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La crise économique s'aggrave dans le territoire palestinien occupé dans le cadre du conflit actuel à Gaza

12 septembre 2024

Un rapport d’ONU commerce et développement (CNUCED) révèle une grave crise économique, avec un effondrement du PIB par habitant, une pauvreté généralisée et la montée en flèche du chômage.

A young resident bikes past a bulletpocked wall of UNRWA's School for Girls
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© UN Photo/Stephenie Hollyman


  • Effondrement économique : le PIB de Gaza a chuté de 81 %, laissant son économie en ruine.

  • Pauvreté et chômage galopants : les pertes massives d'emploi ont aggravé la pauvreté et les crises humanitaires.

  • Perturbations en Cisjordanie : la violence et les restrictions commerciales ont gravement paralysé l'économie de la Cisjordanie.

  • Contrainte fiscale : les baisses de revenus et la diminution de l'aide paralysent la capacité de fonctionnement du gouvernement palestinien.

  • Appel à l'action : le rapport appelle à une intervention internationale immédiate pour stabiliser l'économie et soutenir les efforts de paix.


La CNUCED publie un rapport détaillé sur la profonde destruction économique qui a frappé le Territoire palestinien occupé à la suite de l'opération militaire israélienne à Gaza qui a suivi les attaques du 7 octobre 2023 par le Hamas.

Le rapport souligne l'ampleur stupéfiante de la dévastation économique et le déclin sans précédent de l'activité économique, dépassant de loin l'impact de toutes les confrontations militaires précédentes en 2008, 2012, 2014 et 2021. Les pressions inflationnistes, combinées à la montée en flèche du chômage et à l'effondrement des revenus, ont dramatiquement appauvri les ménages palestiniens. 

Les destructions de guerre s'étendent à la Cisjordanie et à Jérusalem-Est

L'opération militaire a entraîné des pertes en vies humaines et des déplacements sans précédent, ainsi qu'une destruction massive des infrastructures. Parallèlement, la Cisjordanie a connu une flambée de violence, la démolition de biens palestiniens, des confiscations et l'expansion des colonies. L'impact combiné de l'opération militaire à Gaza et de ses répercussions en Cisjordanie a provoqué un choc sans précédent qui a submergé l'économie palestinienne dans l'ensemble du territoire occupé, y compris Jérusalem-Est.

Au début de l'année 2024, entre 80 et 96 % des biens agricoles de Gaza - y compris les systèmes d'irrigation, les fermes d'élevage, les vergers, les machines et les installations de stockage - ont été décimés, ce qui a paralysé la capacité de production alimentaire de la région et aggravé les niveaux déjà élevés d'insécurité alimentaire. Les destructions ont également touché de plein fouet le secteur privé, 82 % des entreprises, moteur essentiel de l'économie de Gaza, ayant été endommagées ou détruites. Les dommages causés à la base productive se s’aggravent au fur et à mesure que l'opération militaire se poursuit.

Le produit intérieur brut (PIB) de Gaza a chuté de 81 % au cours du dernier trimestre 2023, entraînant une contraction de 22 % sur l'ensemble de l'année. À la mi-2024, l'économie de Gaza est tombée à moins d'un sixième de son niveau de 2022.

Dans le même temps, la Cisjordanie a connu un déclin économique aussi rapide qu’alarmant. Le rapport met en évidence des facteurs tels que l'expansion des colonies, la confiscation de terres, la démolition de structures palestiniennes et l'augmentation de la violence par les colons tout au long de la période 2023-2024, facteurs qui ont vu le déplacement de communautés et gravement affecté les activités économiques. Ces perturbations ont affecté divers secteurs en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, où le commerce, le tourisme et les transports ont subi un ralentissement considérable. En conséquence, 80 % des entreprises de la vieille ville de Jérusalem-Est ont partiellement ou totalement cessé leurs activités.

L'optimisme initial d'une croissance de 4 % du PIB en Cisjordanie au cours des trois premiers trimestres de 2023 a été brusquement anéanti par une contraction sans précédent de 19 % au quatrième trimestre. Ce ralentissement brutal a entraîné une baisse annuelle globale du PIB de 1,9 %. En outre, le PIB par habitant a diminué de 4,5 %, ce qui indique une baisse substantielle du niveau de vie et des revenus des ménages.

Chômage de masse et pauvreté croissante

Les conditions du marché du travail en Cisjordanie se sont considérablement détériorées, 96 % des entreprises faisant état d'une baisse d'activité et 42,1 % d'une réduction de leurs effectifs. Au total, 306 000 emplois ont été perdus, faisant passer le taux de chômage en Cisjordanie de 12,9 % avant le conflit à 32 %. Ces pertes d'emploi ont entraîné une perte de revenu journalier estimée à 25,5 millions de dollars, érodant gravement la résistance économique des ménages palestiniens et exacerbant les difficultés sociales.

