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Minéraux essentiels : l'Afrique a les clefs d'un avenir énergétique durable

05 juin 2024

Les abondantes richesses minérales du continent offrent également la possibilité de générer des revenus pour les gouvernements, de financer le développement et d'améliorer les niveaux de vie.

A solar farm in Malawi
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© Shutterstock/Tukio | Une ferme solaire au Malawi.

Les vastes gisements africains de minéraux essentiels à la transition énergétique mondiale, tels que le cobalt, le cuivre et le lithium, peuvent alimenter un avenir énergétique durable, a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale d’ONU commerce et développement.

Elle s'est exprimée lors d'un événement organisé à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 4 juin dans le cadre des célébrations du 60e anniversaire de l'organisation. Lire son message.

Sous le thème « Maximiser le potentiel de l'Afrique : Tirer parti de la demande de minéraux essentiels pour stimuler la croissance inclusive et le développement durable » l’événement a permis d'explorer les moyens d'optimiser les avantages de ces minéraux pour le développement.

« Le cobalt, le manganèse, le graphite et le lithium ne sont pas seulement des éléments du tableau périodique », a déclaré Mme Grynspan. « Ils peuvent être les éléments constitutifs d'une nouvelle ère - alimenter nos maisons, conduire nos véhicules et connecter notre monde. Ils peuvent catalyser une révolution verte qui peut sortir des millions de personnes de la pauvreté et créer un monde plus juste ».

Mais pour concrétiser cette vision, a déclaré Mme Grynspan, le monde doit s'affranchir du passé et rejeter le modèle d'extraction qui a maintenu les pays riches en ressources dans la dépendance et la pauvreté.

« Nous devons au contraire adopter un nouveau paradigme qui donne la priorité à la création de valeur ajoutée au niveau national, favorise l'intégration régionale et renforce les capacités des communautés locales », a-t-elle ajouté.

La valeur ajoutée et la justice sont essentielles

Le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, Antonio Pedro, a déclaré que la valeur ajoutée issues des minerais essentiels en Afrique pourrait faire du continent un pôle compétitif pour l'industrialisation verte.

« Imaginez le potentiel si les minéraux africains sont transformés en batteries africaines, installées dans des voitures africaines qui circulent sur le continent et dans le monde entier », a-t-il déclaré.

« Cela accélérerait le déploiement des énergies renouvelables et l'électrification des systèmes de transport sur le continent, créerait des emplois décents et ferait de l'Afrique un pôle compétitif pour l'industrialisation verte », a ajouté M. Pedro.

Il a également appelé à la justice et à l'égalité dans la manière dont les minéraux sont exploités dans le cadre de la transition énergétique mondiale et du développement durable, soulignant qu'un boom minier qui ne profite pas à tous les membres de la société « nous ramènera à la case départ ».

La vice-présidente de la Commission de l'Union africaine, Monique Nsanzabaganwa, a souligné que l'exploitation des minerais essentiels au développement durable en Afrique nécessiterait une approche différente et stratégique dans l'élaboration des politiques afin de positionner le continent en tant que nouveau pôle de croissance mondiale.

« Outre le bon dosage des politiques, il faut également une structure et des systèmes internationaux équitables, en particulier en termes de réglementations et de règles », a-t-elle déclaré.

Elle a averti que certaines règles actuelles et futures menaçaient d'affecter les efforts des pays africains pour accroître et renforcer la valorisation et la création de valeur ajoutée sur le continent.

« Il serait absurde de ne pas faire confiance à nos systèmes de certification continentaux et de conditionner les minéraux africains pour se conformer à un autre system de certification juste pour revenir chez nous à des fins de valorisation ou de commerce entre nous », a-t-elle déclaré.

Un nouveau cap pour le développement

L'événement a rassemblé des dirigeants, des diplomates, des experts et des acteurs clés afin de tracer une nouvelle voie pour le développement de l'Afrique en explorant les moyens de mieux exploiter les richesses minérales essentielles du continent. 

L'Afrique abrite des réserves considérables de minéraux essentiels à la transition énergétique : 55 % du cobalt, 47,65 % du manganèse, 21,6 % du graphite naturel, 5,9 % du cuivre, 5,6 % du nickel, 1 % du lithium et 0,6 % du minerai de fer au niveau mondial.

Mais le continent n'a pas encore pleinement saisi les opportunités offertes par ses ressources naturelles. Les estimations montrent que les pays africains ne génèrent qu'environ 40 % des revenus qu'ils pourraient potentiellement tirer de ces ressources.

Dans le contexte actuel de crise mondiale, d'espace fiscal limité, de croissance lente et de dette élevée, les pays africains doivent maximiser les avantages financiers et de développement de ces ressources.

Les participants ont discuté des moyens d'améliorer la mobilisation des recettes et l'administration fiscale, de stimuler l'intégration de la chaîne de valeur régionale et d'augmenter les investissements dans les infrastructures, les compétences et l'innovation pour soutenir l'industrialisation basée sur les minéraux en Afrique tout en promouvant l'action climatique.

L'événement a ouvert la voie à d'autres discussions prévues lors du Forum des dirigeants mondiaux qui se tiendra du 12 au 14 juin à Genève, à l'occasion du 60e anniversaire d’ONU commerce et développement. (CNUCED).