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l'investissement étranger mondial reste faible en 2023, le financement des secteurs des objectifs de développement durable chute de plus de 10%

20 juin 2024

Les flux mondiaux d'investissement direct étranger ont stagné à 1 300 milliards de dollars pour l'année, tandis que les flux vers les pays en développement ont diminué de 7 % pour atteindre 867 milliards de dollars.

Lacklustre investments in agriculture and agrifood systems are keeping the world off track in eliminating hunger and achieving sustainable development.
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© Shutterstock/Abdul Razak Latif | Les investissements insuffisants dans l'agriculture et les systèmes agroalimentaires empêchent le monde d'éliminer la faim et de parvenir à un développement durable.


  • Les investissements étrangers restent modérés dans un contexte de ralentissement économique mondial et de tensions géopolitiques croissantes.

  • L'insuffisance des financements entrave les efforts déployés pour réaliser l'Agenda 2030, ce qui incite à prendre des mesures politiques pour maintenir un financement durable.

  • La facilitation des affaires et les solutions de gouvernement numérique peuvent faciliter un environnement permettant de remédier à la faiblesse des investissements.


En 2023, l'investissement direct étranger (IDE) mondial a diminué de 2 % pour s'établir à 1 300 milliards de dollars, selon le dernier Rapport sur l'investissement dans le monde publié le 20 juin par ONU commerce et développement (CNUCED).

En fait, et dès lors que l'on exclut du calcul quelques situations exceptionnelles, le rapport révèle une baisse plus marquée de plus de 10 % des investissements étrangers mondiaux pour la deuxième année consécutive. Cette baisse est due à l'augmentation des tensions commerciales et géopolitiques dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale.

Si les perspectives pour les IDE restent difficiles en 2024, le rapport indique qu'une "croissance modeste pour l'ensemble de l'année semble possible", citant l'assouplissement des conditions financières et les efforts concertés en faveur de la facilitation de l'investissement - une caractéristique importante des politiques nationales et des accords internationaux.

Dans le cadre de la campagne mondiale visant à attirer et à retenir les flux financiers, les portails d'information en ligne et les guichets uniques se sont multipliés pour favoriser un climat propice aux affaires et à l'investissement.

Pour les pays en développement, la numérisation n'est pas seulement une solution technique, mais aussi un tremplin pour une mise en œuvre plus large de l'administration numérique, permettant de remédier aux faiblesses sous-jacentes de la gouvernance et des institutions, lesquelles entravent souvent l'investissement.

« L'investissement n'est pas seulement une question de flux de capitaux ; c'est aussi une question de potentiel humain, de gestion de l'environnement et de recherche permanente d'un monde plus équitable et plus durable », a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale d’ONU commerce et développement.

Les investissements étrangers ont diminué modérément dans la plupart des régions

Les flux d'IDE vers les pays en développement ont diminué de 7 % pour atteindre 867 milliards de dollars l'année dernière, reflétant une baisse de 8 % dans les pays en développement d'Asie (en savoir plus).

Ce chiffre a baissé de 3 % en Afrique (en savoir plus) et de 1 % en Amérique latine et dans les Caraïbes (en savoir plus).

D'autre part, les flux vers les pays développés ont été fortement affectés par les transactions financières des entreprises multinationales, motivées en partie par la mise en place d’un taux d'imposition global minimum sur les bénéfices de ces sociétés.

Les flux vers la plupart des régions d'Europe et d'Amérique du Nord ont diminué respectivement de 14 % et de 5 %.

Les investissements étrangers dans les économies structurellement faibles et vulnérables ont suivi une tendance inverse</strong>, augmentant légèrement dans les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

L'insuffisance des investissements ralentit le développement durable

Le resserrement des conditions de financement en 2023 a fait chuter d'un quart le nombre d'opérations internationales de financement de projets, lesquelles sont essentielles au financement d'infrastructures et de services publics tels que l'électricité et les énergies renouvelables. Cela a entraîné une réduction de 10 % des investissements dans les secteurs liés aux objectifs de développement durable (ODD), plus particulièrement les systèmes agroalimentaires, l'eau et l'assainissement. Ces secteurs ont enregistré moins de projets financés par la communauté internationale en 2023 qu'en 2015, lors de l’adoption de ces objectifs.

En revanche, les annonces de nouveaux projets ont augmenté de plus de 1 000 dans les pays en développement, avec une forte concentration en Asie.

Des efforts nécessaires pour soutenir la finance durable

Dans le même temps, la mobilisation de fonds pour l'investissement dans les secteurs liés aux ODD par le biais de produits de financement durable sur les marchés financiers mondiaux ralentit.

Les obligations durables ont enregistré une croissance marginale en 2023, tandis que les nouveaux apports dans les fonds d'investissement durables ont chuté de 60 %.

Dans ce contexte, ONU commerce et développement constate que les préoccupations d'écoblanchiment liées à des affirmations trompeuses sur la durabilité ont d’avantage d’incidence sur la demande des investisseurs et appelle à des efforts plus systématiques pour apporter plus de clarté et de crédibilité au marché des fonds durables. Il s'agit notamment de normes de produits bien définies, d'informations solides sur le développement durable, d'audits externes et de notations par des tiers.

Une impulsion mondiale pour la facilitation de l'investissement

La facilitation des affaires et des investissements est essentielle au développement du secteur privé et à l'attraction des IDE dans les pays en développement.

Le rapport sur l'investissement dans le monde montre qu'en 2023, 86 % des mesures de politique d'investissement adoptées par ces économies étaient favorables aux investisseurs.

Étant donné le besoin d'accès à l'information, de transparence des règles et réglementations et de rationalisation des procédures administratives, les outils numériques sont devenus la clé d'une mise en œuvre efficace.

Depuis qu’ONU commerce et développement a lancé son menu d'action mondial pour la facilitation des investissements en 2016, le nombre de guichets uniques en ligne dans les pays en développement a presque quadruplé, passant de 13 à 67. Dans les économies développées, ce nombre a plus que doublé, passant de 12 à 28.

De même, les portails d'information pour l'enregistrement des entreprises et des investisseurs dans les pays en développement sont passés de 82 en 2016 à 124 en 2024, tandis que les pays développés ont vu leur nombre augmenter de 43 à 48.

Une approche ascendante, rentable de l'administration numérique

En outre, la facilitation des affaires et des investissements favorise l'expansion des services publics numériques, en complément des approches descendantes traditionnelles.

En commençant par les services de base destinés aux entreprises et en les étendant progressivement à d'autres institutions, les pays peuvent réaliser des économies d'échelle et d’envergure grâce aux outils de l'administration numérique, ce qui profite à toutes les entreprises, qu'elles soient étrangères ou nationales, grandes ou petites.

Les pays en développement, en particulier, peuvent bénéficier de cette approche ascendante, qui apporte une valeur ajoutée immédiate aux utilisateurs et un potentiel de génération de revenus pour les gouvernements, sans nécessiter de changements législatifs majeurs.

The Weekly Tradecast se penche sur le Rapport sur l'investissement dans le monde 2024 et ses dernières tendances avec Richard Bolwijn, d'ONU commerce et développement (CNUCED).