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Objectifs de développement : quels progrès ont fait les pays pendant la pandémie de COVID-19 ?

02 juillet 2021

L'édition 2021 du rapport SDG Pulse de la CNUCED présente en chiffres les progrès enregistrés en faveur des objectifs de développement durable et pour faire face aux défis globaux.

Commuters in Ho Chi Minh City, Vietnam
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Commuters in Ho Chi Minh City, Viet Nam. COVID-19 lockdowns led to a record 7% drop in global CO2 emissions in 2020. Unsplash/Nikolay Likomanov

La mise à jour du rapport SDG Pulse de la CNUCED, publiée le 2 juillet, montre à quel point la crise sanitaire de la COVID-19 a exacerbé en 2020 de nombreux déséquilibres. Ainsi les progrès vers les objectifs de l'Agenda 2030 pour le développement durable ont été retardés.

Ce rapport présente une analyse détaillée d’une série d'indicateurs autour des objectifs de développement durable (ODD) ainsi que d'autres objectifs relatifs au commerce, à l'investissement, au financement du développement, à la dette, au transport ou encore à la technologie.

« Après huit ans d’efforts vers la mise en œuvre de l'Agenda 2030, alors que la pandémie de COVID-19 met le système mondial à l'épreuve, des décisions basées sur les faits sont essentielles pour mettre en œuvre des politiques efficaces », a déclaré Isabelle Durant, Secrétaire générale par intérim de la CNUCED.

Le rapport permet également d'illustrer l'importante contribution de la CNUCED à la mise en œuvre des ODD, en réponse directe aux demandes des pays.

« C'est un outil formidable pour tous ceux qui s'intéressent au développement durable. Nous publions ces toutes dernières statistiques et analyses avec des messages clés, des graphiques interactifs et des données facilement téléchargeables", a déclaré Steve MacFeely, statisticien en chef de la CNUCED.

La COVID-19 a durement frappé les pays vulnérables

La pandémie a frappé durement les économies structurellement faibles et vulnérables telles que celles des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral (PDSL) et des petits États insulaires en développement (PEID), effaçant ainsi les avancées socio-économiques qui avaient été difficilement acquises.

L'année 2021 a vu par conséquent l'émergence d'un nouvel agenda pour le multilatéralisme, faisant appel à un accès pour tous aux vaccins et aux ressources pour lutter contre la pandémie et assurer une reprise économique plus équitable.

Selon plusieurs dirigeants, les politiques et stratégies de relance doivent se concentrer sur le renforcement de la résilience des pays aux chocs externes en s'attaquant aux problèmes de développement persistants et émergents auxquels sont confrontés les pays en développement.

Conséquences économiques de la COVID-19

Le protectionnisme était déjà en train de gagner du terrain avant que la pandémie ne frappe l’économie mondiale.

Alors que le commerce mondial diminuait dès le printemps 2020, de nombreux gouvernements ont imposé des barrières aux exportations de produits médicaux et abaissé les droits de douane sur les importations de produits agricoles afin de maximiser l'approvisionnement en biens essentiels sur les marchés nationaux.

Le choc économique qui en a découlé a eu de nombreuses répercussions. La dette extérieure, par exemple, a atteint un niveau record en 2020, atteignant 31 % du PIB dans les économies en développement.

À titre de comparaison, les flux d'investissements directs étrangers ainsi que l'aide publique au développement en direction des pays qui en ont le plus besoin – les PMA, les PDSL et les PEID – ont poursuivi leur trajectoire descendante. 

Les années les plus chaudes malgré une baisse des émissions de CO2

Les revers subis par l'économie en 2020, notamment en ce qui concerne la demande d'énergie, le tourisme et les transports, ont entraîné une baisse de 7 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) – la plus forte baisse jamais enregistrée.

Cette baisse, bien que battant tous les records, n'a pas pour autant permis d’atteindre l'objectif le plus bas de l'Accord de Paris sur le climat, soit une réduction de près de 8 % par an, définie comme nécessaire pour atteindre d'ici à 2030 la limitation du réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la baisse des émissions en 2020 ne se traduit que par une réduction de 0,01 °C du réchauffement climatique d'ici à 2050.

Des mesures décisives seront donc nécessaires pour maintenir les émissions à un niveau bas.  Mais les émissions de CO2 liées à la consommation et à la production d'énergie avaient déjà commencé à rebondir dès décembre 2020. L’Agence internationale de l'énergie (AIE) s'attend à ce qu'elles augmentent de près de 5 % en 2021 au vu de l’actuelle reprise économique.  

