Les nations les plus vulnerables du monde sont confrontées à de nombreux obstacles, notamment l'explosion de la dette, la marginalisation des exportations, la pauvreté énergétique et la vulnérabilité climatique.
Environ 1,1 milliard de personnes vivent dans les pays les moins avancés (PMA), qui sont confrontés à des défis de développement considérables.
Le groupe des PMA, qui comptait initialement 25 pays en 1971, a atteint un sommet de 52 pays en 1991 et en compte 46 aujourd'hui. Seuls six pays ont réussi à sortir de cette catégorie.
"Les vulnérabilités des PMA ont évolué depuis que les Nations unies ont créé cette catégorie il y a cinq décennies, mais ils continuent de faire face à des obstacles majeurs qui bloquent leur développement durable", a déclaré Paul Akiwumi, directeur de la CNUCED pour l'Afrique et les pays les moins avancés.
Il s'agit notamment de l'explosion de la dette, de la marginalisation des exportations, de la pauvreté énergétique et de la vulnérabilité climatique.
1. L'explosion de la dette
Avant même la pandémie de COVID-19, la CNUCED avait mis en garde contre l'endettement croissant des PMA, qui compromet leur capacité à fournir des services de base, tels que les soins de santé et l'éducation.
Leurs dettes n'ont pas seulement augmenté, elles sont aussi devenues plus coûteuses et plus risquées. Entre 2011 et 2019, le service de la dette des PMA a plus que triplé pour atteindre 33 milliards de dollars, ce qui représente entre 5 et 13 % de la valeur de leurs exportations.
La pandémie a exacerbé la situation, puisque le remboursement de la dette des PMA devrait atteindre 43 milliards de dollars en 2022.
Un tel fardeau compromettra leurs efforts de redressement COVID-19 et sapera les fonds publics nécessaires pour lutter contre la pauvreté et investir dans les infrastructures essentielles, telles que les routes et les hôpitaux.
2. La marginalisation des exportations
Les PMA restent également marginalisés dans le commerce mondial. Leur part des exportations mondiales de marchandises oscille autour de 1 % seulement depuis 2010.
Et leurs principales exportations les rendent très vulnérables aux crises et aux chocs mondiaux.
Bien que plusieurs PMA aient élargi leur base d'exportation, 38 d'entre eux restent dépendants des produits de base. Ils dépendent de produits primaires comme le cuivre, le coton et le pétrole pour plus de 60 % de leurs exportations de marchandises.
Les marchés mondiaux des produits de base sont très volatils et lorsque les prix s'effondrent, les exportations, les emplois et les recettes publiques s'effondrent également.
Cette volatilité constitue une menace sérieuse pour de nombreux PMA, notamment pour les denrées alimentaires et le carburant. L'impact de la guerre en Ukraine sur les prix mondiaux de ces deux produits est un rappel brutal.
3. La pauvreté énergétique
Les calculs de la CNUCED montrent que plus de la moitié des habitants des PMA n'avaient toujours pas accès à l'électricité en 2019. Environ 570 millions d'hommes, de femmes et d'enfants de ces pays n'ont pas de lumière le soir pour lire et ne sont pas en mesure de charger un téléphone portable.
La situation est pire dans les zones rurales, où environ deux tiers de la population (458 millions de personnes) vivent sans électricité.
Et là où l'électricité est disponible, comme dans les grandes villes, l'accès est souvent peu fiable.
L'accès à l'énergie est plus important que jamais alors que les PMA tentent de se remettre de la crise du COVID-19. Par exemple, sans électricité fiable, les hôpitaux ne peuvent pas réfrigérer les vaccins. Cela entrave les efforts de déploiement des vaccins.
4. La vulnérabilité climatique
Les PMA sont en première ligne de la crise climatique, même si leurs populations ont à peine contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre qui alimentent le réchauffement de la planète.
Au cours des cinq dernières décennies, ces nations vulnérables ont été le théâtre de 69 % des décès mondiaux causés par les catastrophes climatiques. Pourtant, leurs voitures et leurs industries n'ont produit que 1,1 % des émissions totales de CO2 dans le monde.
Même leur part par personne atteint à peine 9% de la moyenne mondiale. En 2019, l'empreinte carbone d'une personne vivant dans un PMA était 23 fois plus petite que celle d'une personne vivant dans un pays développé, comme les États-Unis ou une nation européenne.
Cet "apartheid climatique" signifie que les personnes les moins responsables du changement climatique sont les plus touchées par ses conséquences.
Une chance de redéfinir les stratégies de développement
La 5e conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA5) est l'occasion d'apporter aux PMA le soutien dont ils ont réellement besoin pour relever les défis du développement durable.
La PMA5 se déroule en deux parties. La première partie s'est tenue au siège des Nations unies à New York le 17 mars 2022, au cours de laquelle le programme d'action de Doha pour les pays les moins avancés a été adopté.
Il vise à garantir que les PMA soient placés en tête de l'agenda international, afin de rallier un soutien plus fort pour les aider à surmonter les défis structurels auxquels ils sont confrontés.
La deuxième partie se tiendra à Doha du 5 au 9 mars 2023, où les dirigeants mondiaux se réuniront avec la société civile, le secteur privé, les jeunes et d'autres parties prenantes pour élaborer de nouveaux plans et partenariats pour la mise en œuvre du programme d'action au cours de la décennie suivante.