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Le forum mondial sur les produits de base étudiera comment mettre à profit les produits agricoles et les matières premières pour élever le niveau de vie


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2013/002
Le forum mondial sur les produits de base étudiera comment mettre à profit les produits agricoles et les matières premières pour élever le niveau de vie
Le boum récent des produits de base pose une énigme: même des prix plus élevés n’ont pas fait reculer la pauvreté dans certains pays en développement, contrairement aux attentes

Geneva, Suisse, 13 mars 2013
La réunion, qui se tiendra les 18 et 19 mars, verra intervenir des spécialistes, des responsables publics et des universitaires

Pendant plusieurs décennies, les produits de base agricoles et les matières premières industrielles, fondement de l’économie de nombreux pays pauvres, se sont vendus sur les marchés mondiaux à des prix faibles et instables. Ces maigres recettes, déploraient les spécialistes du développement et les responsables publics, empêchaient les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine de développer leurs économies et de réduire la pauvreté.

Or, depuis fin 2002, les prix des produits de base ont connu un boum sans précédent et de longue durée.  Bien qu’ayant contribué à un accroissement notable du produit intérieur brut (PIB) dans nombre de pays, en particulier en Asie, les retombées ont été moins significatives dans d’autres pays où elles n’ont pas permis les  progrès économiques  espérés, notamment la diversification économique. Dans les pays qui ont eu de moins bons résultats, le faible recul de la pauvreté a été une déception. 

Des spécialistes se réuniront les 18 et 19 mars lors du Forum mondial de 2013 de la CNUCED sur les produits de base pour étudier les causes, et débattre de la façon dont le boum des produits de base peut être utilisé pour obtenir de meilleures retombées pour les pauvres ainsi qu’une croissance plus durable et plus largement partagée pour les pays en développement.

Le Forum de cette année aura pour thème «Remobilisation en faveur du développement du secteur des produits de base en tant que moteur de la croissante économique et pour une réduction de la pauvreté».

Depuis la crise alimentaire de 2008, où les prix fortement augmenté, des produits de base alimentaires majeurs comme le blé, le maïs et le riz ont enregistré des hausses de prix supplémentaires significatives. Les prix du blé et du riz ont augmenté de 170 % entre 2000 et 2012, et celui du maïs de plus de 200 %. Les indices des prix des produits de base sont restés à des niveaux historiques en 2012, d’environ 2,4 fois supérieurs à leur moyenne pendant la période de 1960 à 2012. L’indice de prix des minéraux, minerais et métaux était environ trois fois supérieur au niveau moyen de 1960-2012, et les prix du pétrole brut et de l’or ont continué de battre des records en 2012, le pétrole brut atteignant 105 dollars le baril en moyenne, et l’or se vendant au prix moyen de 1 670 dollars l’once.
Les exportations mondiales de produits de base ont été multipliées par cinq entre 1995 et 2011, et la part du commerce mondial des produits de base dans le total des échanges internationaux de marchandises a atteint 33 % en 2011, contre 24 % en 1995.

Dans la mesure où les pays à revenu faible ont enregistré un taux de croissance moyen d’environ 5 % par an au cours de la période 2002-2012, le boum des produits de base depuis la fin de 2002 a certainement profité à ces pays. Il est permis de douter cependant de l’impact de ce boum sur le niveau de pauvreté. Parmi les pays en développement dits «tributaires des produits de base», le produit intérieur brut a triplé entre 2000 et 2011, et les niveaux de pauvreté ont chuté de 28 % de 2002 à 2008 − dernière année pour laquelle des chiffres fiables sont disponibles. Mais ces chiffres cachent les résultats moins encourageants de certains pays. Bon nombre de pays en développement tributaires des produits de base font aussi partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA); même pendant le boum économique mondial, le taux d’extrême pauvreté a seulement reculé dans les PMA de 58 % en 2002 à 53 % en 2007 − cela avant même les crises mondiales alimentaire et financière. La Banque mondiale a estimé depuis que la remontée récente des prix alimentaires, qui sont revenus en 2011 à des niveaux proches des sommets atteints en 2008, a entraîné 44 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté à travers le monde. L’ironie veut qu’un certain nombre de pays en développement tributaires des produits de base, notamment africains, soient importateurs nets de produits alimentaires. En outre, il apparaît que la croissance enregistrée par ces pays, dans une large mesure, n’a pas créé d’emplois.

L’envolée des prix ne semble pas non plus avoir permis une diversification économique significative dans ces pays. De 2002 à 2010, le nombre de pays en développement tributaires des produits de base est passé de 85 à 91. «Alors que nous cherchions des moyens pour les aider à devenir moins dépendants des produits de base, ils le sont devenus de plus en plus et leur nombre a augmenté.», déclarait le Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi, à la séance d’ouverture du Forum mondial de 2012 sur les produits de base.

