre 2,6 milliards de dollars, un niveau observé pour la dernière fois en 2012. Ce repli a touché la plupart des pays et régions du groupe. Les flux ont augmenté dans huit pays seulement.

Reflétant les différences de niveaux de développement et de dotations en facteurs, une poignée de PEID a continué d'attirer la majeure partie des flux entrants. Les flux d'IDE vers les cinq premiers bénéficiaires (les Bahamas, la Jamaïque, les Maldives, la Barbade et Maurice, dans l'ordre) ont représenté quatre cinquièmes de l'ensemble des flux d'IDE vers ce groupe (figure 3).
 

Figure 3 - PEID : Les 5 principaux destinataires des flux d'IDE, 2019 et 2020
(Milliards de dollars)

 

Figure 3 - SIDS: Top 5 recipients of FDI flows

Source : CNUCED, Rapport sur l'investissement dans le monde 2021.

 

 

L'ampleur de la contraction, qui a touché toutes les régions des PEID sans exception, met en évidence les multiples problèmes auxquels ces pays ont été confrontés pendant la pandémie de COVID-19, notamment l'effondrement du tourisme international, ainsi que la contraction de la demande en ressources minières.

Les annonces de nouveaux projets se sont taries dans la plupart des PEID, et seules trois opérations ont été annoncées dans le domaine du financement de projets transfrontaliers. Tous les indicateurs suggèrent une tendance à la baisse des engagements d'investissement dans les secteurs liés aux ODD.

En 2020, les PEID n'ont attiré que 0,4 % des flux d'IDE destinés aux économies en développement (et 0,3 % des flux mondiaux). Les flux d'IDE devraient rester stables à court et moyen terme.