Voici pourquoi l'ONU va consacrer une année entière à l'économie créative et à son rôle dans la promotion du développement durable, en particulier dans ce monde post-coronavirus.
Après douze mois de confinement pour lutter contre la pandémie, il ne pouvait y avoir de meilleur moment pour découvrir l'économie créative. C'est pourquoi les Nations unies déclarent l’année 2021, Année internationale de l'économie créative pour le développement durable.
Alors que la pandémie de coronavirus mettait sous cloche les espaces de la vie de tous les jours, de nombreuses personnes se sont lancées dans l'artisanat, ont lu, dévoré de nombreuses series et films. D’autres ont écoutés des concerts en ligne ou ont déniché des vêtements dernier cri grâce au e-commerce. Ils ont ainsi contribué à soutenir l'économie créative, qui devrait connaître son apogée en 2021.
En novembre 2020, les Nations unies adopte la résolution A/RES/74/198, déclarant 2021 "Année internationale de l'économie créative au service du développement durable". Présentée par l'Indonésie et soutenue par 81 pays, elle consacre l’intérêt retentissant pour une partie de l'économie mondiale souvent mésestimée et sous-évaluée.
Une résolution opportune
La Secrétaire générale adjointe de la CNUCED, Isabelle Durant, estimant cette résolution opportune a déclaré: "Les industries de la création sont essentielle à l'Agenda pour le développement durable. Elles stimulent l'innovation et favorise la diversification économique. Elles sont un moteur important de développement du florissant secteur des services, aiguise l'esprit d'entreprise et contribuent à la diversité culturelle".
Les industries créatives et culturelles jouent un rôle central dans la transformation numérique à l’œuvre à l'échelle mondiale, et plus encore depuis que la COVID-19 a de manière inédite propulsé un grand nombre de personnes sur les réseaux Internet.
"Lorsque la résolution a été négociée puis approuvée, personne n’avait prévu ce qui allait se passer l'année suivante : l’émergence d’une pandémie disruptive", a déclaré Marisa Henderson, responsable du programme de la CNUCED pour l'économie de la création.
"Mais plus que jamais, nous avons besoin de créativité, d'innovation et de solutions aux problèmes auxquels le monde fait face quotidiennement et pour sortir des plaies que sont les inégalités et la vulnérabilité des populations. Les industries créatives, moteurs de l'économie créative, sont bien placées pour nous y aider".
Cette résolution reconnaît que l'économie créative peut aider les pays en développement et les économies en transition à diversifier leur production et leurs exportations, tout en permettant un développement durable qui soit inclusif et équitable.
Les industries créatives touchées de plein fouet par la pandémie
La COVID-19 a durement frappé les industries créatives, qui emploient plus de 30 millions de personnes dans le monde, principalement des jeunes. En 2020, on estime que l'annulation des seules représentations publiques a coûté globalement aux auteurs environ 30 % de leurs droits d’auteurs , et que l'industrie cinématographique mondiales a enregistré une perte de 7 milliards de dollars de revenus.
La CNUCED travaille sur le commerce des biens et services créatifs depuis près de 20 ans, période au cours de laquelle le taux de croissance des exportations de l'économie créative a souvent dépassé celui des autres secteurs économiques.
"Aucune estimation n'est encore disponible pour l’ensemble de l'économie créative en 2020 mais, en raison de la pandémie de la COVID-19, l’optimisme n’est pas de mise", a déclaré Mme Henderson.
"D'où l’urgence de promouvoir et de protéger les industries créatives, en particulier au cours des dix années qu’il nous reste pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD)", a-t-elle ajouté.
"Sans elles, les objectifs de développement économique, d'autonomisation des femmes, de culture et de réduction de la pauvreté dans le cadre des ODD ont peu de chances d'être atteints".
Qu'est-ce que l'économie créative ?
L'économie créative n'est ni inconnue, ni nouvelle. Quand vous écoutez vos émissions en ligne ou achetez vos journaux dans un kiosque, quand vous souscrivez à un service de streaming musical ou quand vous allez au cinéma du coin, quand vous achetez vos vêtements ou vos meubles en ligne et dans un centre commercial, quand vous achetez des livres ou écoutez de la musique en allant travailler, chaque fois vous consommez un produit ou un service créatif.
Les gens inventent et réalisent leurs projets créatifs, puis les produisent ou les publient. Idéalement, ils sont payés pour cela. Ce processus n'est pas vraiment différent des autres processus de production, si ce n'est que l'essentiel de la matière première relève de la propriété intellectuelle (PI) originale qui est protégée par des droits d'auteur.
L'économie créative couvre les activités économiques basées sur la connaissance. Ces industries comprennent la publicité, l'architecture, les arts et l'artisanat, le design, la mode, le cinéma, la vidéo, la photographie, la musique, les arts du spectacle, l'édition, la recherche et le développement, les logiciels, les jeux informatiques, l'édition électronique, télévision et radio.
L'âge d'or
L'économie créative représente environ 3 % du PIB mondial, selon une étude réalisée en 2015 par la société de services professionnels EY. Mais sa valeur est sans doute bien supérieure lorsqu’on ajoute à ses revenus commerciaux sa valeur culturelle.
En Indonésie, pays sponsor de la résolution à l'Assemblée générale des Nations unies, l'économie créative contribue à hauteur de 7,4 % au PIB du pays. Elle emploie 14,3 % de sa main-d'œuvre dans les secteurs allant de l'artisanat au jeu, de la mode au mobilier. Et le potentiel encore inexploité est énorme.
Au Royaume-Uni, les industries créatives ont atteint un montant record en 2017, soit 101,5 milliards de livres sterling. Ces industries ont connu une croissance près de deux fois supérieure à celle de l'économie depuis 2010.
Il s’agit d’illustrations monétaires d'un impact plus large, car l'économie créative est un puissant secteur économique, dont l’émergence est accélérée par la numérisation de l’économie et l'essor des services.
Selon les experts, sa contribution devrait augmenter et si les tendances observées se confirment, nous pourrions vivre dans un monde beaucoup plus créatif à l'avenir.
Impact de la résolution et principales activités
La CNUCED est chargée de mettre en œuvre la résolution par l’organisation de célébrations et d’autres événements tout au long de l’année 2021, aux côtés de l'UNESCO, de l'OMPI, de l'ONUDI, de l'OMC et d'autres organisations internationales de premier rang.
Elle travaille en étroite collaboration avec l'Indonésie, les Emirats arabes unis et Oman, qui ont programmé des événements d’ampleur tout au long de l'année, dont le point culminant sera un sommet organisé en Indonésie en décembre 2021.
Au cours de cette année, pays et organisations travailleront ensemble pour améliorer la collecte de données afin de mieux mesurer l'économie créative.
"Des données à jour, fiables et comparables sur la contribution de l'économie créative nous aideront à mieux comprendre ses impacts socio-économiques à tous les niveaux – qu’ils soient mondial, régional ou national", a déclaré Mme Henderson.
Cette année, la CNUCED travaillera avec des experts de pays en développement et de pays développés pour améliorer la collecte de données sur les biens et services créatifs.
Le programme complet des activités est disponible ici.