MACHINE NAME = WEB 2

Un entrepreneur zambien exploite le coton au-delà de sa fibre

28 mai 2021

La CNUCED soutient les efforts de valorisation des produits dérivés du coton en Afrique orientale et australe en vue d’améliorer la rentabilité des pratiques agricoles dans la région.

© Cotton Association of Zambia

La Zambie produit quelque 55 000 tonnes de coton brut chaque année.

Après transformation, elle exporte la majeure partie de sa fibre brute sans lui ajouter de valeur. Elle importe par ailleurs la plupart des produits en coton hydrophile absorbant, tels qu’oreillettes et cotons-tiges.

Cette situation prive les entrepreneurs du pays des débouchés commerciaux qu’offre la transformation de la fibre brute de cette matière première.

Un entrepreneur zambien est pourtant déterminé à faire évoluer cette situation.

L'entreprise de Carrivorious Simasinti, Premier Multipurpose Cooperative Society Limited, transforme le coton brut en peluche en ouate absorbante à usage chirurgical et sanitaire.

Fondée en 2016, l'entreprise a développé son activité pour répondre à la demande croissante de produits en ouate absorbante en Zambie et dans la partie australe de l'Afrique.

« Nous développons nos activités à valeur ajoutée pour tirer parti des opportunités croissantes sur ce marché », a déclaré M. Simasinti.

Optimiser la valeur du coton

Carrivorious in a cotton field in India
M. Simasinti (à gauche) lors de la visite d'étude en Inde

Un projet mené par la CNUCED a permis d’aider M. Simasinti à développer la transformation du coton et à créer plus de valeur grâce à la commercialisation de produits dérivés du coton en Afrique orientale et australe.

Ce projet lui a donné les moyens, ainsi qu'à d'autres, de débloquer les opportunités commerciales qu’offre la demande en produits dérivés du coton.

Entre autres activités, le projet comprenait une visite d'étude en Inde effectuée en 2019 avec des producteurs de coton d'Ouganda, de Zambie et du Zimbabwe, dont M. Simasinti.

Celui-ci a visité une petite usine de coton hydrophile, rentable et d’une taille proche de la sienne, et équipée de machines reconditionnées.

"J'en ai appris davantage sur les outils de production et sur la production de divers produits dérivés du coton", a-t-il déclaré.

Il a également découvert comment tirer profit des résidus de coton, par exemple grâce à la fabrication de briquettes combustibles avec les tiges du coton, par la production de coton absorbant à partir de fibres usées ou encore de farine de graines de coton pour nourrir volailles et autres animaux non-ruminants.

De ses échanges avec le propriétaire de l'usine indienne, il a retenu des conseils très utiles sur la gestion et le marketing de son activité. Il est aussi reparti avec les contacts de ses fournisseurs en machines d'occasion.

En plus de son travail acharné et de son ingéniosité, cette expérience lui a permis d’élaborer un plan d'investissement détaillé, basé en grande partie sur l'importation de machines d'occasion pour lesquelles il a pu identifier un fournisseur en Chine.

Moderniser son usine

Cotton plant
Un ouvrier de l'usine de M. Simasinti traite de la ouate chirurgicale.

Avec le soutien financier de divers investisseurs, M. Simasinti a entrepris en septembre de l'année dernière de moderniser son usine qu’il avait au départ équipée avec des machines de fortune. Les machines du fournisseur chinois ont permis d’améliorer sa productivité et la qualité de ouate chirurgicale produite.

Aujourd'hui, l'usine produit en moyenne 7 200 kilos de ouate chirurgicale par mois, dont 70 % sont vendus localement et 30 % exportés vers les pays voisins par ses commerciaux.

Grâce à l’amélioration de sa productivité, M. Simasinti a créé 11 emplois supplémentaires dans l'usine. La plupart de ses 21 employés travaillent au traitement du coton, au séchage, à l'emballage comme à d'autres étapes du cycle de production.

Il a également passé des contrats avec 119 agriculteurs pour l’approvisionnement en coton brut nécessaire au fonctionnement de son usine dans le cadre d'un nouveau « programme d'aide aux cultivateurs sous-traitants » qui n’était pas encore en place lors de la visite d’étude.

Les contrats de plantation sont un modèle de production standard dans de nombreux pays africains. Selon les termes de ces contrats, les agriculteurs s'engagent à cultiver et à vendre leur coton à un acheteur, en échange de la fourniture par ce dernier d'intrants agricoles et d'une certaine formation pendant la saison de culture.

Les agriculteurs ont planté 250 hectares de champs de coton et devraient produire 150 tonnes de coton graine soit une moyenne de 600 kilogrammes par hectare.

Un iumpact positif de la COVID-19

Dans le sillage de la COVID-19, l'entreprise de M. Simasinti a constaté une augmentation de la demande de ses produits à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

« La demande est si forte que tous nos produits sont en rupture de stock » a-t-il déclaré.

La plupart de ses clients sont des sociétés pharmaceutiques, des pharmaciens et des grossistes de Lusaka, la capitale zambienne. Sa ouate de coton est également utilisée dans les hôpitaux publics.

L'entreprise atteint désormais un revenu annuel de 72 000 dollars, soit un bond de 92 % de ses revenus depuis la visite d’étude. Mais M. Simasinti estime qu’elle pourrait générer davantage si elle résolvait certains problèmes.

Il s'agit notamment de la faible disponibilité des matières premières et du manque de machines adaptées à certains processus de production, comme le séchage du coton pendant la saison des pluies.

L'entreprise ne dispose pas non plus de moyens de transport pour les livraisons et la supervision des activités du programme des cultivateurs sous-traitants.

M. Simasinti recherche des fonds pour acquérir des machines de pointe afin d'intensifier la production de son entreprise et d'en augmenter les bénéfices.

« Nous aimerions investir dans notre propre égreneuse et étendre notre programme de cultures satellites pour obtenir davantage de matières premières », a-t-il déclaré.

L'amélioration des activités de transformation pourra augmenter également les revenus des agriculteurs et contribuera à redynamiser la chaîne de valeur du coton dans le pays.