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À la suite des réformes fiscales engagées aux Etats-Unis, qui incitent les entreprises américaines à rapatrier leurs bénéfices, les investissements en Europe chutent à leur plus bas niveau en 15 ans


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2019/017
À la suite des réformes fiscales engagées aux Etats-Unis, qui incitent les entreprises américaines à rapatrier leurs bénéfices, les investissements en Europe chutent à leur plus bas niveau en 15 ans
Des perspectives encourageantes, avec une légère croissance attendue cette année

Geneva, Suisse, 12 juin 2019

Selon le World Investment Report 2019 (Rapport sur l’investissement dans le monde, 2019) de la CNUCED, les investissements étrangers directs (IED) dans les pays développés ont reculé de 27 %, à 557 milliards de dollars, ce qui marque leur troisième année consécutive de baisse.

Pour James Zhan, Directeur de la Division de l’investissement et des entreprises de la CNUCED, « malgré la baisse sensible observée l’année dernière, les perspectives sont plutôt encourageantes, avec une légère croissance attendue cette année ».

« Nous nous attendons à un rebond en Europe. À en juger par l’augmentation des annonces de projets d’investissements dans la création de capacités, les IED amorcent une phase de reprise », a-t-il ajouté.

Si, en 2017, le recul des IED s’expliquait principalement par une faible activité de fusion‑acquisition, en 2018, il était la conséquence des réformes fiscales engagées aux États‑Unis, qui incitaient les entreprises multinationales américaines à rapatrier les bénéfices qu’elles avaient accumulés en Europe.

À l’opposé, les opérations internationales de fusion-acquisition des entreprises multinationales américaines ont atteint un nouveau pic. Elles n’ont toutefois pas suffi à compenser la baisse induite par le rapatriement des bénéfices.

Europe

En Europe, les entrées d’IED ont été réduites de moitié et ramenées à 172 milliards de dollars.

Le rapatriement de bénéfices effectué par les multinationales américaines a eu de lourdes conséquences pour les pays européens hébergeant leurs services financiers, à l’exemple de l’Irlande, dont les entrées d’IED ont diminué de 65 millions de dollars, pour s’établir à ‑66 milliards de dollars, et de la Suisse, dont les entrées d’IED ont diminué de 126 milliards de dollars, pour s’établir à -87 milliards de dollars.

Parallèlement, on observait une reprise de l’activité de fusion-acquisition.

Alors que les achats d’actifs européens par des multinationales américaines ont plus que doublé, atteignant 172 milliards de dollars, les achats d’actifs des multinationales européennes ont plus que quadruplé, à 119 milliards de dollars.

Parmi les principales opérations figuraient l’acquisition de Sky (Royaume-Uni) par le conglomérat de télécommunication Comcast (États-Unis) pour 40 milliards de dollars et la fusion des entreprises de gaz industriels Praxair (États-Unis) et Linde (Allemagne) pour 32 milliards de dollars.

Au Royaume-Uni, les entrées d’IED ont chuté de 36 %, à 64 milliards de dollars. Il reste toutefois à savoir si le Brexit aura des effets durablement sensibles sur les IED.

Les entrées totales d’IED ont baissé, mais les réinvestissements de bénéfices ont augmenté de 73 %, s’élevant à 33 milliards de dollars. Les fusions-acquisitions internationales et les annonces de projets d’investissements dans la création de capacités enregistrées en 2018 sont de bon augure pour les IED dans le pays.

États-Unis

Aux États-Unis, les entrées d’IED ont diminué de 9 %, à 252 milliards de dollars, principalement en raison d’une contraction des prêts intragroupe (de -16 milliards de dollars à ‑62 milliards de dollars).

Cependant, grâce à une croissance économique soutenue, les IED ont généré un revenu plus important, estimé à 200 milliards de dollars, dont une part de 119 milliards (+28 % par rapport à 2017) restait aux États-Unis.

Les ventes nettes d’actifs américains à des investisseurs étrangers ont été réduites d’un tiers, à 199 milliards de dollars, dans une large mesure faute de méga‑transactions.

Australie

En Australie, les entrées d’IED ont bondi de 43 %, pour culminer à 60 milliards de dollars. En 2018, plus de la moitié des ventes nettes d’actifs a concerné des activités de finance et d’assurance (19 milliards de dollars), principalement des acquisitions de fonds communs de placement immobilier.

Les investissements dans les industries extractives, qui avaient atteint des niveaux records à la fin des années 2000, sont restés modestes. Cependant, ils sont plus rentables, la précédente envolée des investissements ayant été suivie d’un accroissement des exportations de produits de base.

Sorties d’IED

Les investissements extérieurs des pays développés ont reculé de 40 %, à 558 milliards de dollars.

Dans les pays européens, les sorties d’IED ont légèrement augmenté, tandis qu’aux États‑Unis, le désinvestissement net a représenté 64 milliards de dollars (soit une baisse des IED de 364 milliards de dollars par rapport à 2017), en raison du rapatriement de bénéfices.

Au Japon, les sorties d’IED ont fléchi de 11 %, mais sont restées importantes, à 143 milliards de dollars.

Hausse des investissements internationaux

Après avoir atteint des niveaux anormalement bas en 2018, les entrées d’IED en Europe devraient repartir à la hausse cette année.

La croissance économique est en perte de vitesse, mais les annonces de projets d’investissements dans la création de capacités et d’opérations de fusion-acquisition font prévoir une hausse des investissements internationaux.

La nouvelle livraison du World Investment Report contient aussi une analyse très détaillée des zones économiques spéciales à travers le monde.

Les pays développés ne comptent quasiment que des zones franches, dont l’intérêt économique, c’est-à-dire la contribution à l’économie du pays qui les héberge, est relativement limité, si ce n’est peut-être dans le cas des zones de commerce extérieur, aux États-Unis.

De grands constructeurs automobiles européens et japonais ont des usines dans des zones de commerce extérieur.

Figure 1 - Pays développés : Les 10 principaux bénéficiaires d’IED, 2017 et 2018
(En milliards de dollars)
(x) = classement en 2017
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019.
 
Figure 2 - Pays développés : Les 10 principaux apporteurs d’IED, 2017 et 2018
(En milliards de dollars)
(x) = classement en 2017
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Source : CNUCED, World Investment Report 2019.