D’après les spécialistes, un des enseignements du boum des produits de base est qu’il ne suffit pas d’avoir des prix élevés. Les gouvernements doivent conjuguer les recettes qu’ils tirent des produits de base avec des stratégies judicieuses et bien coordonnées pour diversifier la production de leur pays et faire passer celle-ci des produits de base agricoles et des matières premières à des produits finis qui se vendent à des prix plus élevés, et créer davantage d’emplois.  Ils estiment aussi  que les pays en développement et la communauté internationale doivent prêter davantage attention à l’agriculture, y compris par la recherche-développement, un secteur délaissée depuis s plusieurs années.  L’accent devrait t être mis sur les cultures et sur des méthodes accessibles aux petits exploitants. Il conviendrait en outre de relancer certaines initiatives de coopération, éventuellement sous l’impulsion des gouvernements, pour aider les petits exploitants à se regrouper pour acquérir les intrants et commercialiser leurs récoltes. Les réformes menées dans les années 1980 et 1990 sous couvert de la doctrine économique du laisser-faire de l’époque ont aboli bon nombre de programmes publics en faveur des agriculteurs. Contrairement aux prédictions, le libre jeu des mécanismes du marché n’a pas apporté de substitut plus efficace à ces institutions..

L’instabilité chronique des recettes provenant des produits de base ne permet pas une planification et une gestion à long terme  compatibles avec une croissance et un développement soutenus et une diminution de la pauvreté. Le secteur à forte intensité de technologie des industries extractives, en particulier, est peu capable de créer des emplois et de réduire la pauvreté. Face à ce problème, bon nombre d’entreprises énergétiques ont instauré des programmes sociaux et d’investissement local dans les régions où elles sont présentes.

L’engagement des entreprises en faveur d’une prospérité partagée et d’un développement durable pour les populations de pays en développement tributaires des produits de base est jugé important pour attirer les investissements et développer l’emploi, y compris en diversifiant celui-ci. Mettre en évidence des effets durables prend du temps: aussi ces entreprises soulignent-elles l’importance d’un équilibre entre des résultats modestes et tangibles à court terme et des effets positifs durables à long terme sur le niveau de vie.

On estime que l’industrie énergétique peut aider les pays hôtes à améliorer les effets d’entraînement entre l’extraction de matières premières et la mise en valeur de celles-ci au sein des chaînes d’approvisionnement nationales. Des mesures susceptibles de promouvoir les entrepreneurs locaux et les entreprises locales et de contribuer au transfert de compétences et de technologies sont à l’étude. Des entreprises comme Total, GDF Suez et Gas Natural Fenosa participent à ces initiatives.

Le Forum mondial sur les produits de base s’ouvrira le 18 mars avec des allocutions du Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi, du Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, et du Président du Conseil du commerce et du développement, Jüri Seilenthal (Estonie).

Les orateurs principaux à la séance d’ouverture seront:
• Michael Lipton, de l’Université du Sussex (Royaume-Uni): «Staples production; efficient “subsistence” smallholders are key to poverty reduction, development, and trade»;
• Ruth Rawling, Vice-Présidente, Affaires générales (Europe, Moyen-Orient et Afrique), Cargill: «Lessons from experience; unlocking farmers’ potential, enabling entrepreneurs»; et
• Dhano Sooko, Président de la Société agricole de la Trinité-et-Tobago: «The role of farmers’organizations in promoting commodity development and poverty reduction».

Les thèmes abordés au cours de la session dans le cadre des tables rondes et du débat général pendant ces deux journées seront:
• «Gestion des risques et résilience: méthodes et mécanismes qui permettraient aux pays en développement et aux petits producteurs de prospérer malgré l’instabilité des prix sur les marchés des produits de base»;
• «L’effort de rattrapage dans le secteur agricole: investir dans des infrastructures négligées et dans les services dans le secteur agricole; combler le vide laissé par l’élimination des institutions paraétatiques»;
• «Améliorer la transparence des marchés de produits de base et des chaînes de valeurs correspondantes»; et
• «Difficultés liées à la collecte, à l’analyse et à la diffusion de l’information commerciale et d’autres données sur les produits de base, et solutions possibles».

Les partenaires du Forum sont le Centre du gaz de la Commission économique pour l’Europe, Gasnat et AFREXIMBANK.

Pour le programme complet du Forum mondial sur les produits de base, voir http://unctad.org/meeting/global-commodities-forum-2013.