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Une réforme de l’industrie du cacao s’impose pour que les agriculteurs ne soient plus laissés pour compte


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2016/011
Une réforme de l’industrie du cacao s’impose pour que les agriculteurs ne soient plus laissés pour compte

Geneva, Suisse, 21 avril 2016

?Dans certains des pays les plus pauvres du monde, les cacaoculteurs ne profitent guère de la chaîne de valeur du cacao dont les produits finis ou semi-finis, tels le chocolat et les cosmétiques à base de beurre de cacao, se vendent pourtant à prix fort dans les pays développés, indique la CNUCED dans un nouveau rapport.

Selon ce rapport, intitulé L’industrie du cacao: intégrer les petits exploitants dans la chaîne de valeur mondiale, ce sont d’autres acteurs, dont les fabricants et les détaillants, qui se taillent la part du lion, engrangeant la majeure partie des recettes générées tout au long de la chaîne de valeur mondiale du cacao, au détriment des agriculteurs qui n’en perçoivent qu’une très faible partie. Les chiffres du  Baromètre du cacao montrent, par exemple, que les cultivateurs de cacao perçoivent moins de 6,6 % de la valeur ajoutée totale par tonne de fèves de cacao vendues.

Par conséquent, dans de grands pays producteurs de cacao, tels que la Côte d’Ivoire ou le Ghana, la pauvreté est généralement le lot des producteurs, décourageant les jeunes à se lancer dans ce la culture de cacao. Cette situation nuit à la viabilité de la filière cacaoyère qui pourrait être menacée si le problème n'est pas pris en charge dans le cadre d'actions concertées. Il serait possible d’y remédier en partie, poursuit la CNUCED, en relevant les prix payés aux agriculteurs.

Les initiatives entreprises dans les années 1980 et 1990 afin de stimuler les prix aux producteurs en libéralisant le commerce, si elles ont indéniablement renforcé l’exposition des agriculteurs aux aléas des marchés internationaux, n’ont entraîné, dans le meilleur des cas, qu’une faible augmentation de la part qu’ils perçoivent sur les prix de vente mondiaux, surtout en Côte d’Ivoire, qui est le premier producteur mondial de cacao.

Ces mesures de libéralisation se sont en fait soldées par une concentration accrue des marchés de cacao. En effet, la complexité de ces marchés, caractérisée par un meilleur accès des sociétés transnationales aux ressources, et l'objectif majeur de réalisation d'économies d'échelle de ces dernières, ont conduit à une plus forte intégration verticale et horizontale de l'industrie du cacao.

Selon les estimations présentées dans le rapport, les trois premières sociétés de transformation et de négoce de cacao ont commercialisé environ 50 à 60 % de la production mondiale en 2013. S’agissant des capacités de transformation, en 2014, quatre sociétés transnationales contrôlaient plus de 60 % des activités de broyage au niveau mondial.

Après une analyse de l’évolution de la concentration des marchés du cacao, la CNUCED examine les moyens concrets d’intégrer les agriculteurs sur ce marché. EIle propose quelques moyens d’action qui pourraient aider les gouvernements, le secteur privé et la communauté internationale à favoriser le développement d'une économie cacaoyère durable grâce à l’autonomisation des agriculteurs, conformément aux accords internationaux tels que l'Agenda mondial du cacao, adopté lors de la première Conférence mondiale sur le cacao, tenue en 2012 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et les objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’ONU en 2015.
Les recommandations formulées dans le rapport sont notamment les suivantes :

• Renforcer les règles de la concurrence aux niveaux national, régional et international pour que les marchés du cacao restent concurrentiels ;

• Rendre les marchés du cacao plus transparents pour tous les acteurs ;

• Faciliter la création d'organisations paysannes à vocation commerciale afin de promouvoir l’autonomisation des cacaoculteurs ;

• Améliorer l’accès des agriculteurs au financement et aux outils de gestion des risques lié aux prix ;

• Promouvoir la différentiation des produits pour que les cacaoculteurs puissent obtenir des prix plus élevés.

Pour que ces politiques soient efficaces, conclut la CNUCED dans le rapport, il est essentiel d’élaborer une approche qui associe les diverses parties prenantes, dont les gouvernements, le secteur privé, la société civile, les organisations internationales et les agriculteurs, afin de tirer parti des avantages comparatifs  de chacun.