Boom du commerce électronique en 2020

Selon la CNUCED, les ventes du commerce électronique représentaient 26 700 milliards de dollars en 2019, soit environ 30 % du PIB mondial. Ce chiffre comprend les ventes d'entreprise à entreprise (B2B) et d'entreprise à consommateur (B2C).

Avec les fermetures et restrictions mises en place pour combattre la pandémie et l'augmentation du télétravail, la part des ventes au détail en ligne dans le total des ventes au détail a bondi de 3 points de pourcentage en 2020, selon des données préliminaires. 

L'indice du commerce électronique B2C de la CNUCED aide les pays à se faire une idée de leur état de préparation au commerce électronique. Parmi les 20 économies ayant obtenu les scores les plus bas en 2020, 18 étaient des PMA. Ceci suggère qu'elles ne sont pas prêtes pour se lancer dans le commerce électronique et ainsi saisir d'autres opportunités de développement découlant des technologies de l'information et de la communication.

Au cours des dernières années, la CNUCED a analysé plus en détail ces questions au niveau national à travers  27 évaluations de l'état de préparation au commerce électronique.

L’isolement est un handicap mais il peut être surmonté

La section spéciale "In Focus" du rapport analyse l'isolement en tant que défi pour le développement durable, afin d'aider les pays à réfléchir aux moyens de réduire les distances géographiques.

La CNUCED propose un indice composite afin d'examiner de manière exhaustive les implications de cet isolement. Cet indice permettra d'orienter les politiques visant à améliorer la connectivité par des moyens numériques, socioculturels et politiques. L'analyse montre que neuf pays parmi les dix les plus isolés sont des PEID.

La forte corrélation négative de l'indice des capacités productives de la CNUCED avec les faibles scores de connectivité de l'indice d'isolement (ρ = -0,75), montre qu'une mauvaise connectivité peut être même plus dommageable que l'isolement géographique (ρ = -0,49).

Ce dernier pourrait être en partie compensé par des investissements dans les transports et dans la connectivité sociopolitique et numérique. Il est crucial que les pays en développement placent au centre de leurs politiques et stratégies nationales la promotion des capacités productives à l'échelle de l'ensemble de leur économie, afin de renforcer leur résilience aux chocs.

Outre les capacités productives, l'isolement présente une corrélation négative avec le PIB par habitant, les inégalités de revenus et le développement humain, et une corrélation positive avec les inégalités entre les sexes et la vulnérabilité économique et environnementale.

Une analyse plus approfondie des vulnérabilités et des atouts économiques, sociaux et environnementaux des PEID est fournie dans le rapport Développement et mondialisation : Faits et chiffres 2021 de la CNUCED.

Œuvrer pour le développement durable et la prospérité pour tous

Le rapport SDG Pulse montre que la plupart des projets de la CNUCED sont rattachés à l’ODD 17 sur les partenariats, l'ODD 9 sur l'industrie, l'innovation et les infrastructures, l'ODD 15 sur la vie sur terre et l'ODD 8 sur le travail décent et la croissance économique.

Par exemple, le programme SYGADE de gestion de la dette et d'analyse financière de la CNUCED a formé environ 6 000 personnes au cours des dix dernières années pour renforcer les compétences des agents en charge de la gestion de la dette nationale. Cette formation contribue à améliorer la transparence et la qualité des rapports sur la dette pour en permettre une meilleure gestion.

Le rapport fait également état des progrès réalisés par rapport aux indicateurs des ODD dont la CNUCED est dépositaire. Conjointement avec ses partenaires et ses États membres, l'organisation a élaboré des concepts et des méthodologies pour tous les indicateurs dont elle est dépositaire, y compris pour l'indicateur 16.4.1 des ODD sur les flux financiers illicites. Douze pays africains et six pays asiatiques sont actuellement en train de tester des méthodes pilotes pour cet indicateur.

Mme Durant a déclaré que le rapport SDG Pulse ainsi que les indices développés par la CNUCED sur le commerce électronique B2C, les capacités productives et l'éloignement sont « d'excellents exemples de la manière dont la CNUCED peut apporter une valeur ajoutée aux États membres en les informant sur l’avancée des progrès et sur les défis auxquels le monde est aujourd'hui confronté ».