MACHINE NAME = WEB 2

Exploiter le potentiel du secteur africain des services passe par une amélioration de la règlementation des services d’infrastructure


Communiqué de presse
Pour l'utilisation des médias d'information - Ce n'est pas un document officiel
UNCTAD/PRESS/PR/2015/023
Exploiter le potentiel du secteur africain des services passe par une amélioration de la règlementation des services d’infrastructure

Geneva, Suisse, 9 juillet 2015

​Des problèmes de réglementation et de politique générale empêchent l’Afrique de tirer parti du potentiel de son secteur des services, indique la CNUCED dans son Rapport 2015 sur le développement économique en Afrique, intitulé : Libérer le potentiel du commerce des services en Afrique pour la croissance et le développement1.

Selon la CNUCED, c’est parce que les infrastructures africaines sont insuffisantes et coûteuses que le secteur des services n’a pas été en mesure d’assurer la transformation structurelle requise pour que le continent puisse se développer en fonction de ses besoins. Ce secteur a pourtant été un moteur de croissance dynamique au cours des dernières années (voir fig. 1).

Les services d’infrastructure sont essentiels à la réalisation des objectifs de développement durable pour 2016-2030 que les Nations Unies s’efforcent de fixer et à la création des conditions d’une croissance diversifiée en Afrique. En outre, certains services d’infrastructure, tels que les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ont un lien direct avec les objectifs de développement durable dont la réalisation est indispensable au développement social. De plus, si les services tels que la distribution d’électricité, les télécommunications et les transports contribuent à la productivité, ils sont également déterminants pour la compétitivité des entreprises africaines.

« L’Afrique abrite 15 % de la population mondiale, mais ne représente que 2,2 % des exportations mondiales de services, ce qui signifie que le potentiel du secteur est largement sous-exploité », dit Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED. Le Rapport 2015 montre que les pays africains doivent résoudre les problèmes de réglementation et de politique générale qui sont à l’origine de ces dysfonctionnements et pèsent sur la capacité du continent d’exploiter pleinement le potentiel de son secteur des services ».

Pendant la période 2009-2012, le secteur africain des services a enregistré un taux de croissance de 4,6 %, contre 5,4 % dans les pays en développement. Les sous-secteurs les plus dynamiques étaient ceux des transports, de l’entreposage et de la communication. Au cours de la même période, le secteur africain des services a stimulé la croissance du produit intérieur brut dans 30 des 54 pays du continent. Dans 30 des 45 pays où la part des services dans la production a augmenté, on a observé une contraction de l’activité manufacturière entre la période 2001-2004 et la période 2009-2012.

Certains pays ont développé leur secteur des services avec un relatif succès et fournissent même des services sur les marchés africains. On peut citer à titre d’exemples les industries de services financiers et bancaires de Maurice et du Nigéria, l’industrie du transport aérien de passagers et de marchandises en Éthiopie, au Kenya et en Afrique du Sud, le secteur des services d’éducation en Ouganda, les services de télécommunication en Égypte et l’industrie des services portuaires à Djibouti et au Kenya.

L’exemple d’Ethiopian Airlines, la plus grande, la plus dynamique et la plus rentable des compagnies aériennes africaines, qui affiche chaque année depuis 2005 un taux de croissance moyen compris entre 20 % et 25 %, est représentatif. Ce géant africain, qui pèse 2,3 milliards de dollars, a enregistré un bénéfice net de 228 millions de dollars au cours de la période 2013-2014, ce qui en fait la compagnie de transports la plus rentable d’Afrique.

Pourtant, les pays africains sont toujours aux prises avec la nécessité de créer les infrastructures propres à favoriser l’industrialisation et la croissance économique. Pour assurer l’efficacité des services, il faut mettre en place des cadres réglementaires et des systèmes de contrôle clairs et cohérents. La réglementation des services d’infrastructure joue aussi un rôle décisif en ce qu’elle est garante d’éléments étroitement liés, à savoir l’accès aux services, l’accessibilité économique, le contrôle de la qualité et les exigences en matière d’investissement. Ce dernier élément est très important en Afrique, où, souvent, les réseaux ont une portée relativement limitée et sont mal entretenus, mais où les prestataires privés peuvent être réticents à les développer et à les moderniser.

