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Rapport sur l’assistance de la CNUCED au peuple palestinien

25 octobre 2023

L'inflation, une marge de manœuvre budgétaire rétrécie, la baisse de l'aide étrangère et l'accumulation de la dette ont maintenu l'économie du territoire palestinien occupé en dessous de son niveau d'avant la pandémie de 2019.

Gaza city, Gaza. Street scene in Gaza strip.
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© Shutterstock/Stephen Butler | Gaza City en mai 2018.

 

Le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur son assistance au peuple palestinien indique que 2022 a été une mauvaise année supplémentaire pour les Palestiniens.

Dans un contexte de tensions politiques accrues, de dépendance croissante à l'égard de la puissance occupante et de blocage du processus de paix, l'économie palestinienne a continué de fonctionner en deçà de son potentiel en 2022, tandis que d'autres problèmes persistants s'intensifiaient.

Il s'agit notamment de la perte de terres et de ressources naturelles au profit des colonies israéliennes, de la pauvreté endémique, du rétrécissement de l'espace budgétaire, de la diminution de l'aide étrangère et de l'accumulation de la dette publique et privée.

L'économie est encore sous le choc du COVID-19

Même si le PIB palestinien a augmenté de 3,9 % en 2022, le PIB réel par habitant était encore inférieur de 8,6 % à son niveau d'avant la pandémie en 2019. À Gaza, le PIB réel par habitant était inférieur de 11,7 % au niveau de 2019 et proche de son niveau le plus bas depuis 1994.

Le taux de chômage est resté élevé : 24 % dans l'ensemble du territoire palestinien occupé, 13 % en Cisjordanie et 45 % à Gaza, les femmes et les jeunes étant les plus durement touchés. La pauvreté s'est accrue, rendant 40 % de la population tributaire de l'aide humanitaire.

Avec la hausse des prix mondiaux de l'alimentation et de l'énergie, les ménages les plus pauvres souffrent de manière disproportionnée car l'alimentation représente une part plus importante de leurs dépenses totales.

Trois décennies après les accords d'Oslo, la convergence espérée entre l'économie palestinienne et celle d'Israël reste entravée par les politiques d'occupation. Au contraire, les deux économies ont divergé, le PIB palestinien par habitant ne représentant actuellement que 8 % de celui d'Israël.

Dépendance économique forcée

Le rapport souligne la dépendance forcée de l'économie palestinienne à l'égard d'Israël. Les coûts de production et de transaction excessifs et les obstacles au commerce avec le reste du monde ont entraîné un déficit commercial chronique et une dépendance généralisée et déséquilibrée à l'égard d'Israël, qui représentait 72 % du total des échanges palestiniens en 2022.

Parallèlement, l'absence de monnaie nationale et la dépendance à l'égard du shekel israélien laissent peu de marge de manœuvre en matière de politique monétaire, tandis que le taux de change élevé du shekel sape la compétitivité déjà affaiblie des producteurs palestiniens sur les marchés nationaux et étrangers.

La pénurie d'emplois oblige de nombreux Palestiniens à chercher du travail en Israël et dans les colonies. En 2022, 22,5 % des Palestiniens de Cisjordanie ayant un emploi travaillaient en Israël et dans les colonies, où le salaire moyen est plus élevé. Mais les frais de courtage et autres coûts associés représentent 44 % du salaire brut, effaçant ainsi la prime par rapport au salaire national moyen, ce qui indique que la recherche d'un emploi en Israël et dans les colonies est largement motivée par les possibilités d'emploi limitées dans l'économie nationale.

La dépendance excessive à l'égard de l'emploi précaire en Israël et dans les colonies expose l'économie palestinienne à des chocs dans un environnement instable caractérisé par des crises fréquentes, tandis que le manque d'espace monétaire et fiscal laisse peu de place à une réponse politique efficace aux chocs et aux crises, prévient le rapport.

Depuis sa création en 1994, le gouvernement palestinien doit faire face à des responsabilités économiques, politiques et sociales uniques et complexes qui dépassent de loin les ressources politiques et économiques dont il dispose. 

Dans le passé, l'aide des donateurs a permis d'atténuer l'impact de l'occupation. Toutefois, en 2022, le gouvernement palestinien n'a reçu que 250 millions de dollars d'aide budgétaire des donateurs et 300 millions de dollars pour des projets de développement. Il s'agit d'une chute brutale, passant d'un total de 2 milliards de dollars, soit 27 % du PIB en 2008, à moins de 3 % du PIB en 2022. 

Gaza : Une décennie et demie de développement étouffé

Depuis juin 2007, Gaza a subi plusieurs opérations militaires et fait l'objet d'un blocus terrestre, maritime et aérien. Les habitants de Gaza ont besoin de permis (difficiles à obtenir) pour entrer et sortir de la bande en passant par deux points de passage terrestres contrôlés par Israël, ce qui fait que la plupart d'entre eux sont pratiquement "enfermés".

Les restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens, la destruction des moyens de production lors des fréquentes opérations militaires et l'interdiction d'importer des technologies et des intrants essentiels ont vidé l'économie de Gaza de sa substance.

En 2022, les investissements ont été ramenés à 10,7 % du PIB de Gaza, soit un maigre 1,9 % du PIB palestinien. Entre 2006 et 2022, le PIB réel par habitant de Gaza a diminué de 27 %, tandis que sa part dans l'économie palestinienne s'est contractée de 31 % à 17,4 %.

Les restrictions de circulation entravent également l'accès aux soins de santé et à d'autres services essentiels, alors que 80 % des habitants de Gaza dépendent de l'aide internationale.

Vivre à Gaza en 2022 signifiait être confiné dans l'un des espaces les plus densément peuplés au monde, sans électricité la moitié du temps et sans accès adéquat à de l'eau propre ou à un système d'égouts approprié.

Cela signifiait une probabilité de 65 % d'être pauvre, de 41 % d'abandonner le marché du travail en désespoir de cause et, pour les personnes à la recherche d'un emploi, une probabilité de 45 % d'être au chômage, conclut le rapport.