
Depuis le début des années 1990, Israël, Puissance occupante, impose des restrictions à la circulation des biens et des personnes à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza. Les restrictions ont été considérablement intensifiées depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en 2007. Depuis 17 ans, 2,3 millions de Palestiniennes et de Palestiniens sont confinés dans une petite enclave de 365 km² où la densité de population est l’une des plus élevées au monde. L’entrée de marchandises est réduite aux besoins de base et à l’aide humanitaire. En outre, Gaza a subi de nombreuses opérations militaires de grande envergure en un peu plus de 15 ans : en 2008-2009, 2012, 2014, 2021, 2022 et mai 2023 et depuis octobre 2023. Les restrictions, les bouclages et les opérations militaires récurrentes ont entraîné la destruction totale des infrastructures et de la base productive de Gaza. Exsangue, l’économie a développé une grande dépendance à l’égard de l’aide extérieure.
La guerre qui a suivi les attaques du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023 a dévasté ce qu’il restait de l’économie et des infrastructures de Gaza. Les opérations militaires intenses qui y ont été menées ont entraîné une catastrophe humanitaire, environnementale et sociale sans précédent et ont fait passer Gaza du stade de dé-développement à celui de champ de ruines. Les répercussions, profondes, se feront sentir pendant des années, et il faudra peut-être des décennies pour que Gaza revienne au statu quo ante.
La perte de revenus à Gaza causée par 16 années de bouclages, de restrictions draconiennes à l’activité économique et à la circulation et d’opérations militaires répétées est colossale. Selon des estimations rigoureuses présentées dans le présent rapport, si ces contraintes n’avaient pas existé, le produit intérieur brut (PIB) de Gaza aurait été, à la fin de 2023, supérieur en moyenne de 77,6 % à son niveau actuel. Cela signifie une perte cumulée, selon une estimation prudente, de 35,8 milliards de dollars (en dollars constants de 2015) en termes de PIB potentiel non réalisé au cours de la période 2007-2023, soit 17 fois le PIB de Gaza en 2023.
Les dommages engendrés par la guerre entre le 7 octobre 2023 et le 20 mai 2024 ont réduit de plus de moitié le PIB par habitant à Gaza, tandis que d’autres facteurs ont redoublé la perte de revenus. En outre, les dommages matériels causés aux infrastructures de Gaza entre le 7 octobre 2023 et la fin janvier 2024 ont été estimés à 18,5 milliards de dollars, soit l’équivalent de sept fois le PIB de Gaza en 2022.
Une fois le cessez-le-feu obtenu, dans l’hypothèse où Gaza renouait avec la tendance de croissance observée en 2007-2022, il lui faudrait 350 ans pour retrouver le niveau de PIB atteint en 2022.