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À L’ère Du "Big Data", Les Autorités Chargées De La Concurrence Et De La Protection Des Consommateurs Doivent Renforcer Leur Main


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2016/038
À L’ère Du "Big Data", Les Autorités Chargées De La Concurrence Et De La Protection Des Consommateurs Doivent Renforcer Leur Main

Geneva, Suisse, 13 octobre 2016

​Uber, géant du covoiturage, mérite certainement sa réputation de « fauteur de troubles ». Il bouscule les marchés, contraint les organismes de réglementation à se démener pour rattraper leur retard et, en même temps, profite aux consommateurs. Partout dans le monde, les chauffeurs de taxi craignent de perdre leur clientèle, leurs droits du travail sont mis en cause . Pour leur part, les passagers demandent réparation en cas de problème.

Cependant, comme en témoigne une affaire en cours aux États-Unis, Uber fait également face à des accusations selon lesquelles, bien que ses tarifs semblent inférieurs à ceux des services de taxi traditionnels, ce sont des algorithmes qui les calculent de façon déloyale, en violation des règles de la concurrence.

Le cas d’Uber soulève une question plus large. Et si, au lieu de faire baisser les prix et d’améliorer la qualité, les modèles commerciaux fondés sur l’exploitation des données comportaient des éléments anticoncurrentiels préjudiciables aux consommateurs du monde entier ?

De fait, la numérisation de l’économie mondiale confère aux politiques jumelles de la concurrence et de la protection des consommateurs une urgence et une complexité sans précédent. La réunion d’experts d’une semaine, organisée par la CNUCED à Genève (Suisse) du 17 au 21 octobre, sera précisément consacrée à ces questions.

« Nous avons besoin de ce que les entreprises de technologie peuvent offrir − en particulier dans les pays en développement qui s’évertuent à atteindre les objectifs de développement durable », a dit la Chef du Service des politiques de concurrence et de la protection des consommateurs de la CNUCED, Mme Teresa Moreira.

« Mais ce changement ne prendra tout son effet que si les populations sont convaincues que leurs droits sont protégés et que les entreprises sont équitables. »

Le Professeur Ariel Ezrachi de l’Université d’Oxford, qui, en collaboration avec M. Maurice E. Stucke, étudie les défis de la numérisation dans un nouvel ouvrage, intitulé Virtual Competition (Concurrence virtuelle), participera aux réunions. Il présentera cet ouvrage le 19 octobre, dans le cadre de la septième réunion du Cadre de partenariat de la CNUCED pour la recherche.

Selon MM. Ezrachi et Stucke, « en surface, le monde virtuel − avec l’essor des sites Web de comparaison de prix, la tarification dynamique, les promotions en ligne et les applications pour smartphones − fait ce qui est attendu de lui : il fait baisser les prix, améliore la qualité, élargit la gamme des biens et services et accélère l’innovation ».

« Mais, derrière ce mirage se cache une machine de mieux en mieux rodée, qui est capable de défier les forces de la libre concurrence sur lesquelles nous reposons. »

Ils ajoutent que la « main invisible » avec laquelle les marchés créent des avantages sociaux est peu à peu remplacée par une « main numérique » susceptible d’être manipulée.

« Les autorités chargées de la concurrence devraient peut-être réévaluer et réinterpréter les outils juridiques dont elles disposent. »

« Il peut aussi être difficile de répondre à des questions fondamentales telles que : “Existe-t-il un risque de collusion entre ordinateurs” ? ou “Quelle liberté de choix le monde virtuel offre-t-il ?” »