Pour la CNUCED, la politique monétaire a atteint ses limites, place à la politique budgétaire

À quelques jours de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve Fédérale (FOMC) les 20 et 21 septembre, Richard Kozul-Wright, Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la CNUCED, a déclaré :

« Aujourd’hui, on ne peut plus recourir à la politique monétaire pour soutenir durablement la reprise économique. Ce qu’il faut à présent, c’est une politique budgétaire expansionniste. »

« Les mesures non conventionnelles de politique monétaire mises en place récemment, notamment les programmes d’achats massifs d’actifs et la fixation de taux d’intérêt négatifs dans certains pays, n’ont pas seulement échoué à relancer l’investissement réel et la création d’emplois aux États-Unis et dans les autres pays développés. Elles ont également alimenté la spéculation financière et les bulles, renforcé les inégalités de revenus et favorisé indirectement une croissance sans emploi dans ces pays et dans de nombreux pays en développement. »

« Mais en laissant entrevoir une hausse des taux directeurs, la Fed n’amorce pas de la bonne manière le retour à « la normalité ». Elle ne va faire qu’accroître les sorties nettes de capitaux des pays émergents et d’autres pays en développement et, inévitablement, provoquer l’appréciation du dollar, ce qui n’encouragera pas les investissements dans le secteur manufacturier aux États-Unis. Au contraire, non seulement les prix des actifs financiers seront probablement soumis à davantage de distorsions, mais on verra aussi les pays émergents et les autres pays en développement se retrouver dans une situation plus vulnérable pour gérer leur dette. »

« Comme nous l’expliquons dans le Rapport sur le commerce et le développement 2016 qui sera publié le 21 septembre prochain, la mise en œuvre de politiques budgétaires de soutien et la stabilité des taux de change sont essentielles à la création de conditions économiques stables mais expansionnistes, dans les pays avancés comme dans les pays en développement. Ceci aura pour effet de stimuler la demande globale, de garantir des niveaux d’investissement élevés, par exemple dans les infrastructures à faible émission de carbone, de réduire les inégalités et de favoriser la diversification économique dans les pays en développement. »

« La hausse annoncée des taux directeurs de la Fed devrait intervenir dans un environnement économique bien plus favorable. Il est vain de continuer à faire porter le fardeau de la reprise et de la stabilisation de l’économie mondiale à la seule politique monétaire. »