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L’investissement à long terme exige des sources de financement adéquates


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2015/033
L’investissement à long terme exige des sources de financement adéquates

Geneva, Suisse, 6 octobre 2015

​L’économie mondiale regorge de liquidités et le coût de la dette n’a jamais été aussi bas. Pourtant, beaucoup de pays en développement peinent  à accéder aux sources internationales de financement pour réaliser des investissements productifs à long terme. Dans le Rapport sur le commerce et le développement, 20151, la CNUCED soutient qu’il faut mener une action publique résolue pour remédier à cette situation, sans quoi il sera impossible d’atteindre des objectifs de développement ambitieux.

Cette tâche ne peut être confiée entièrement aux marchés financiers. Il sera en effet crucial de faire appel aux institutions publiques spécialisées et à des mécanismes créés à cet effet. Comme l’a indiqué Mukisha Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED, « la plupart des grands programmes d'investissement qui ont été couronnés de succès ont réussi à bien associer les initiatives publiques et les initiatives privées sous une forme ou une autre, si bien que, fondamentalement, toutes les ressources financières consacrées au développement sont mixtes. Le plus important est de savoir qui combine ces ressources, comment et à quelle fin ».

Pour la CNUCED,  il convient de renforcer les banques de développement, expressément conçues pour compenser le "court-termisme" des flux de capitaux privés et des marchés. Aux niveaux international et régional, ces banques ont acquis des compétences et des connaissances solides, mais leur pouvoir d’action est entravé des capacités de prêt limitées.

Les banques de développement devraient se concentrer sur les projets qui ont des externalités positives et des retombées économiques et sociales bénéfiques à long terme, notamment les investissements dans les infrastructures ou le social, , ainsi que l'appui aux  petites et moyennes entreprises,  à des secteurs comme  l’agriculture, des activités, comme  l’innovation,  qui sont essentiels au développement, mais souvent jugés trop risqués par les investisseurs privés.

La coopération Sud-Sud pourrait constituer un moyen d’accroître le rôle des banques de développement, indique le  rapport. Les pays du Sud ont de le expérience et des  ressources qui pourraient être davantage exploitées. En Chine et au Brésil, trois banques nationales ont débloqué à elles seules des prêts d’un montant total de 1 762 milliards de dollars.

Les fonds souverains, qui détiennent plus de 7 000 milliards de dollars d’actifs, dont près de 6 000 milliards de dollars appartiennent à des pays en développement, sont une autre source susceptible d’accroître le financement à long terme. Cependant. la plupart d’entre eux, prennent les mêmes décisions que des investisseurs privés traditionnels quant à la composition de leur portefeuille. Si plus de la moitié des fonds souverains investissent dans des infrastructures (surtout dans les domaines de l’énergie, des transports et des télécommunications), les pays destinataires sont souvent des pays développés. En vue de tirer un meilleur parti de ces fonds, l’adoption de politiques visant à renforcer les capacités de gestion de projets dans les pays en développement pourrait contribuer à répondre aux critiques selon lesquelles les grands projets n’y seraient pas assez nombreux pour attirer les fonds souverains.

Les partenariats publics-privés ont attiré beaucoup d’attention en tant que moyen de financer des projets d’infrastructure lorsque le budget public est limité. Cependant, ils ont un bilan mitigé en matière  de prestation de services publics. Dans bien des cas, ils n’ont pas réellement créé de ressources financières supplémentaires : d’un point de vue comptable, les dettes au titre du budget en cours ont été réduites, mais les obligations et les passifs futurs ont augmenté. Par conséquent, même dans les pays en développement qui ont une longue expérience des partenariats publics-privés, la plus grande part de ses investissements en infrastructures demeure publique et non privée.

L’aide publique au développement (APD) continue de jouer un rôle essentiel dans la mobilisation de ressources, en particulier dans les pays en développement les plus pauvres et les plus vulnérables. En 2014, L’APD fournie par les membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques ne représentait que 0,29 % de leur revenu national brut en 2014, ce qui est loin de l’objectif de 0,7 % et en-deçà du pourcentage atteint au début des années 1990.

Pourtant, même cette estimation tend à être surévaluée, puisqu’elle tient compte de moyens d’APD qui n’apportent pas de flux financiers nets au pays destinataire, comme les dépenses internes du pays donateur et l’allégement de la dette.

Le rapport fait ressortir d’autres tendances en matière d’APD :
• Depuis 2008, moins de 40 % de l’APD totale du Comité d'aide au développement a été consacrée au développement de l’infrastructure économique et à d’autres activités productives;
• Il est de plus en plus commun d’associer APD et capitaux privés pour faire des investissements à long terme, l’idée étant de mobiliser davantage de ressources. L’utilisation de l’aide publique pour mobiliser des fonds privés doit cependant être envisagée avec prudence, afin d’éviter de privatiser les bénéfices tout en socialisant les pertes, sans réellement accroître pour autant le financement du développement;
• La coopération Sud-Sud est source de ressources supplémentaires et de nouvelles méthodes d’aide au développement. L’aide provenant de pays en développement représente une part de plus en plus grande de la coopération au développement, et elle est davantage orientée vers le développement d’infrastructures et les activités économiques.


Rapport: http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tdr2015_en.pdf
Aperçu général en anglais: http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tdr2015overview_en.pdf