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Malgré d’excellentes perspectives, l’agriculture biologique africaine souffre d’un sous-financement de plus en plus marque


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2016/020
Malgré d’excellentes perspectives, l’agriculture biologique africaine souffre d’un sous-financement de plus en plus marque

Geneva, Suisse, 5 septembre 2016

D’après une enquête menée par la CNUCED, l’agriculture biologique offre d’excellents et lucratifs débouchés à l’exportation pour l’Afrique, mais l’accès au financement est plus difficile qu’il y a cinq ans.

On constate par exemple que, grâce à un programme régional est-africain, la valeur des exportations régionales de produits biologiques est passée de 4,6 millions de dollars en 2002-2003 à 35 millions de dollars en 2009 2010, selon les chiffres fournis par la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique. Ce programme a aussi permis d’élaborer une norme régionale commune pour les produits issus de l’agriculture biologique et d’accroître le rendement des cultures de manière significative au Burundi, au Kenya, en Ouganda, en République Unie de Tanzanie et au Rwanda.

Malgré cet exemple de réussite, une enquête menée sur 16 pays africains a montré que près d’un quart (23 %) des agriculteurs et exportateurs de produits biologiques et des experts en la matière interrogés estiment que l’accès au financement s'est restreint au cours des cinq dernières années.

La CNUCED a publié les résultats de l’enquête dans un nouveau document technique portant sur le financement de l’agriculture biologique en Afrique. On y apprend que 64 % des personnes interrogées considèrent que la situation n’a pas changé et que seules 13 % estiment que l’accès au financement s’est amélioré.

« Selon notre enquête, c’est pour obtenir une certification, regrouper les petits exploitants, commercialiser leurs produits et acheter du matériel que les acteurs de l’agriculture biologique ont le plus besoin d’un financement extérieur », affirment Malick Kane et Henrique Pacini dans le rapport présenté.

« Hélas, d’après les participants, c’est précisément dans ces domaines que le financement se fait plus de plus en plus rare », d’ajouter M. Kane.

D’une manière générale, le financement de l’agriculture africaine a reculé ces dernières années. En 2013, il est ainsi tombé à une moyenne de 2,7 % des budgets nationaux, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Ce recul a eu lieu alors qu’en 2003, les États membres de l’Union africaine s’étaient engagés à consacrer 10 % de leur budget national à l’agriculture. De plus, en 2013 également, la part des crédits commerciaux allouée à l’agriculture en Afrique est tombée à une moyenne de 2,8 %, contre une moyenne mondiale de 5,8 %.

Cette situation a eu des répercussions sur les agriculteurs spécialisés dans l’agriculture biologique qui cherchent un financement, malgré les majorations de prix qu’ils peuvent imposer pour exporter leurs produits vers de riches marchés lucratifs.

« On a constaté que les majorations de prix variaient significativement selon les produits commercialisés, les périodes et les marchés », a indiqué M. Pacini. On estime en effet que les produits biologiques peuvent coûter de 10 % à 100 % (voire plus) plus cher que les variétés traditionnelles.

« Ces majorations de prix jouent un rôle important dans la rentabilité des cultures biologiques, puisqu’elles compensent les coûts additionnels que supportent les agriculteurs biologiques, par exemple pour se conformer aux pratiques propres à ce type d’agriculture et pour obtenir une certification », a-t-il affirmé.

Le document de la CNUCED indique que ce sont les exportations de produits biologiques habituels comme le café et le cacao qui tirent le plus grand parti de l’accès au financement, mais que la culture biologique de l’ananas, de la mangue, de la banane et même de la pomme de terre offre d’importants débouchés à l’exportation.

« Nos travaux montrent que les limites inhérentes aux mécanismes de garantie du crédit et l’incapacité des banques commerciales à intégrer les particularités de l’agriculture biologique nuisent considérablement à la capacité des producteurs et des exportateurs de produits biologiques à financer leurs activités en Afrique » a indiqué M. Kane.

M. Pacini a ajouté: « Au vu de la situation actuelle, nous recommandons vivement aux pays de mener une action concertée pour améliorer les données recueillies sur la valeur des produits biologiques au niveau national et à l’exportation afin de mieux démontrer la viabilité commerciale de l’agriculture biologique en Afrique. ».