
Au cours des derniers mois, les États-Unis ont adopté des mesures commerciales qui ont profondément remodelé le paysage commercial mondial, notamment en imposant des droits de douane de 10 % ou plus sur des produits importés – des mesures qui risquent de porter gravement atteinte aux économies les plus vulnérables.
Cette édition de la Mise à jour sur le commerce Mondial (Global Trade Update en anglais) présente le calendrier des décisions commerciales américaines ainsi qu’une analyse de l’impact des « droits de douane réciproques » sur les économies petites et vulnérables.
Ces droits – actuellement suspendus pour 90 jours – ont été fixés à des taux destinés à équilibrer les déficits bilatéraux du commerce de marchandises entre les États-Unis et 57 de leurs partenaires commerciaux, avec des taux allant de 11 % pour le Cameroun à 50 % pour le Lesotho.
Le rapport conclut que, dans de nombreux cas, ces droits de douane affecteraient de manière disproportionnée ces économies, sans réduire significativement le déficit commercial des États-Unis ni générer de recettes supplémentaires notables. Pour en savoir plus sur le rôle des droits de douane dans le commerce international, consultez l’édition de mars du Global Trade Update.
Principaux constats
- Les pays les moins avancés et de petite taille représentent une part marginale du déficit commercial américain. Par exemple, 28 des partenaires concernés contribuent chacun à moins de 0,1 % du total. Pourtant, l’application de « droits réciproques » nuirait fortement à leur capacité à exporter vers le marché américain.
- La plupart des partenaires visés ne généreraient que des recettes supplémentaires très limitées pour les États-Unis, même si les volumes d’importation restaient inchangés. Pour 36 d’entre eux, les nouveaux droits représenteraient moins de 1 % des recettes douanières actuelles. Les grands exportateurs de pétrole, comme le Guyana et le Nigéria, rapporteraient très peu, le pétrole étant exempté de tout droit additionnel.
- De même, les droits réciproques appliqués aux pays exportateurs principalement des produits minéraux, comme la Zambie et la République démocratique du Congo, généreraient peu de recettes tout en freinant leurs efforts de diversification et de valorisation de leurs exportations.
- Plusieurs partenaires exportent des produits agricoles non cultivés aux États-Unis et pour lesquels il existe peu de substituts. En 2024, les États-Unis ont importé pour 150 millions de dollars de vanille de Madagascar, près de 800 millions de dollars de cacao de la Côte d’Ivoire et 200 millions de dollars du Ghana. Une hausse des droits sur ces produits pourrait accroître les recettes, mais risquerait aussi de faire grimper les prix pour les consommateurs.
La suspension actuelle de 90 jours constitue une occasion importante de réévaluer le traitement réservé aux économies petites et vulnérables dans le cadre de la politique des droits de douane réciproques.