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L’investissement étranger direct mondial baisse pour la troisième année consécutive


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2019/013
L’investissement étranger direct mondial baisse pour la troisième année consécutive
Cette contraction est largement due aux multinationales des États-Unis qui rapatrient leurs bénéfices de l’étranger

Geneva, Suisse, 12 juin 2019

Les flux mondiaux d’investissement étranger direct (IED) ont reculé de 13 % en 2018, tombant à 1 300 milliards de dollars, contre 1 500 milliards en 2017 − il s’agit là de la troisième baisse annuelle consécutive, selon le World Investment Report 2019 (Rapport sur l’investissement dans le monde) de la CNUCED.

Cette contraction s’explique largement par le fait que les entreprises multinationales des États-Unis ont rapatrié leurs profits de l’étranger afin de tirer parti des réformes fiscales que les autorités américaines avaient adoptées en 2017 précisément dans ce but.

Ce sont les pays développés qui ont été les plus touchés, puisque les entrées d’IED y ont diminué d’un quart pour s’établir à 557 milliards de dollars, retombant au niveau enregistré en 2004.

« L’IED reste bloqué aux faibles niveaux d’après-crise. Cela n’augure rien de bon quant à l’engagement pris par la communauté internationale de s’attaquer aux problèmes mondiaux qu’il est urgent de régler, comme la grande misère et la crise climatique », a affirmé le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.

« Les tensions géopolitiques et commerciales risquent de continuer de peser sur l’IED en 2019 et les années suivantes », a-t-il rappelé.

La baisse de l’IED due aux réformes fiscales que l’on a pu observer au cours des deux premiers trimestres a été atténuée par l’intensification des transactions au second semestre de 2018. La valeur des fusions-acquisitions internationales a augmenté de 18 %, car les entreprises multinationales des États-Unis ont utilisé les liquidités dont elles disposaient dans leurs filiales étrangères.

Les flux à destination des pays en développement ont bien résisté (+2 %) ; ils ont ainsi représenté plus de la moitié (54 %) des flux mondiaux, contre 46 % en 2017 et à peine plus d’un tiers avant la crise financière (fig. 1).

La moitié des 20 premiers pays d’accueil sont des pays en développement et des pays en transition (fig. 2).

Malgré la baisse de l’IED, les États-Unis sont restés les plus grands bénéficiaires de ces flux, suivis par la Chine, Hong Kong (Chine) et Singapour.

Le Japon s’est hissé au rang de premier investisseur extérieur, suivi par la Chine et la France. Ayant massivement rapatrié leurs revenus d’investissements, les États-Unis ne figurent pas dans la liste des 20 premiers investisseurs (fig. 3).

Une légère reprise devrait se profiler en 2019

En 2019, les flux d’IED vers les pays développés devraient repartir à la hausse lorsque les effets des réformes fiscales américaines se seront estompés.

Les annonces de projets d’investissement de création de capacités (qui sont un indicateur des dépenses prévues) laissent également entrevoir une hausse de l’IED, après avoir augmenté de 41 % en 2018 par rapport au faible niveau enregistré en 2017.

Il n’en reste pas moins que le taux tendanciel de croissance de l’IED est faible. Cette hausse pourrait donc s’avérer assez modeste et être contenue par d’autres facteurs, comme les risques géopolitiques, l’aggravation des tensions commerciales et l’adoption de politiques plus protectionnistes à l’échelle mondiale.

La croissance tendancielle de l’IED est anémique depuis 2008. Si l’on exclut les facteurs ponctuels tels que les réformes fiscales, les mégatransactions et les flux financiers volatils, l’IED n’a progressé en moyenne que de 1 % par an au cours de la dernière décennie, contre 8 % entre 2000 et 2007 et plus de 20 % avant 2000 (fig. 4).

« La tendance à la stagnation qui marque la décennie est due à une série de facteurs, dont la baisse des taux de rendement de l’IED, la multiplication des formes d’investissement qui nécessitent peu d’actifs et l’existence d’un cadre directif généralement moins propice à l’investissement », a indiqué le Directeur de la Division de l’investissement et des entreprises de la CNUCED, James Zhan.

« Toutefois, la tendance actuelle résulte davantage des politiques que du cycle économique », a-t-il souligné.

Le nombre d’entreprises multinationales publiques s’élève à près de 1 500 ; on en dénombre aujourd’hui 16 parmi les 100 premières entreprises multinationales mondiales, soit une de plus qu’en 2017.En 2018, la valeur des activités de fusion-acquisition de ces entreprises a baissé pour s’établir à 4 % du total des fusions-acquisitions après avoir diminué de manière progressive ; pendant la période 2008-2013, elle s’élevait en moyenne à plus de 10 %.

Une grande partie de l’augmentation continue de la production internationale est attribuable aux actifs incorporels.

Tendance à plus long terme

La tendance à plus long terme révèle aussi que l’IED progresse moins rapidement que les modes de production internationale sans participation au capital, comme en témoignent les taux de croissance relatifs des redevances, des droits de licence et du commerce des services.

Le classement des 100 premières entreprises multinationales pour 2018 met en lumière la baisse du nombre d’entreprises multinationales industrielles, dont certaines sont sorties de la liste.

Les entreprises multinationales qui occupent les 100 premiers rangs financent plus d’un tiers des activités de recherche-développement des entreprises au niveau mondial. Les investissements internationaux de création de capacités sont d’un montant considérable et en hausse.

De nouvelles données sur le réseau mondial des relations bilatérales directes et indirectes de l’IED indiquent que les centres régionaux d’investissement jouent un rôle important dans le commerce intrarégional.

Néanmoins, une grande partie des investissements entre pays en développement (IED Sud-Sud) est détenue par les entreprises multinationales des pays développés.

Figure 1 -Entrées d’investissement étranger direct, dans le monde et par groupe de pays, 2007-2018
(En milliards de dollars et en pourcentage)
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019

Figure 2 - Entrées d’investissement étranger direct, 20 premiers pays de destination en 2017 et 2018
(En milliards de dollars)
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019.


Figure 3 - Sorties d’investissement étranger direct, 20 premiers pays de départ en 2017 et 2018
(En milliards de dollars)
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019.
 
Figure 4 - Entrées d’IED et tendance de fond, 1990-2018
(Indexé, 2010 = 100)
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019.