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Aider les commerçantes transfrontalières à surmonter la crise de la covid-19

09 mars 2021

La CNUCED offre aux commerçantes des zones frontalières du Malawi, de la Tanzanie et de la Zambie les informations et les compétences entrepreneuriales dont elles ont besoin pour survivre et se remettre de la crise.

© Richard

Charity Chimphamba, petite commerçante du Malawi, avait une entreprise florissante avant que la COVID-19 ne frappe.

Elle traversait régulièrement la frontière entre le Malawi et la Tanzanie pour importer des vêtements, des chaussures, des couvertures, des sacs et des ustensiles de cuisine, qu'elle revendait ensuite dans sa boutique de Koronga, à 45 kilomètres de là.

La pandémie l’en a empêchée du jour au lendemain. "Par crainte de la COVID-19, j'ai décidé de faire appel à des sociétés d'importation pour m’approvisionner en marchandises", a déclaré Mme Chimphamba.

Les restrictions de mouvement dues à la pandémie et les attestations COVID-19 rendues obligatoires, lesquelles coûtent 50 dollars et ne sont valables que 72 heures, ont également soulevé des problèmes.

Coup dur pour son entreprise

Dans le sillage de la COVID-19, les revenus de Mme Chimphamba ont chuté de 60 %, principalement en raison de la hausse des prix des marchandises achetées via des sociétés de transit et des prix des produits approvisionnés localement.

De plus, elle a vu ses ventes chuter, certains clients craignant que les produits importés ne soient infectés par la COVID-19, et beaucoup d’autres ne pouvant plus se permettre ces dépenses.

Pour faire face à la perte de revenus, Mme Chimphamba s’est convertie à l’agriculture vivrière pour nourrir sa famille et a puisé dans ses économies pour répondre à ses autres besoins.

Minimiser l'impact de la pandémie

Charity Chimphamba in her store

Charity Chimphamba dans sa boutique de Koronga, Malawi.

 

Mme Chimphamba fait partie des 131 petits commerçants transfrontaliers, dont 120 femmes, qui ont suivi les ateliers de formation de la CNUCED organisés dans les villes frontalières du Malawi, de la Tanzanie et de la Zambie en février.

Ces ateliers étaient organisés dans le cadre d'un projet multi-agences. Ils ont permis aux commerçants de se former aux règles commerciales et aux procédures douanières afin qu’ils puissent travailler malgré la pandémie.

Le projet vise à renforcer la résilience des micro, petites et moyennes entreprises dans les pays en développement et les économies en transition, tout en améliorant leur capacité à atténuer les impacts économiques et sociaux de la pandémie.

Animé par un responsable de la santé aux frontières, chaque atelier comprenait une session sur les mesures mises en place pour contenir la COVID-19 lors des échanges transfrontaliers.

Ces sessions ont permis aux commerçants de mieux comprendre les mesures sanitaires imposées par leur propre pays et par le pays d'approvisionnement.

"En l'absence d'autres formations sur la COVID-19 dans notre pays, ces ateliers représentent souvent la première occasion pour les commerçants de connaître les mesures préventives et les procédures sanitaires", a déclaré Benedict Lema, un formateur de la CNUCED en Tanzanie.

La CNUCED a entamé cette série d’ateliers il y a un an, améliorant considérablement la sensibilisation des commerçants transfrontaliers aux procédures commerciales officielles.

"De nombreux commerçants ayant participé à ces ateliers connaissent maintenant les procédures à suivre avant de traverser la frontière", a déclaré Precious Nachona, responsable du bureau d'information commerciale à Nakonde, en Zambie. "Cela les aidera à passer du commerce transfrontalier informel au commerce transfrontalier formel".

Comprendre les procédures aux frontières, un enjeu crucial

Les ateliers frontaliers de la CNUCED comprennent une journée de formation sur les règles commerciales, les droits et les obligations des commerçants, combinée avec cinq jours de renforcement des compétences entrepreneuriales sur la base de la méthodologie Empretec.

Empretec est le programme phare de la CNUCED en matière de renforcement des capacités, conçu pour libérer le potentiel entrepreneurial des personnes.

Au cours de cette session, les ateliers sur les règles du commerce transfrontalier et les droits et obligations des commerçants ont ouvert les yeux à de nombreuses femmes commerçantes qui restaient cantonnées au commerce informel.

Cette voie informelle peut les exposer à des risques sanitaires, à la violence, au harcèlement, aux pots-de-vin, à des amendes élevées et à la confiscation de leurs marchandises si elles sont contrôlées par les autorités frontalières.

"Nous avons recensé plus de 200 points d'entrée non autorisés le long de notre frontière, utilisés par les commerçants pour contourner les passages officiels", a déclaré Ernest Daudi, un agent de l'immigration à Tunduma, en Tanzanie.

La formation sur les procédures frontalières, les régimes commerciaux simplifiés et les règles d'origine aide les commerçants du secteur informel à considérer leur commerce via les points de passage officiels comme une option viable, dissipant ainsi leurs inquiétudes quant aux relations avec les autorités frontalières.

"La formation a dissipé mes réticences à franchir la frontière par les passages officiels. La connaissance de mes droits en tant que commerçante m'aidera à dynamiser mon entreprise et à la régulariser", a déclaré Tiyanjane Malunga, une autre commerçante du Malawi.

COVID-19 : mise à l’épreuve des compétences entrepreneuriales

La première vague de la pandémie et les fermetures aux frontières qui en ont découlé ont mis le commerce transfrontalier en veilleuse. Les commerçantes ont utilisé leurs fonds commerciaux pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Aujourd'hui, nombre d'entre eux manquent de liquidités pour stocker des marchandises et cherchent d'autres opportunités commerciales avec un capital de départ plus faible.

"La plupart d'entre nous avons réduit nos dépenses, et certains ont complètement fermé leur entreprise après avoir épuisé tout leur capital pour répondre aux besoins de leur famille", a déclaré Mme Chimphamba.

Les ateliers de la CNUCED ont renforcé les capacités entrepreneuriales des commerçants, les aidant à identifier et à saisir les opportunités de croissance dans un environnement commercial difficile, créé par la pandémie.

À la suite de sa formation, Mme Chimphamba a révisé ses ambitions à la hausse. "À l'avenir, j'aimerais commander en ligne des marchandises auprès de fournisseurs tanzaniens et diversifier mes activités commerciales vers l'agriculture", a-t-elle déclaré.

La CNUCED s'est engagée à aider les commerçantes à survivre à la pandémie et à leur donner les moyens de réaliser leurs rêves. "Les petites commerçantes transfrontalières ont plus que jamais besoin d'aide", a déclaré Simonetta Zarrilli, qui dirige le programme de la CNUCED sur le commerce et la parité.

Et d’ajouter : "Les mesures et les restrictions liées à la COVID-19 posent un défi, mais les commerçantes ont prouvé leur endurance, surmontant les obstacles pour assurer le bien-être de leurs familles”.

Mme Zarrilli a estimé qu'un soutien accru peut propulser les commerçantes vers des activités micro-entrepreneuriales dynamiques, avec un potentiel important pour contribuer à la réduction de la pauvreté, renforcer à la sécurité alimentaire et favoriser une reprise plus forte après la pandémie.