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Producteurs de maïs au Laos : Augmenter leurs revenus et réduire leur vulnérabilité

24 novembre 2020

Une récente étude de la CNUCED identifie trois moyens d’augmenter les revenus des petits exploitants agricoles de ce pays enclavé d'Asie du Sud-Est.

Bien que le riz reste incontestablement la culture la plus importante en République démocratique populaire lao, le gouvernement a mis la production durable de maïs au cœur de sa stratégie de développement socio-économique.  

Stimulé par la hausse des revenus qu’enregistre cette région, l'appétit croissant pour la viande a permis d’y développer un marché florissant de l'alimentation pour animaux, dont le maïs est un des ingrédients principaux.

Situé entre la Chine, la Thaïlande et le Vietnam, le Laos est idéalement placée pour tirer profit de ce commerce régional. Sur ce constat, une étude de la CNUCED jette un nouvel éclairage sur la chaîne de valeur du maïs dans ce pays enclavé.

Deuxième culture du pays, le maïs a une incidence importante sur le bien-être dans un pays où près d'un quart de la population vit pauvrement. Le taux de pauvreté est quatre fois plus élevé dans les communautés rurales que dans les zones urbaines.

L'étude, intitulée "Analyse de la chaîne de valeur du maïs destiné à l'exportation en République démocratique populaire lao", souligne quelles mesures pourraient aider les agriculteurs du pays à tirer une plus grande part de la valeur des exportations de maïs et soutenir les efforts de réduction de la pauvreté déployés par les autorités nationales et les partenaires au développement.  

"Si de nombreuses analyses ont été réalisées en vue d'améliorer la durabilité de la production de maïs au Laos, très peu de recherches ont été menées sur la manière d'aider les agriculteurs et les négociants à mieux tirer parti du potentiel à l’export", explique Rodrigo Cárcamo, économiste à la CNUCED.

"C'est pourtant un élément clef vers la réduction de la pauvreté. Il est en effet nécessaire pour créer des emplois et stimuler la croissance économique dans le pays".

Trois facteurs pèsent lourdement sur les revenus

L'étude est basée sur les données d'une enquête de terrain menée entre mai et juin 2019. Celle-ci a permis de recueillir des informations sur plus de 180 agriculteurs et 165 négociants agricoles dans trois provinces : Xiengkhuang au nord-est et Xayaboury et Oudomxay au nord-ouest, où la pauvreté est particulièrement prévalente.

L'auteur a identifié trois facteurs autres que la situation géographique qui pèsent lourdement sur les revenus des agriculteurs. Ces derniers gagnent plus s'ils vendent le maïs en grains plutôt qu'en épis, s'ils font partie d'une coopérative et s'ils sont moins limités financièrement.

Cárcamo, auteur principal du rapport, explique que "moins de contraintes financières" signifie qu'un agriculteur a accès à des installations de stockage et n'emprunte pas à des négociants pour acheter des intrants tels que semences et engrais.

"Notre analyse suggère que les facteurs que nous avons identifiés ont un impact important sur les moyens de subsistance des agriculteurs", dit-il.

Par exemple, ceux qui vendaient le maïs en grains gagnaient en moyenne 41 dollars par tonne de plus que ceux qui le vendaient en épis. Comme les agriculteurs ayant participé à l'étude ont vendu en moyenne près de 16 tonnes de maïs par an, cela représente 655 dollars supplémentaires chaque année.

"C'est beaucoup d'argent si l'on considère que l'agriculteur moyen du groupe étudié gagne 3 622 dollars par an", a déclaré M. Cárcamo.

De même, ces résultats montrent que les agriculteurs des coopératives gagnent près de 21 dollars par tonne de plus que ceux qui n'en font pas partie, si l'on considère tous les autres facteurs étudiés.

"Les coopératives permettent aux agriculteurs d'acheter des intrants en gros à des prix plus bas et les aident à accéder au crédit", explique M. Cárcamo. "Mais surtout, l'agriculteur a plus de poids face aux négociants locaux lors de la vente de ses produits".

L'étude souligne que de nombreux agriculteurs du Laos vendent leur maïs juste après la récolte parce qu'ils ont besoin d'argent immédiatement ou n'ont pas accès à des installations de stockage. Cette situation est regrettable car les prix à la vente sont plus élevés quand le maïs est vendu après stockage.

"Un stockage adéquat du maïs séché réduit le risque de dommages causés par des parasites et des champignons. Tout comme être membre d’une coopérative, pouvoir stocker donne aux agriculteurs un plus grand pouvoir de négociation face aux acheteurs", déclare M. Cárcamo. "Malheureusement, près d'un quart des personnes impliquées dans l'étude n'ont pas accès aux installations de stockage". 

Autre conclusion importante, les agriculteurs qui reçoivent les intrants de négociants gagnent en moyenne entre 6 et 8 dollars de moins par tonne de maïs. Cela s'explique par le fait qu'ils ont obtenu ces intrants et les semences à crédit - pour un taux d'intérêt mensuel moyen de 2,5%, selon l'étude - et qu'ils remboursent en cédant au négociant une partie de leur récolte.

L'auteur conclut qu'un meilleur accès au financement augmenterait considérablement la capacité des agriculteurs à conserver leur maïs après la récolte.

Conclusions

L'étude soulève d'importantes questions sur les facteurs qui limitent aujourd’hui le financement rural au Laos.

"Les résultats confirment l'importance de l'adhésion aux coopératives et de l’accès au crédit pour que les agriculteurs puissent investir dans des biens d'équipement, tels que des installations de stockage, et pour acheter des intrants de manière compétitive", déclare M. Cárcamo

"La collecte des données permettant d’identifier les facteurs qui limitent le financement rural dans le pays sera essentielle pour concevoir des politiques efficaces".

L'étude a été réalisée dans le cadre d'un projet de la CNUCED visant à aider les pays en développement enclavés et dépendants de produits de base à s'intégrer dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

"Ce projet nous permettra de développer le secteur du maïs en République démocratique populaire lao. Il nous aidera à l'avenir à mieux concevoir, mettre en œuvre et évaluer les politiques dans ce domaine", a déclaré Xaysomphet Norasingh, directeur général du département de promotion commerciale du ministère de l'industrie et du commerce.

Et d’ajouter : "Une meilleure disponibilité des données ainsi qu'une analyse quantitative de la chaîne de valeur du maïs destiné à l'exportation sont importantes pour soutenir le développement du secteur dans le pays".

Outre le maïs au Laos, le projet analyse les chaînes de valeur pour les exportations de café torréfié en Éthiopie, de viande rouge en Mongolie et de fruits secs en Ouzbékistan.