Toutefois, la tendance étant à la libéralisation plus poussée du commerce des services au niveau régional et au renforcement de l’intégration économique en Afrique, il deviendra peut-être plus aisé de donner la priorité au secteur des services et aux politiques visant à améliorer la contribution du secteur à la croissance.

Pour la CNUCED, il faut absolument réglementer efficacement les services d’infrastructure pour les trois raisons :

• Premièrement, dans l’optique des objectifs de développement durable pour l’après-2015 relatifs à la protection sociale, à l’eau et à l’assainissement ainsi qu’aux indicateurs de santé, une attention accrue est accordée au rôle que joue la réglementation en vue de protéger les consommateurs, d’attirer les investisseurs et de permettre aux gouvernements d’atteindre leurs objectifs;

• Deuxièmement, les services d’infrastructure, en particulier le transport terrestre de marchandises, sont beaucoup plus chers et de moins bonne qualité en Afrique que dans les autres régions du monde. La CNUCED estime qu’en 2012, le coût des transports en Afrique représentait 7,7 % de la valeur livrée des exportations, soit plus du double de la moyenne mondiale, qui s’établissait à 3,7 %. Les coûts de transaction sont plus élevés en ce qui concerne le commerce intra-africain que le commerce avec les autres pays du monde. Le coût élevé des transports, qui a fait augmenter le coût de l’activité économique et donc freiné l’investissement privé, empêche aussi les pays africains de tirer profit de la rapide expansion du commerce mondial;

• Troisièmement, peu d’Africains ont accès à l’électricité, et la quantité d’électricité produite de manière fiable et constante est trop faible pour faire face à la hausse de la demande. Par exemple, les fournisseurs d’énergie africains auront bien du mal à attirer les investissements et à mener à bien des projets d’investissement de grande envergure car jamais les besoins en investissement dans les infrastructures du secteur n’ont été aussi importants; 74 % des Africains n’ont pas accès à l’électricité. On estime qu’il en coûterait 93 milliards de dollars par an pour combler le déficit énergétique d’ici à 2030.

La plupart des États d’Afrique affichent un faible degré d’indépendance de leurs autorités de réglementation dans l’ensemble des secteurs, et les modèles internationaux traditionnels de réglementation des infrastructures ne sont pas régulièrement appliqués en Afrique. La plupart des organismes africains de réglementation sont peu développés, disposent de budgets modestes et manquent souvent de personnel qualifié. En Afrique, le coût élevé du capital et la difficulté d’y accéder, la vétusté des réseaux, la faiblesse du secteur public et le nombre insuffisant d’organismes de réglementation indépendants constituent des obstacles considérables pour les acteurs susceptibles d’entrer sur le marché des services d’infrastructure.

Bien que l’État demeure un acteur majeur de la prestation de services d’infrastructure en Afrique, l’indépendance des autorités de réglementation est un élément important de l’efficacité de la prestation de ces services. Le type de propriété – propriété publique ou privée, partenariat public-privé ou coentreprise – peut varier tant qu’il contribue à la réalisation des objectifs de développement du Gouvernement.

« Pour que les entreprises africaines tirent parti des possibilités croissantes qui s’offrent de développer les échanges commerciaux dans le cadre des chaînes de valeur mondiales des services, il est nécessaire de procéder à des investissements majeurs dans les transports, la logistique et les infrastructures énergétiques », a affirmé M. Kituyi. « En outre, l’évolution du secteur des services d’utilité publique doit s’accompagner d’une adaptation de la réglementation et des modes de distribution et de fonctionnement traditionnels du secteur aux exigences technologiques et à celles des consommateurs. ».

Figure 1: Parts sectorielles du produit intérieur brut réel, en pourcentage et en valeur,
2000-2012
PR2015023_fr.jpg
Source: Calculs du secrétariat de la CNUCED, d’après des données provenant de UNCTADStat.

Rapport: http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/aldcafrica2015_fr.pdf