L'aide aux objectifs de genre est passée de 26 à 52 milliards de dollars en dix ans, principalement par le biais de prêts et de projets où l'égalité était un objectif important, mais pas primordial.

L'aide publique au développement (APD) annuelle dédiée au genre et destinée aux pays en développement a doublé au cours de la dernière décennie, atteignant près de 52 milliards de dollars en 2022. La croissance de 1 % enregistrée cette année-là se démarque d'une diminution globale de 2 % de l'aide à ces pays.

Malgré ces progrès, l'égalité des sexes au niveau mondial reste un objectif lointain, qui ne sera atteint que dans 300 ans environ au rythme actuel. À mi-chemin de l'échéance de 2030, seuls deux des 14 indicateurs de l'objectif de développement durable (ODD) relatif à l'égalité des sexes (ODD 5) sont en bonne voie. Des efforts plus audacieux et plus ciblés sont nécessaires.

La CNUCED estime que 360 milliards de dollars supplémentaires par an sont nécessaires, soit l'équivalent de la taille d'économies comme celles de la Colombie et de Hong Kong (Chine). Si l'aide ne peut à elle seule permettre de combler ce fossé, elle reste une source cruciale de financement pour les pays en développement.

Les prêts voient leur part augmenter dans l'aide dédiée au genre, mais les subventions restent dominantes

ONU commerce et développement souligne une évolution notable vers les prêts. En 2012, ils ne représentaient que 5,4 % de cette aide. En 2022, cette part était multipliée par près de 6 pour atteindre 30,1 %. Si les subventions restent la forme principale (près de 70 %), le recours croissant aux prêts soulève des préoccupations financières dans les pays en développement déjà surchargés par la dette.

L'utilisation de prêts pour l'aide dédiée au genre doit être gérée avec soin afin d'éviter d'exacerber les pressions financières sur les pays bénéficiaires, car les coûts liés à la hausse des taux d'intérêt pèsent déjà sur les budgets gouvernementaux. En 2023, un nombre record de 54 pays en développement ont consacré au moins 10 % de leurs revenus au paiement des intérêts de la dette.

La plupart des secteurs ont reçu une aide sous forme de subventions et de prêts. Toutefois, le transport et le stockage ont été principalement financés par des prêts, tandis que les politiques démographiques, la santé génésique, la paix et la sécurité n'ont bénéficié que de subventions, qui sont essentielles attribuées aux secteurs qui ne produisent pas de bénéfices économiques à court terme.

Seule une fraction de l'aide dédiée au genre se concentre sur l'égalité

En 2022, 90 % de l'aide liée au genre est allée à des projets où l'égalité entre les femmes et les hommes était un objectif important, mais pas le principal. Seule une petite partie de l'aide avait pour objectif principal l'égalité des genres.

Entre 2012 et 2022, l'aide dédiée au genre ayant un objectif principal autre que l'égalité des sexes a plus que doublé, passant de 22 à 46 milliards de dollars. Dans le même temps, l'aide dont l'objectif principal était l'égalité des sexes a augmenté plus lentement, de 34 %, passant de 3,8 milliards de dollars à 5,1 milliards de dollars.

Changements sectoriels de l'aide dédiée au genre

ONU commerce et développement met également en évidence des changements significatifs dans l'orientation sectorielle de l'aide liée à la parité. En 2012, l'éducation recevait la part la plus importante, soit 37 %. En 2022, cependant, d'autres secteurs l'avaient dépassée.

Les secteurs des transports, du stockage et des communications ont connu l'augmentation la plus importante, leur part d'APD dédiée au genre passant de 5 % à 39 %. À l'inverse, les secteurs de la santé et de l'aide aux produits de base, y compris l'aide alimentaire, ont vu l'importance accordée à l'égalité entre les hommes et les femmes diminuer au cours de la dernière décennie.

Ces changements soulignent la nécessité d'une aide équilibrée pour atteindre les objectifs en matière d'égalité des sexes. Une plus grande attention portée à des secteurs tels que les transports, l'agriculture et le développement rural peut permettre d’améliorer l'accès des femmes aux opportunités, mais une diminution de l'attention portée à la santé pourrait compromettre les progrès réalisés en matière de bien-être.

Le financement de l'égalité des sexes est essentiel pour parvenir au monde inclusif envisagé dans les objectifs de développement durable. En l'absence d'efforts plus importants et plus ciblés, les progrès s'arrêteront, les disparités entre les sexes ne seront pas résolues et le développement mondial s'en trouvera entravé.