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Pays en développement et fonds souverains prêts à créer des partenariats pour l’investissement durable


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2014/046
Pays en développement et fonds souverains prêts à créer des partenariats pour l’investissement durable

Geneva, Suisse, 21 octobre 2014

​Réunis le 15 octobre à Genève à l’occasion d’une table ronde sur les fonds souverains, tenue dans le cadre du Forum mondial sur l’investissement de la CNUCED, des responsables politiques et des dirigeants de plusieurs grands fonds souverains et fonds de pension publics ont étudié la possibilité pour ce type de fonds de contribuer au développement.

Les fonds souverains à travers le monde gèrent un encours de plus de 6 000 milliards de dollars, et les fonds de pension publics des actifs atteignent près de trois fois ce montant. Obéissant à une logique de long terme, ils ont la possibilité de réaliser des placements relativement peu liquides − dans les infrastructures et les équipements publics, par exemple − que de nombreux pays en développement souhaiteraient vivement attirer.

Or, actuellement, seule une petite partie de cet immense «réservoir» est consacrée aux investissements directs, et beaucoup de pays en développement, notamment d’Afrique, sont encore largement absents des portefeuilles détenus par ces fonds.

Les représentants des fonds souverains et des fonds de pension publics présents à la réunion ont dit voir un immense potentiel d’investissement à long terme dans des domaines essentiels pour le développement durable, qui allaient du secteur des infrastructures à celui de l’agriculture, en passant par l’énergie, l’eau potable et l’assainissement. Les pays d’accueil ont indiqué qu’ils seraient très favorables à de telles initiatives.

«Nous souhaitons attirer les investissements dans de nombreux secteurs, notamment dans ceux qui sont les plus utiles au développement durable, et ce de la part de tous les investisseurs, y compris des investisseurs souverains», a indiqué Anthony Hylton, Ministre de l’industrie de la Jamaïque.

Les dirigeants de fonds souverains de l’Afrique du Sud, de l’Arabie saoudite et de la Chine, ainsi que de fonds de pension publics du Danemark et de la Norvège ont dit qu’en matière d’investissements à long terme leurs préférences concordaient avec les objectifs des projets axés sur le développement et que, du reste, ils investissaient de plus en plus dans les infrastructures et l’agriculture.

Ils ont ajouté que les investissements dans des secteurs où les rendements n’apparaissaient pas toujours clairement aux investisseurs privés, tels que l’éducation et la santé, seraient mieux gérés par des fonds distincts. Cette séparation permettrait aussi de ne pas confondre les mandats et de tenir compte du fait que la gestion de ce type de fonds exige des effectifs et des compétences tout autres.

«La Norvège a créé un véhicule spécial pour investir dans les projets de développement», a dit Martin Skancke, Président du Conseil consultatif des Principes pour un investissement responsable et ancien Directeur du fonds souverain norvégien. «Il faut des effectifs beaucoup plus nombreux et des compétences très différentes de ceux requis pour la gestion du fonds souverain. Si nous appliquions au fonds souverain le même ratio nombre d’employés/dollar investi, il nous faudrait 25 000 gestionnaires.»

Parmi les principaux obstacles à l’investissement dans les grands secteurs du développement durable, les dirigeants de fonds souverains ont relevé notamment:

• Les barrières à l’entrée dans certains secteurs socialement ou politiquement sensibles, telle l’agriculture;
• L’instabilité et l’imprévisibilité de l’environnement économique dans certains pays en développement;
• Les lacunes en ce qui concerne la préparation des projets d’investissement et les renseignements fournis sur ces projets aux investisseurs potentiels.

«L’état de préparation d’un projet est très important si l’on veut pouvoir rivaliser avec d’autres projets d’investissement plus faciles à réaliser, qui sont proposés aux gros investisseurs», a fait remarquer Mohamed Hedi Mejai de la Banque islamique de développement.

De plus, les fonds souverains et les fonds de pension publics sont encore largement des investisseurs de portefeuille, qui ne disposent que de capacités limités à consacrer à l’investissement direct, en particulier dans les pays en développement. C’est surtout le cas des fonds souverains faiblement capitalisés ou nouvellement établis.

Les dirigeants du fonds souverain angolais ont expliqué qu’ils avaient pour mandat de consacrer 7,5 % des actifs du fonds au développement social et que des fonds spéciaux avaient été créés pour l’investissement dans les infrastructures et l’agriculture, ajoutant que le manque d’expérience et de capacités posaient problème.

Pour rapprocher les pays en développement et leurs besoins de financement des fonds souverains et de leurs capacités d’investissement à long terme, les responsables politiques et les représentants des différents fonds ont insisté sur l’importance des partenariats innovants.

Ce type de collaboration pourrait être un bon moyen pour identifier et mettre sur pied des projets susceptibles d’intéresser les investisseurs et pour mobiliser davantage de ressources en faveur des projets propices au développement réalisés dans le cadre de partenariats public-privé. Les partenariats établis entre des fonds d’Afrique et d’Amérique latine de création récente et des fonds de création plus ancienne, qui réuniraient moyens de financement et compétences locales, pourraient aussi être une solution pour augmenter les investissements consacrés à la réalisation des objectifs de développement durable.

Il est important aussi que les gouvernements des pays d’accueil permettent aux investisseurs d’avoir une représentation locale.

«Disposer d’équipes sur le terrain peut vraiment faciliter l’investissement dans la mesure où elles contribuent à identifier les possibilités et favorisent la gestion directe», a dit Javier Santiso de l’ESADE (École supérieure d’administration et de direction d’entreprises).