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​Selon un rapport de la CNUCED, un ralentissement de l’économie mondiale ne pourra être évité que si les pays riches stimulent la demande


Communiqué de presse
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UNCTAD/PRESS/PR/2015/030
​Selon un rapport de la CNUCED, un ralentissement de l’économie mondiale ne pourra être évité que si les pays riches stimulent la demande

Geneva, Suisse, 6 octobre 2015

Selon le Rapport sur le commerce et le développement, 2015 de la CNUCED1, les pays riches doivent stimuler la demande, d’une faiblesse chronique, en augmentant les dépenses publiques et en relevant les salaires, afin de relancer leur économie et l’amener sur la voie d’une croissance durable.

La question de la « stagnation séculaire » (le fait pour les pays développés de connaître une longue période de faible croissance, indépendamment des cycles économiques normaux) est revenue au centre du débat. Mais on a globalement négligé le rôle de la diminution de la part salariale (de 10 points de pourcentage environ depuis les années 1980) et du creusement des inégalités de revenu dans la contraction de la demande de consommation et de l’investissement privé.

En 2015, le taux de croissance ne devrait être guère différent de celui enregistré en 2014 (2,5 %), si l’on en juge par la conjonction d’une légère accélération dans les pays développés, d’un modeste ralentissement dans les pays en développement et d’une baisse plus marquée dans les économies en transition. C’est bien moins que le taux de croissance d’avant la crise, de 4 % en moyenne.

Les taux de croissance nettement inférieurs à ceux d’avant la crise que l’on observe dans de nombreux pays développés, malgré des années de politique monétaire accommodante, constituent ce que la CNUCED appelle la « nouvelle norme ». Dans le monde d’aujourd’hui, financiarisé à l’excès, les mesures de relance ont bien trop souvent pour effet de faire gonfler les dettes privées et les prix des actifs, au point que les pays sont amenés à trouver un compromis entre une faible croissance à long terme et une situation d’instabilité financière. Selon M. Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED; « huit ans après la crise financière, il apparaît clairement que la voie vers un développement équitable et durable de l’économie mondiale n’a toujours pas été trouvée ».

Or, selon le rapport, si l’on en juge par les effets d’entraînement très positifs qu’une augmentation des dépenses publiques – par exemple en faveur des infrastructures – a produits dans des pays en stagnation économique, le renforcement de l’investissement public devrait être l’un des principaux remèdes à la stagnation séculaire actuellement observée dans les pays développés.

De plus, une politique favorable à la hausse des revenus entraînerait une augmentation de la demande, créerait des débouchés pour les investissements privés et aurait des retombées bénéfiques plus larges. En effet, si les salaires augmentaient, les cotisations de retraite seraient plus élevées, ce qui soulagerait les caisses de pension, et les ménages pourraient consommer plus sans creuser leur dette. Il est en outre établi que le relèvement des taux d’activité et d’emploi stimule la productivité, en créant un cercle vertueux de croissance de la demande et de l’offre.

Au milieu de l’année 2014, dans les pays développés, les décideurs ont eu l’impression que tout revenait à la normale. Une légère reprise de la croissance était prévue dans les années à venir, la zone euro affichait de nouveau des indicateurs positifs et le Japon paraissait sur le point de sortir de plusieurs années de stagnation économique.

Entre-temps, le chômage reculait aux États-Unis et la Réserve fédérale mettait fin à la politique d’assouplissement quantitatif; les prix du pétrole étaient en baisse et les chefs d’entreprise retrouvaient confiance.

Selon le rapport de la CNUCED, la croissance des pays développés devrait s’élever à 1,9 % environ en 2015, contre 1,6 % en 2014. Cette accélération s’explique par le dynamisme de la demande intérieure, fondé sur la hausse de la consommation des ménages, elle-même portée par la baisse des prix de l’énergie et par l’augmentation des prix de l’immobilier et des cours des actions. Elle a également été favorisée par la hausse de l’emploi dans un certain nombre de pays (notamment l’Allemagne, les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni).

Les politiques monétaires demeurent expansionnistes, comme il ressort des taux d’intérêt très bas dans tous les pays développés et des nouveaux programmes d’assouplissement quantitatif lancés dans la zone euro et au Japon. L’inflation devrait toutefois restée inférieure aux taux visés dans la plupart des pays développés, en partie parce que les banques rechignent à accorder des crédits et que les salaires demeurent peu élevés.

Aucun de ces facteurs ne semble propre à asseoir une croissance vigoureuse. De fait, les premiers signaux d’alerte sont apparus pendant l’été 2015.

Des doutes subsistent, en particulier, quant à la solidité de la reprise économique en Europe et au Japon. Même aux États-Unis, où cette reprise semble plus affirmée, les bilans des ménages restent fragiles et l’appréciation du dollar réduit la contribution des exportations nettes à la croissance du PIB. C’est pourquoi, semble-t-il, la Réserve fédérale a décidé de différer la « normalisation » des taux d’intérêt.

Le choix des seules politiques monétaires expansionnistes pour remédier à la contraction de la demande a conduit les entreprises à convertir leurs bénéfices en dividendes ou à les investir dans des actifs financiers, plutôt que dans des biens de production.

Le rapport de la CNUCED montre aussi qu’on ne saurait parvenir à une croissance équilibrée en s’en remettant entièrement à des « réformes structurelles » qui visent à corriger les rigidités dans les marchés des biens et services et du travail et à améliorer la compétitivité internationale. Le commerce mondial est toujours en plein marasme. Les exportations ne pourront contribuer à une reprise généralisée que si la demande mondiale augmente considérablement et que les pays en excédent s’engagent à faire plus.

Entre 2012 et 2014, le commerce mondial des marchandises a progressé à un rythme de 2 % à 2,5 % (très comparable à celui de la production mondiale), bien inférieur au taux moyen de 7,2 % par an enregistré en 2003-2007, avant la crise.

En 2014, il a quasiment stagné en prix courants (augmentant seulement de 0,3 %) en raison de la chute des prix des principaux produits de base. Selon des estimations préliminaires, le volume du commerce des marchandises augmentera légèrement en 2015, dans des proportions comparables au volume de la production mondiale.

En conclusion, si la stagnation séculaire est liée à la demande, les politiques visant à plafonner les revenus du travail et à maîtriser les dépenses publiques risquent d’aggraver le problème, et non de le résoudre.

Figure : Marchés financiers, avoirs des banques centrales et formation brute de capital fixe
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Source : Thomas Reuters Eikon et Banque mondiale, base de données « Indicateurs du développement dans le monde ».

Note : Le sigle « G4 » renvoie aux quatre banques centrales suivantes : la Réserve fédérale des États-Unis, la Banque d’Angleterre, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon. L’indice mondial MSCI est un indice des bourses de valeurs de pays développés. Toutes les séries de données ont pour base 100 au premier trimestre de 2009.

 

Rapport : http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tdr2015_en.pdf
Aperçu en anglais: http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tdr2015overview_en.pdf