Rebeca Grynspan, responsable d’ONU Commerce et Développement, a présenté quatre actions clés : investissement dans les infrastructures, un commerce et un accès au marché plus équitables, une gouvernance transparente et un partage des connaissances plus rapide.
Lors du 29e sommet des Nations unies sur le climat (COP29), les dirigeants du monde se réunissent pendant deux semaines à Bakou, en Azerbaïdjan, pour répondre à l’urgence de veiller à ce que les pays en développement riches en minerais essentiels bénéficient équitablement de la transition énergétique.
Alors que la crise climatique s'aggrave, la demande en ressources entrant dans la fabrication de technologies énergétiques propres augmente fortement. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale en minéraux tels que le lithium - essentiel pour les véhicules électriques - devrait tripler d'ici à 2030 et quadrupler d'ici à 2040.
Pour les pays en développement riches en ressources, cette hausse est l'occasion d'accroître la prospérité, de réduire la pauvreté et de favoriser le développement durable.
Pourtant, comme l'a souligné le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, lors d'une réunion de haut niveau le 13 novembre, « nous voyons trop souvent les erreurs du passé se répéter dans un élan de cupidité qui accable les populations pauvres ».
Pour répondre à ces préoccupations, M. Guterres a mis en place un groupe sur les minéraux essentiels à la transition énergétique, dont deux des quatre axes de travail sont dirigés par la CNUCED.
Exploiter le potentiel au-delà des exportations de matières premières
Rebeca Grynspan, chef d’ONU Commerce et Développement, a fait écho aux remarques de M. Guterres, soulignant le risque que les minéraux essentiels - comme d'autres produits de base - ne créent un « piège du développement » pour les pays vulnérables et riches en ressources.
Près de la moitié des pays membres des Nations unies sont dépendants des matières premières, qui représentent plus de 60 % de leurs recettes d'exportation. Cette dépendance concerne 66 % des petits États insulaires en développement, 83 % des pays les moins avancés et 85 % des pays en développement sans littoral.
Pour exploiter pleinement le potentiel des minéraux essentiels et éviter les pièges de la dépendance, les pays en développement riches doivent d'urgence progresser dans les chaînes de valeur mondiales.
L'Afrique, par exemple, détient plus d'un cinquième des réserves mondiales de métaux essentiels à la transition énergétique, mais une grande partie de la fabrication à valeur ajoutée dans le domaine des technologies vertes se fait ailleurs. Le continent ne tire que 40 % de ses revenus potentiels des minerais essentiels et ne détient que 1 % de la capacité photovoltaïque mondiale.
De même, aucun pays d'Afrique ou d'Amérique latine n'est un acteur majeur dans la production ou le commerce de matériaux essentiels aux batteries des véhicules électriques.
Saisir toute la valeur des technologies propres
Actuellement évalué à 325 milliards de dollars, le marché des minéraux critiques pourrait atteindre 700 milliards de dollars d'ici 2040, selon les projections de l'AIE. Toutefois, le secteur des technologies propres - y compris les véhicules électriques, les batteries et les panneaux solaires - représente déjà 700 milliards de dollars et pourrait atteindre 3,300 milliards de dollars d'ici à 2035.
Cela signifie que le marché de ces minéraux ne représente qu'un cinquième du marché des technologies qu'ils permettent de mettre en œuvre - un écart qui pourrait encore se creuser. Cette disparité souligne la nécessité pour les pays en développement d'aller au-delà des exportations de minerais bruts et de progresser dans les chaînes de valeur des technologies propres.
Quatre actions clés pour une transition énergétique juste
Mme Grynspan a présenté quatre actions clés pour aider les pays en développement riches en ressources à maximiser les avantages des minéraux essentiels :
- Investir dans les infrastructures et la diversification de la production : les pays du Sud souffrent d'un déficit d'investissement de 225 milliards de dollars dans des projets d'exploitation de minerais essentiels.
- Pratiques commerciales équitables et accès au marché : actuellement, les droits de douane sur les technologies propres sont en moyenne deux fois plus élevés que ceux sur les combustibles fossiles.
- Transparence et bonne gouvernance : des institutions fortes, des réglementations transparentes et une gouvernance locale sont essentielles pour garantir que les bénéfices des richesses minérales critiques atteignent les populations.
- Partage des connaissances : le développement technologique est extrêmement rapide, mais le transfert de technologie reste très lent.
« La transition énergétique représente une opportunité historique », a déclaré Mme Grynspan. « Saisissons ce moment. Travaillons ensemble pour construire un avenir où les minéraux essentiels deviendront un catalyseur de la prospérité, sans laisser personne de côté ».