À un moment charnière sur la scène mondiale, le message de la Secrétaire général Rebaca Grynspan aux dirigeants mondiaux : réduire le coût de la dette, renforcer la résilience du commerce, débloquer les investissements et tirer parti de la transformation numérique.
© UN Photo/Loey Felipe | La 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies a pour thème « Mieux ensemble ».
La hausse des droits de douane, le coût record de la dette et des indicateurs économiques obsolètes menacent le développement mondial.
La cheffe de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a exhorté les dirigeants à « rendre visible l'invisible » et à rétablir la confiance.
L'attention se tourne désormais vers la CNUCED16, qui se tiendra du 20 au 23 octobre à Genève.
ONU commerce et développement (CNUCED) a averti cette semaine que l'économie mondiale se trouvait à un tournant, car la hausse des droits de douane, les coûts d'endettement records et la méfiance croissante freinent le développement.
S'exprimant lors de la semaine de haut niveau de la 80e session de l'Assemblée générale de L’ONU (AGNU80), la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan, a déclaré que l'économie mondiale était « en train d'être remodelée sous la pression », les pays les plus pauvres supportant les coûts les plus lourds.
Les droits de douane appliqués par les grandes économies, dont les États-Unis, ont bondi cette année, passant d'une moyenne de 2,8 % à plus de 20 %. « L'incertitude est le droit de douane le plus élevé qui soit », a déclaré Mme Grynspan. « Elle décourage les investissements, ralentit la croissance et rend le commerce, voie vers le développement, beaucoup plus difficile. »
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La dette : des chiffres aux personnes
La dette a également été un thème récurrent lors de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies. Les pays en développement ont versé un montant record de 921 milliards de dollars en intérêts en 2024, et 3,4 milliards de personnes vivent aujourd'hui dans des pays qui consacrent davantage de ressources au service de la dette qu'à la santé ou à l'éducation.
« Il ne s'agit pas d'une crise de la dette, mais d'une crise du développement », a déclaré Mme Grynspan aux délégués. « Ce ne sont pas les marchés qui sont en crise, mais les populations. »
Plus de 50 économies en développement consacrent au moins 10 % de leurs recettes fiscales au paiement des intérêts, ce qui laisse peu de moyens pour les écoles, les hôpitaux ou les infrastructures. Les gouvernements sont contraints de faire des choix impossibles : « manquer à leurs obligations envers leurs créanciers ou manquer à leurs obligations envers leur population », a averti Mme Grynspan.
Économie numérique : croissance et fractures
L'économie numérique est en plein essor. En 2023, les économies en développement ont franchi la barre des 1 000 milliards de dollars d'exportations de services numériques, sur un marché mondial totalisant 4 500 milliards de dollars. À elle seule, l'intelligence artificielle devrait être multipliée par 25 au cours de la prochaine décennie, remodelant le commerce, l'emploi et l'innovation.
Mais les avantages restent inégaux. Dans les pays les moins avancés, seul un tiers de la population est connecté à Internet et les services numériques ne représentent que 20 % des exportations. La CNUCED a appelé à investir dans les infrastructures, les données et les compétences, parallèlement à des initiatives mondiales, afin que la transformation numérique devienne un moteur de développement et non une source de division.
Repenser le progrès
Le produit intérieur brut (PIB) reste un indicateur clé de la performance économique, mais la CNUCED estime qu'il n'est plus adapté à son objectif. « Le PIB prend en compte les marées noires et les cigarettes », explique Mme Grynspan, « mais pas une mère qui s'occupe de son enfant, ni la forêt amazonienne, à moins qu'elle ne soit déboisée. »
La CNUCED appelle à l'adoption de nouvelles mesures qui prennent en compte le bien-être, les écosystèmes et la cohésion sociale, en « rendant visible l'invisible ».
Le multilatéralisme sous pression
Pour l'avenir, Mme Grynspan a décrit le contexte mondial actuel comme une « période transitoire » où les résultats dépendent des choix des dirigeants. La présence de plus de 150 chefs d'État et de gouvernement à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies a montré que le multilatéralisme est toujours vivant. Son message : la multipolarité doit élargir le centre, et non le remplacer – plus il y a de voix, plus le système est fort.
De New York à Genève
L'attention se détourne désormais de l'AGNU80 pour se porter sur Genève, où la Suisse accueillera la 16e Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED16) du 20 au 23 octobre.
Organisée tous les quatre ans, cette réunion est la plus haute instance de la CNUCED. Elle rassemble les chefs d'État, les ministres, les lauréats du prix Nobel et les principaux experts de ses 195 États membres.
Le thème de cette année, « Façonner l'avenir : stimuler la transformation économique pour un développement équitable, inclusif et durable », permettra de voir si les gouvernements sont capables de traduire les débats de l'AGNU en actions concrètes. Les dirigeants devraient travailler sur des mesures concrètes visant à réduire le coût de la dette, à débloquer les investissements, à favoriser la transformation numérique et à renforcer la résilience du commerce.
« Le développement n'est pas un luxe, mais une nécessité », a déclaré Mme Grynspan, présentant Genève comme un moment propice pour passer des signaux d'alerte à des solutions viables.
