L'eWeek de la CNUCED renouvelle son appel mondial à utiliser l'intelligence artificielle de manière à ce qu'elle unisse plutôt qu'elle ne divise, contribuant ainsi à créer un avenir numérique inclusif et centré sur l'humain.

L'intelligence artificielle, ou IA, a pris le monde d'assaut, apportant à la fois d'immenses opportunités et de profonds défis pour nos économies et nos sociétés.

Son rôle de plus en plus vital dans l'économie numérique révolutionne des domaines allant de l'analyse des données à la personnalisation des produits et des services, mais soulève également des questions cruciales sur la vie privée, la sécurité des données et l'utilisation éthique de la technologie.

Le monde ne peut pas se permettre de laisser l'IA sans contrôle, ont déclaré les experts de la CNUCED à l'occasion de l'eWeek 2023.

« Il est essentiel que notre approche du développement de l'IA s'aligne sur les objectifs de développement durable, en s'attaquant efficacement à ses risques potentiels, en créant un avenir numérique ouvert, libre, sûr et centré sur les besoins humains », a déclaré la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, lors de l'ouverture d'une session de haut niveau sur le sujet, le 6 juin.

Des diplomates, des leaders d'opinion et des dirigeants d'organisations internationales se sont joints à elle pour examiner comment l'interaction entre l'IA et l'économie numérique pourrait évoluer, en particulier pour les pays en développement, et comment faire en sorte que les avantages profitent

Risque d’esclavagisme des données

Les progrès rapides de l'IA dépassent les cadres de gouvernance actuels, et les experts de l’eWeek ont fait part de leurs inquiétudes quant aux risques associés à ce fossé grandissant.

Une mauvaise utilisation et des applications nuisibles de l'IA pourraient déstabiliser les marchés, accélérer la diffusion d'informations erronées et aggraver les conflits.

Un risque particulièrement alarmant a été identifié : "l'esclavagisme des données", un scénario dans lequel un système d'IA centralisé pourrait monopoliser et contrôler l'accès aux connaissances historiques et nouvelles.

Des marchés aux puces aux favelas

Le rapport 2023 sur la technologie et l'innovation de la CNUCED révèle que les leaders de l'IA, tels que la Chine, le Royaume-Uni et les États-Unis, possèdent près de la moitié de toutes les publications et de tous les brevets liés à l'IA. Cette domination laisse de nombreuses nations, en particulier les pays les moins avancés, à la traîne et souvent reléguées au rôle de simples fournisseurs de données.

De même, une poignée de géants mondiaux de la technologie contrôlent la plupart des flux de données et de revenus des services numériques, ce qui centralise encore davantage l'orientation et les avantages de l'IA et aggrave les fractures technologiques existantes fondées sur la géographie, le sexe, le revenu et l'âge.

Les experts présents à l'eWeek 2023 ont souligné l'importance de démocratiser l'IA afin d'en étendre les bénéfices au-delà des grands centres technologiques, aux quatre coins du monde, des marchés aux puces aux favelas.

Une coopération mondiale est essentielle

La CNUCED plaide pour un avenir de l'IA axé sur l'autonomisation de tous les individus et de toutes les sociétés grâce à son développement et à son utilisation responsables et éthiques.

Pour y parvenir, il faut une coopération numérique inclusive visant à réduire les disparités en matière d'accès au numérique, de disponibilité des données et d'innovation, tout en veillant à ce que les progrès de l'IA soient conformes aux valeurs universelles et aux droits de l'homme.

Compte tenu de la nature transfrontalière de l'innovation et de l'impact de l'IA, la formulation de politiques et de cadres de gouvernance efficaces nécessite une approche harmonisée et multilatérale. Les experts ont souligné l'importance d'assurer la participation d'un large éventail de pays, en particulier ceux du monde en développement.

L'orientation de l'IA dans la bonne direction dépendra également de la collaboration multipartite entre les gouvernements, les universités, le secteur privé, la société civile et d'autres acteurs clés. En travaillant ensemble, ils peuvent mieux anticiper et atténuer les risques, en aidant à trouver le bon équilibre entre l'établissement de lignes directrices éthiques et l'encouragement de la créativité et de l'innovation.

Les réflexions issues de l’eWeek contribueront aux efforts plus larges menés par l'organe consultatif sur l'IA du Secrétaire général des Nations Unies, chargé d'analyser et de formuler des recommandations sur le développement et l'utilisation éthiques de l'IA.