MACHINE NAME = WEB 1

Comment le Traité continental peut favoriser le commerce durable de la biodiversité africaine

19 août 2021

Une nouvelle étude montre comment transformer l'Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine en un instrument de promotion du commerce durable de la biodiversité, moteur essentiel d'une reprise respectueuse de l'environnement après la pandémie de coronavirus.

Un agriculteur africain examine une fève de cacao dans sa plantation. © matteoguedia

L'Afrique dispose d’une des plus riches biodiversités de la planète. Pourtant, jusque -là les négociations qui se déroulent dans le cadre de l'accord historique sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) font à peine référence à l'environnement.

Il s'agit là d'une occasion manquée de parvenir à un développement durable grâce à l'intégration commerciale en Afrique, tel que prévu par l’Agenda 2063 pour l’Afrique. C’est ce que souligne une nouvelle étude de la CNUCED intitulée "Implications of the African Continental Free Trade Area for Trade and Biodiversity : Policy and Regulatory Recommendations".

L'étude, élaborée en partenariat avec l'Initiative ABS, porte sur le lien entre le commerce et la biodiversité et les engagements des parties prenantes à l’accord ZLECA.

Elle recommande des moyens de transformer l'Accord en un catalyseur du commerce durable de la biodiversité et en un moteur essentiel du redressement et du développement de l'Afrique après la pandémie de COVID-19.

"L’Initiative BioTrade pourrait jouer un rôle central dans l'établissement d'une voie de développement vert pour les pays africains et ainsi assurer une reprise respectueuse de l'environnement après la pandémie de COVID-19", a déclaré David Vivas, juriste de la CNUCED travaillant sur les questions de commerce et d'environnement, y compris sur l'initiative BioTrade.

BioTrade englobe les activités liées à la collecte, à la production, à la transformation et au commerce de biens et de services issus de la biodiversité qui respectent des critères de durabilité environnementale, sociale et économique, connus sous le nom de Critères et Principes BioTrade.

Intégrer le commerce et la biodiversité dans l’Accord ZLECA

L'étude identifie des points d'inclusion potentielle de considérations environnementales dans le texte juridique de l’Accord actuellement en cours de négociation. Elle met en évidence les incitations économiques positives pour le commerce durable des produits de la biodiversité afin de contribuer aux objectifs environnementaux tels que la conservation des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique.

Le commerce des produits issus de la biodiversité constitue une part importante des exportations des pays africains. En 2017, près de 78 milliards de dollars de produits d'origine biologique ont été exportés par les membres de l'Union africaine, soit 3,5 % de leur PIB combiné. Le capital naturel représente entre 30 et 50 % de la richesse totale de la plupart des pays africains.

En outre, l'Afrique abrite huit des 36 points chauds de la biodiversité mondiale - des régions biogéographiques présentant des niveaux importants de biodiversité - et près d'un cinquième de toutes les espèces de mammifères, d'oiseaux et de plantes y vivraient.

L'avantage comparatif dont disposent de nombreux pays africains en matière de ressources biologiques et de produits dérivés représente une opportunité économique énorme, a déclaré M. Vivas.

Cela est particulièrement vrai dans le contexte de la reprise après la pandémie de COVID-19.

"Alors que les pays progressent dans les négociations de l'Accord ZLECA, les prochaines étapes doivent se concentrer sur ces opportunités, y compris sur la nature et les solutions basées sur la biodiversité comme BioTrade", a déclaré M. Vivas.

Il a ajouté que d'autres questions importantes à aborder comprennent "la coopération en matière de conservation et d'utilisation durable du commerce des espèces sauvages, l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à celui-ci, ainsi que les options permettant de saisir le potentiel économique des océans dans les pays africains côtiers et insulaires."

Un nouveau protocole pour le commerce et la biodiversité

Outre les considérations relatives au développement durable, l'étude préconise également l'inclusion dans l'Accord ZLECA d'un protocole supplémentaire liant le commerce aux considérations environnementales – dans un chapitre autonome.

Elle indique que l'accord pourrait s'appuyer sur des cadres juridiques existants tels que la Convention africaine sur la nature ou les lignes directrices pour l’Afrique de la mise en œuvre coordonnée du protocole de Nagoya et, éventuellement, sur des aspects pertinents de l'accord de Paris.

"Un instrument de ce type pourrait jouer un rôle important pour aborder et permettre le commerce des ressources biologiques et génétiques, entre autres choses", a déclaré Frédéric Perron-Welch, consultant de la CNUCED et auteur de l'étude.

"Le lien étroit qui existe entre le commerce et l'environnement, tel qu'illustré par BioTrade, devrait également être intégré dans les instruments existants ainsi que dans ceux qui sont encore en cours de négociation", a ajouté M. Perron-Welch.

Un moteur potentiel de la croissance durable en Afrique

La ZLECA couvre la plus grande zone commerciale régionale au monde et comprend le plus grand nombre de pays participants depuis la création de l'Organisation mondiale du commerce. Fondée en 2018 par les membres de l'Union africaine, elle représente un marché de 1,2 milliard de personnes et un PIB de 2 500 milliards de dollars.

Les deuxième et troisième phases de négociations sont actuellement en cours et devraient être conclues d'ici fin 2021. Elles comprennent des protocoles supplémentaires sur des sujets tels que les droits de propriété intellectuelle, l'investissement, les politiques de concurrence et le commerce électronique.

Malgré les négociations en cours, le commerce entre les membres de la ZLECA a débuté le 1er janvier 2021. La Commission économique des Nations unies pour l'Afrique estime que l’Accord ZLECA a le potentiel de stimuler le commerce intra-africain de 52,3 % en éliminant les droits d'importation, et que ce commerce pourrait doubler si les barrières non tarifaires étaient abaissées.