La situation à Gaza est particulièrement désastreuse, avec les deux tiers des emplois d'avant-guerre - environ 201 000 postes - perdus dès janvier 2024. Cela a encore aggravé la crise économique et humanitaire déjà importante dans la bande de Gaza.

En Cisjordanie, les activités commerciales ont été gravement perturbées par des restrictions accrues imposées à la circulation des personnes et des biens. Le nombre de points de contrôle en Cisjordanie occupée est passé de 567 au début du mois d'octobre 2023 à 700 en février 2024, ce qui a considérablement entravé l'activité économique.

La pauvreté s'est généralisée et a augmenté ces dernières années. En 2022, un tiers de la population palestinienne (1,84 million de personnes) était en situation d'insécurité alimentaire (manque d'accès constant à des aliments nutritifs et en quantité suffisante), ou en situation d'insécurité alimentaire grave, et 31,1 % vivaient dans la pauvreté. Avant octobre 2023, 80 % de la population de Gaza dépendait de l'aide internationale. Actuellement, la pauvreté touche la quasi-totalité de la population de Gaza et augmente rapidement en Cisjordanie.

Les déductions et les retenues de recettes minent l'Autorité palestinienne

La stabilité fiscale du gouvernement palestinien est soumise à d'énormes pressions, ce qui compromet sa capacité à fonctionner efficacement et à fournir des services essentiels. Malgré les efforts de réforme fiscale, la capacité fiscale du gouvernement a été érodée par la faible croissance du PIB, les déductions sur les revenus par Israël et une forte baisse de l'aide internationale. En 2023, l'aide des donateurs internationaux est tombée à son niveau le plus bas, soit 358 millions de dollars, ce qui équivaut à seulement 2 % du PIB, alors qu'elle s'élevait à 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB, en 2008.

Depuis octobre 2023, les déductions de revenus et les retenues par Israël ont augmenté pour atteindre un total de plus de 1,4 milliard de dollars entre 2019 et avril 2024. Ce montant représente 8,1 % du PIB de la Palestine en 2023, ce qui entraîne d'importants déficits budgétaires. Ces défis budgétaires ont entravé la capacité du gouvernement à payer les employés, à assurer le service de la dette et à maintenir des services publics essentiels tels que les soins de santé et l'éducation. La situation a également entraîné une augmentation de la dette, des retards de paiement aux fournisseurs privés et une réduction des transferts sociaux aux populations pauvres. Depuis novembre 2021, les fonctionnaires n'ont reçu que partiellement leurs salaires.

Voie à suivre

Les performances de l'économie palestinienne ont été fortement influencées par des facteurs externes, en particulier par les mesures prises par Israël et, dans une moindre mesure, par les fluctuations des flux d'aide. La CNUCED souligne que l'occupation prolongée reste le principal obstacle au développement économique durable. Les restrictions persistantes à l'investissement, à la mobilité de la main-d'œuvre et au commerce ont systématiquement sapé le potentiel économique, exacerbant la pauvreté et l'instabilité.

Le rapport fait écho à l'appel du Secrétaire général des Nations unies en faveur de mesures urgentes pour soutenir et renforcer les institutions palestiniennes, soulignant la nécessité d'intensifier les efforts pour consolider la paix. L'occupation prolongée est un obstacle économique majeur au développement durable en raison des restrictions imposées aux investissements, à la mobilité de la main-d'œuvre et au commerce.

Le rapport propose une analyse complète des graves problèmes économiques auxquels est confronté le territoire palestinien occupé. Il appelle à une intervention immédiate et substantielle de la communauté internationale pour mettre fin à la dégringolade de l'économie, résoudre la crise humanitaire et jeter les bases d'une paix et d'un développement durables. Il s'agit notamment d'envisager un plan de relance global pour le territoire palestinien occupé, d'accroître l'aide et le soutien internationaux, de débloquer les recettes retenues et de lever le blocus de Gaza.

Le rôle de la CNUCED dans le territoire palestinien occupé

Depuis près de quarante ans, ONU commerce et développement soutient le peuple palestinien grâce à ses projets de recherche, de renforcement des capacités et de coopération technique axés sur les politiques, en partenariat avec des institutions des secteurs public et privé et de la société civile. La CNUCED favorise également un consensus international sur les besoins du peuple palestinien et de son économie.

En janvier 2024, la CNUCED a publié une « Évaluation préliminaire de l'impact économique des destructions à Gaza et des perspectives de reprise économique ».

Ce rapport intitulé « Évolution de l'économie du Territoire palestinien occupé » est basé sur des données relevées jusqu'au 30 juin 2024. La CNUCED continue de suivre les évolutions en cours et fournira une analyse détaillée de leur impact économique à l'Assemblée générale des Nations unies.

The Weekly Tradecast examine l'impact dévastateur de la guerre entre Israël et Gaza sur l'économie palestinienne avec Rami Alazzeh, expert en économie des conflits et du développement  auprès de l’ONU commerce et développement (CNUCED).