Le rapport quantifie la perte de PIB, les délais de récupération et les effets durables sur la pauvreté et les dépenses des ménages, dressant un tableau impressionnant des défis à venir en matière de développement.
La CNUCED a publié un rapport sur la détérioration économique et sociale à Gaza depuis le début de l'opération militaire le 7 octobre 2023.
Le rapport quantifie la perte de PIB, les délais de récupération et les effets durables sur la pauvreté et les dépenses des ménages. Il dresse un tableau impressionnant des défis à venir en matière de développement.
En utilisant des images satellites de pointe et des données officielles, la CNUCED estime actuellement que l'économie gazaouie s'est déjà contractée de 4,5 % au cours des trois premiers trimestres de 2023. Toutefois, l'opération militaire a considérablement accéléré le déclin et précipité une contraction du PIB de 24 % et une chute du PIB par habitant de 26,1 % sur l'ensemble de l'année.
Si l'opération militaire actuelle devait prendre fin immédiatement, que la reconstruction commençait tout de suite et que la tendance de 2007-2022 se maintenait avec un taux de croissance moyen de 0,4 %, il faudrait à Gaza jusqu'en 2092 rien que pour retrouver les niveaux de PIB de 2022, avec un PIB par habitant et des conditions socio-économiques en baisse constante.
Cependant, même avec le scénario le plus optimiste selon lequel le PIB pourrait croître de 10 % par an, il faudrait encore attendre 2035 pour que le PIB par habitant de Gaza atteigne le niveau de 2006, soit avant le blocus.
Le redressement de l'économie de Gaza à la suite de l'opération militaire actuelle nécessitera un engagement financier plusieurs fois supérieur à celui de 3,9 milliards de dollars suite à l'opération militaire de 2014 à Gaza. Il impliquera un effort international concerté pour rétablir les conditions socio-économiques d'avant le conflit.
Gaza devient inhabitable
Les conditions socio-économiques à Gaza étaient désastreuses en 2022 et au premier semestre 2023, avec plus de deux millions de Gazaouis confinés dans l'un des espaces les plus densément peuplés au monde, souffrant d'un accès insuffisant à l'eau potable, d'une fourniture sporadique en électricité et sans système d'égouts adéquat. Deux tiers de la population vivaient dans la pauvreté et 45 % de la main-d'œuvre était au chômage avant le début de la dernière opération militaire.
L'évaluation de la CNUCED souligne que le rétablissement des conditions socio-économiques d'avant le conflit à Gaza prendra des décennies et nécessitera une aide étrangère substantielle. À la mi-2023, deux millions de Gazaouis étaient confrontés à des problèmes allant d'un accès insuffisant à l'eau et à l'électricité à un taux de chômage élevé. L'opération militaire en cours a déplacé 85 % de la population de Gaza, interrompant les activités économiques et aggravant encore la pauvreté et le chômage.
En décembre 2023, le taux de chômage atteignait 79,3 %. Entre-temps, 37 379 bâtiments, soit 18 % de l'ensemble des structures de la bande de Gaza, ont été endommagés ou détruits par l'opération militaire. La bande de Gaza, dont la moitié de la population est constituée d'enfants, est aujourd'hui pratiquement inhabitable, les habitants n'ayant pas de sources de revenus adéquates, ni d'accès à l'eau, à l'assainissement, à la santé ou à l'éducation.
Le retour au statu quo d'avant le conflit n'est « pas envisageable »
Le rapport souligne la nécessité impérieuse de briser le cycle de destruction économique qui a rendu
80 % de la population dépendante de l'aide internationale. Il prévient qu'un retour au statu quo d'avant le conflit n'est pas envisageable.
La possibilité et la rapidité de la reprise à Gaza dépendront de la fin de l'opération militaire, de l'engagement des donateurs et des résultats futures en matière de croissance.
Un scénario optimiste suggère que même avec une fin immédiate des combats, ramener Gaza aux conditions socio-économiques qui prévalaient avant le déclenchement de la confrontation actuelle prendrait des décennies sans un programme de redressement correctement financé et pleinement soutenu par la communauté internationale.
L'évaluation de la CNUCED met toutefois en garde contre le fait qu'une nouvelle phase de réhabilitation économique ne peut se contenter de viser un retour au statu quo d'avant octobre 2023. Le cercle vicieux de la destruction et de la reconstruction partielle doit être brisé.
Des contraintes enkystées par 56 années d'occupation et un blocus de 17 ans
Les contraintes économiques pesant sur Gaza, enracinées par 56 ans d'occupation et un blocus de 17 ans, nécessitent une compréhension approfondie et des stratégies réalistes pour libérer son potentiel de croissance grâce à des mesures telles que la restauration de l'aéroport international de Gaza (aujourd'hui inopérant), la construction d'un port maritime et la possibilité pour le gouvernement palestinien d'exploiter les gisements de gaz naturel découverts dans les années 1990 en Méditerranée, au large de Gaza, afin de contribuer au financement de la reconstruction des infrastructures.
Le rapport souligne l'importance d'apporter un soutien budgétaire immédiat et solide au gouvernement palestinien. Ce soutien permettrait d'éviter un effondrement plus important en soutenant la gouvernance, en fournissant des services publics essentiels et en maintenant la demande globale grâce au paiement des salaires et à l'apurement des arriérés du secteur privé. L'aide étrangère est passée d'un total de 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB, en 2008, à 550 millions de dollars, soit moins de 3 % du PIB, en 2022.
La CNUCED souligne que la résolution des crises à Gaza passe par la fin de l'opération militaire et la levée du blocus, étapes essentielles pour parvenir à une solution à deux États le long des frontières de 1967, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l'ONU.
Les donateurs et la communauté internationale sont invités à reconnaître que les contraintes qui pèsent sur l'économie palestinienne, en particulier à Gaza, vont au-delà de la récente confrontation.