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Transformer les promesses de la blockchain pour changer la vie des gens

02 mars 2021

La technologie utilisée pour les cryptomonnaies telles que le bitcoin pourrait contribuer au développement durable grâce à ses nombreuses applications, de l'assurance des récoltes aux chaînes d'approvisionnement en vaccins.

Une agricultrice dans le village de Prey Thom, au Cambodge. / © World Bank

Aya Miyaguchi, directrice exécutive de la Fondation Ethereum, s'est engagée à utiliser la blockchain. Son objectif : changer la vie des gens.

Sa fondation a utilisé cette technologie de pointe pour aider l'agence des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à mettre en place un fonds de collecte des dons libellés en cryptomonnaies, comme le bitcoin, pour financer ses projets.

Elle pense que la blockchain peut révolutionner le travail en faveur du développement en accroissant la transparence et la responsabilité financières et en générant d'importantes économies en temps et en argent.

"Avec l'UNICEF, nous exploitons les perspectives qu’offre la blockchain pour améliorer l'accès aux besoins, aux droits et aux ressources essentiels", a-t-elle déclaré.

"Notre écosystème est pilote dans de nombreux domaines et nous continuons à nous concentrer sur les domaines où l'on a le plus besoin de nous".

En termes simples, la blockchain crée un registre numérique fiable, décentralisé et sécurisé de toutes les transactions effectuées entre deux membres du réseau. C'est sur cette technologie que sont basées les cryptomonnaies. Ses applications sont en rapide évolution dans notre société de plus en plus numérisée.

L'équipe de Mme Miyaguchi a mis au point le deuxième plus important réseau de blockchain - Ethereum. Sa cryptomonnaie d’origine, Ether, est la deuxième monnaie numérique la plus connue après le bitcoin.

De l'assurance des récoltes aux chaînes d'approvisionnement pour lutter contre la COVID-19

Outre le Cryptofund de l'UNICEF, la Fondation Ethereum a également contribué à la création d'OS City, une plateforme qui propose des solutions de blockchain pour aider les gouvernements à gagner en confiance et à réduire la corruption, déployant ainsi une technologie qui change la donne au profit du secteur public.

La fondation soutient également un projet visant à assurer les récoltes des petits exploitants agricoles du Kenya, assurance basée sur la blockchain.

D'autres projets mis en œuvre par Ethereum font leur apparition dans d’autres domaines tels que les chaînes d'approvisionnement en vaccins COVID-19, les soins de santé, l'aide financière et les réseaux d’économiques circulaires, a déclaré Mme Miyaguchi lors de la Commission des Nations Unies sur la science et la technologie pour le développement (CSTD) le 20 janvier 2021.

Accueillie par la CNUCED, la CSTD est l’organe central des Nations Unies pour la science, la technologie et l'innovation (STI) au service du développement. Ses réunions sont l’occasion d’explorer les tendances dominantes en matière de STI dans les secteurs clés de l'économie, en attirant l'attention sur les technologies tant émergentes que surprenantes.

1,4 million de personnes détiennent des cryptomonnaies en Afrique

D'autres experts du panel de la CSTD ont souligné l'adoption croissante de la blockchain pour stimuler le développement dans différentes parties du monde.

Yele Bademosi, directeur général de Bundle Africa et partenaire fondateur de Microtraction, a souligné que la demande est à la hausse en Afrique, qu’il s’agisse de cryptomonnaies ou d'autres produits à base de blockchain.

En Afrique, selon lui, la technologie est principalement utilisée pour les transactions internationales et comme moyen d'échange ou encore comme réserve de valeur. Elle alimente également les services de transfert d'argent par téléphone mobile, ce qui renforce l'inclusion financière sur le continent.

"Une population jeune, une forte pénétration des connexions mobiles et une infrastructure bien établie sont les principaux facteurs qui contribuent à l'accélération de l'adoption des monnaies numériques et de la blockchain en Afrique", a déclaré M. Bademosi.

Et d’ajouter que les services basés sur la blockchain offrent des perspectives illimitées sur le continent et pourraient contribuer à renforcer la prospérité économique. En Afrique aujourd’hui, 1,4 million de personnes détiennent des cryptomonnaies.

Prometteuse mais déconnectée de l'économie réelle

Selon un document de la CNUCED, la blockchain pourrait être utilisée dans de nombreuses applications servant le développement durable, mais son innovation se concentre actuellement sur des applications financières déconnectées de l'économie réelle.

"Pour la plupart des innovations dans ce domaine, l'objectif est de tirer profit en prélevant des rentes via des intermédiaires financiers, réalisant ainsi des gains spéculatifs sur des actifs crypto-financiers au lieu de créer une valeur réelle par le biais de nouveaux produits et services", indique le document.

Il avertit qu'un tel comportement, combiné à l'absence de réglementation et au rythme effréné de l'innovation, peut faire naître des bulles financières spéculatives, et conduire à leur éclatement.

Par exemple, au début du mois de février, le prix du bitcoin a atteint des niveaux inégalés, grimpant à près de 60 000 dollars par unité, avant de retomber à environ 50 000 dollars quelques semaines plus tard. Mais il pourrait s’apprécier plus encore.

Ne pas rater la vague

Selon le Rapport sur la technologie et l'innovation 2021 de la CNUCED, les technologies de pointe telles que la blockchain pourraient promouvoir le développement si les gouvernements adoptent des politiques qui maximisent leurs avantages potentiels tout en atténuant leurs effets négatifs.

Sinon, elles pourraient bien creuser les inégalités existantes, comme ce fut le cas lors des précédentes vagues de changements technologiques.

Le rapport observe que la blockchain est potentiellement une technologie clé dans un nouveau paradigme technologique d'automatisation croissante et d'intégration des mondes physiques et virtuels, avec l'intelligence artificielle, les robots et l'édition génétiques, entre autres.

Avec un tel scénario, alors que nous sommes au tout début de l’émergence de ce nouveau paradigme, note la CNUCED, l'impact réel à long terme de ces technologies sur l'économie, les sociétés et l'environnement reste imprécis.

Lors de périodes similaires au cours des révolutions technologiques précédentes, des possibilités nouvelles se sont offertes à certains pays en développement pour rattraper leur retard et à d'autres pour aller de l'avant.

C'est pourquoi la CNUCED exhorte les gouvernements des pays en développement à renforcer leurs systèmes d'innovation afin qu’ils se positionnent stratégiquement pour bénéficier de cette nouvelle vague de changements technologiques.

Dans son rapport, la CNUCED décrit comment les pays en développement peuvent rattraper leur retard et aller de l'avant dans le domaine de la blockchain et autres technologies de pointe, tout en continuant à diversifier leurs bases de production.

Selon le rapport, malgré le constat de certains effets négatifs associées à ces technologies, comme la possible aggravation des inégalités, l'élargissement de la fracture numérique et la perturbation de la cohésion sociopolitique, elles pourraient toutefois contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (SDG) des Nations Unies.