L’Ìle cherche à surmonter les défis qui pèsent sur son programme de développement afin de maintenir la croissance économique spectaculaire enregistrée ces dernières années.
La CNUCED a aidé l’ìle Maurice à élaborer un plan quinquennal pour soutenir le développement de la nation insulaire dans un environnement mondial difficile marqué par la crise de la COVID-19.
Le Plan Stratégique et de Politique Industrielle pour l’île Maurice a été présenté le 4 décembre lors d'un événement organisé par le ministère du développement industriel, des petites et moyennes entreprises et des coopératives du pays.
Le plan souligne la nécessité pour ce pays de mettre à jour ses outils politiques en faveur de la croissance et du développement continus à la fois de ses capacités industrielles et de ses compétences.
"Nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère", a déclaré Soomilduth Bholah, ministre mauricien du développement industriel.
Il a déclaré que le développement futur du pays reposerait sur l'utilisation de systèmes de production intelligents et allégés intégrant la numérisation, des pratiques écologiques et commerciales équitables, misant sur la qualité des produits, la stratégie de marque, la recherche et développement et l'innovation, reposant sur une main-d'œuvre polyvalente et hautement qualifiée.
Un pays à la croisée des chemins
"L'île Maurice se trouve à la croisée des chemins", a déclaré Richard Kozul-Wright, directeur de la mondialisation et des stratégies de développement à la CNUCED.
Et d’ajouter que l'île Maurice représente l'une des expériences les plus réussies du continent africain, avec une croissance économique spectaculaire de 5 % en moyenne au cours des quatre dernières décennies.
L'île Maurice a réussi à se diversifier en abandonnant la production de canne à sucre. Elle est passée d'une économie de monoculture à faibles revenus à une économie à revenus moyens supérieurs avec des secteurs manufacturiers, agro-industriels, financiers, des TIC et du tourisme en pleine croissance.
"Toutefois, l’ìle Maurice est maintenant confrontée à de nouveaux défis importants qui découlent de ce succès initial", a déclaré M. Kozul-Wright.
La volonté du pays d'atteindre le statut de pays à revenu élevé est compromise par une faible productivité, un marché du travail restreint et insuffisamment qualifié combinés à un secteur manufacturier sans réel dynamisme depuis au moins une décennie.
- Kozul-Wright a déclaré que pratiquement toutes les économies industrielles aujourd'hui ont achevé leur transition d’une pauvreté rurale généralisée vers une richesse post-industrielle par la mise en œuvre de politiques industrielles.
Ces politiques sont conçues pour faire évoluer la structure de production vers de nouveaux types d'activités et de secteurs, avec une productivité progressivement plus élevée, des emplois mieux rémunérés et un plus grand potentiel de progression.
La pandémie comme révélateur de fragilité
La pandémie COVID-19 a mis en évidence de façon spectaculaire la fragilité de nombreuses économies en développement.
Les experts ont déclaré que les relocalisations, qui pourraient accroître encore les inégalités entre les pays, devraient connaître une accélération, car elles permettent une adaptation plus souple à l'évolution de la demande, atténuant ainsi les risques des entreprises en cas de pandémie ou de tout autre choc.
En outre, les perturbations sur les chaînes d'approvisionnement et les restrictions de voyage liées à la pandémie pourraient compromettre l'intégration économique et encourager des systèmes de production plus autonomes.
Cela pourrait se produire dans des secteurs stratégiques tels que les équipements médicaux et les médicaments, ou la production d'intrants pour l'assemblage de machines sophistiquées, dont la production finale se fait encore dans des pays à hauts salaires.
Dans un contexte mondial aussi complexe, l’île Maurice se trouve à un moment critique de son histoire, affirme le plan quinquennal. Les défis économiques auxquels elle est confrontée risquent de l'enfermer dans le "piège des revenus moyens".
Ces défis sont étroitement liés, car le dynamisme du secteur manufacturier repose en fin de compte sur la croissance de la productivité. En effet, dans les pays à revenus moyens et élevés, il est difficile de parvenir à une croissance de la productivité sans une main-d'œuvre qualifiée.
Par ailleurs, la croissance de la productivité et l'amélioration des compétences ne peuvent être soutenues sans l’attrait d’un réseau d'entreprises dynamiques et des investissements privés vigoureux.
Un impératif : développer l'industrie manufacturière
Le plan stipule que l'expansion du secteur manufacturier à l’Île Maurice est essentielle pour résoudre ces trois défis interdépendants : l'absorption des technologies, la création d'emplois de qualité et l'augmentation de la productivité.
Le plan contient un large éventail de recommandations politiques dans six domaines : amélioration de l’écosystème industriel, mise à niveau des chaînes de valeur, augmentation de l'offre sur le marché intérieur, croissance des exportations régionales et mondiales, et absorption des technologies avancées.
Le ministre Bholah a déclaré que les politiques recommandées seraient mises en œuvre dans les années à venir afin d'assurer un changement de paradigme vers des taux de croissance économique élevés.
"Maintenant que les outils sont là et que les principes de bases pour les cinq prochaines années ont été posés, la mise en œuvre est le prochain défi à relever", a déclaré M. Kozul-Wright.