L’accès limité au financement continue de freiner la croissance et la compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME) à travers l’Afrique. Le financement de la chaîne d’approvisionnement (SCF) — qui englobe à la fois le crédit commercial traditionnel et les nouveaux produits financiers technologiques — offre une solution prometteuse pour assouplir les contraintes de liquidité, améliorer les cycles de fonds de roulement et renforcer l’intégration commerciale régionale. Cependant, malgré une estimation du marché du SCF dépassant 60 milliards de dollars, seuls 7 à 25 % de la demande sont actuellement satisfaits, la majorité des institutions financières privilégiant le commerce mondial aux chaînes d’approvisionnement intra-africaines.
Le présent rapport fournit une analyse complète des tendances, facteurs et opportunités du SCF sur les marchés africains. Nous utilisons des données d’enquêtes auprès des entreprises de la Banque mondiale couvrant 31 pays (2020–2024) et des données financières au niveau des entreprises cotées sud-africaines.
L’analyse distingue le crédit commercial direct — forme la plus répandue et mesurable du SCF — des solutions de SCF intermédiées, telles que l’affacturage et le financement des comptes fournisseurs.
Principaux constats :
- L’intégration commerciale stimule l’utilisation : Les entreprises engagées dans le commerce intra-africain recourent nettement plus au crédit commercial que celles exportant au-delà du continent. Cela souligne le rôle essentiel de la proximité régionale, de la confiance et des mécanismes d’application fondés sur les réseaux.
- Les caractéristiques des entreprises influencent l’accès au financement de la chaîne d’approvisionnement : Les entreprises détenues par des femmes, celles disposant de gestionnaires expérimentés et les sociétés qui importent des biens ou des matériaux sont plus susceptibles d’accéder au crédit fournisseur. À noter que la taille de l’entreprise et la propriété étrangère n’ont pas de signification statistique une fois les autres facteurs contrôlés.
- Le financement de la chaîne d’approvisionnement fonctionne de concert avec la banque formelle : Les entreprises ayant accès au crédit bancaire sont 9,5 points de pourcentage plus susceptibles d’utiliser le crédit commercial, ce qui témoigne d’une relation de complémentarité entre ces canaux de financement plutôt que de substitution.
- Des tendances sectorielles spécifiques émergent : Les secteurs de la construction, du commerce de détail, de la pharmacie et de l’industrie manufacturière se distinguent par leur forte dépendance au crédit commercial, en particulier là où les cycles de fonds de roulement prolongés ou les marchés publics créent des besoins de financement particuliers.
Le rapport examine l’évolution du paysage du SCF en Afrique, notamment les plateformes fintech, les applications de la blockchain et les systèmes de paiement numériques tels que le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS).
Nous identifions les parcs industriels et les zones économiques spéciales comme des possibilités majeures d’extension des solutions SCF, en s’appuyant sur des infrastructures et des cadres de gouvernance partagés.
Pour libérer pleinement le potentiel du financement de la chaîne d’approvisionnement en Afrique, le rapport recommande :
- Développer les plateformes SCF numériques pour les PME grâce à des partenariats stratégiques avec les fintechs.
- Renforcer les cadres juridiques et réglementaires afin d’appuyer le financement des créances et de faire respecter les obligations de paiement.
- Exploiter l’intégration régionale et les infrastructures (par exemple, la ZLECAf, le PAPSS) pour faciliter le SCF transfrontalier.
- Promouvoir l’accès inclusif au SCF pour les femmes et renforcer la sensibilisation auprès des entreprises dirigées par des femmes.
- Renforcer les capacités au sein des banques et des PME pour comprendre et adopter les outils SCF.
En comblant ces lacunes, le SCF peut devenir un catalyseur essentiel d’une croissance inclusive, de la compétitivité et de la résilience du commerce régional dans les économies africaines.
