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L'essor du commerce Sud-Sud dans la pêche et l'aquaculture offre une mer d'opportunités

16 août 2024

Entre les pays en développement, le commerce issu de la pêche et l’aquaculture a doublé au cours de la dernière décennie. Cependant des obstacles persistent et soulignent la nécessité de revitaliser le système global de préférences commerciales entre eux pour débloquer une nouvelle croissance.

A fishing boat in the Peruvian port of Callao
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© Shutterstock/rjankovsky | Un bateau de pêche dans le port péruvien de Callao.


  • Le commerce mondial de la pêche marine et de l'aquaculture a atteint 186 milliards de dollars en 2022, une hausse de 63 % par rapport aux 114 milliards de dollars en 2012.

  • Le commerce Sud-Sud dans ce secteur a doublé au cours de la même période, passant de 19 milliards de dollars à 39 milliards de dollars.

  • Le secteur fait face à des défis tels que la surpêche, le changement climatique et les barrières commerciales, avec des mesures non tarifaires affectant 93 % des importations de produits de la pêche.


Le commerce mondial de la pêche marine et de l'aquaculture offre de grandes opportunités de croissance économique durable et inclusive tout en faisant progresser les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l'amélioration de la sécurité alimentaire et l'élimination de la faim (ODD 2) ainsi que la protection de la vie sous-marine (ODD 14).

Le secteur, qui comprend le poisson, les crustacés, les mollusques, les algues et de nombreux sous-produits aquatiques à valeur ajoutée, a vu ses exportations mondiales atteindre 186 milliards de dollars en 2022, en hausse de 63 % par rapport aux 114 milliards de dollars en 2012.

Notamment, le commerce Sud-Sud – le commerce entre pays en développement – a fortement progressé dans divers secteurs de la pêche, y compris la pêche marine, l'aquaculture, la transformation du poisson et les navires de pêche. Selon une nouvelle analyse de l'ONU commerce et développement (CNUCED), disponible seulement en anglais, ce commerce a doublé, passant de 19 milliards de dollars en 2012 à 39 milliards de dollars en 2022.

Le Chili, la Chine, l'Équateur, l'Inde, le Pérou, la Thaïlande et le Vietnam sont les principaux exportateurs parmi les pays en développement, qui représentaient en 2022 46 % des exportations mondiales de produits de la pêche et de l'aquaculture transformée, contre 42 % en 2012. Notamment, leur part du segment de produits transformés est supérieure à celle des produits non transformés, avec 53 % contre 40 %.

« Cela souligne le succès des pays en développement à ajouter de la valeur à leurs exportations de produits de la mer », déclare David Vivas Eugui, responsable de la section océans et économie circulaire à l'ONU commerce et développement.

Une nouvelle ère du commerce Sud-Sud

Cette croissance du commerce Sud-Sud dans la pêche et l'aquaculture contraste avec les schémas commerciaux traditionnels, où les pays en développement exportent principalement vers les marchés avancés.

« Ce changement marque une nouvelle ère où les pays en développement commercent de plus en plus entre eux » déclare M. Vivas Eugui.

Le commerce Sud-Sud, explique M. Vivas Eugui, permet aux pays en développement de conserver davantage de bénéfices économiques au niveau local, de créer des emplois et de favoriser l'innovation dans les produits marins alimentaires et non alimentaires. Qui plus est, dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture, il améliore également la sécurité alimentaire et accroît l'accès à des aliments riches en protéines, en particulier pour les populations côtières.

En commerçant davantage entre eux, les pays en développement peuvent ajouter de la valeur à leurs produits tout en améliorant la qualité ou le traitement avant l'exportation.

Vivas Eugui ajoute que cela ne renforce pas seulement les industries locales mais, de surcroît améliore leur capacité à rivaliser sur les marchés internationaux, y compris les marchés avancés.

Avantages compétitifs des pays en développement

L'analyse de « l' Avantage Comparatif Révélé » d’ONU commerce et développement mesure la performance des exportations d'un pays par rapport à son commerce mondial. Elle révèle que de nombreux pays en développement ont un avantage comparatif dans diverses espèces marines et sous-produits. Quelques exemples :

  • L'Argentine est renommée pour sa merluza congelée, prisée à l'échelle mondiale pour sa texture ferme et sa saveur douce.
  • Le Maroc se distingue par ses sardines transformées, tirant parti de sa riche biodiversité marine et de ses pratiques de pêche durables.
  • Le Mozambique excelle dans l'exportation de langoustes et autres cigales de mer.
  • Le Pérou prospère dans l'exportation d'anchois préparés ou en conserve, profitant des stocks de poissons abondants et riches en nutriments du courant de Humboldt.

Ces avantages permettent aux pays de capitaliser sur des marchés spécifiques, stimulant la croissance économique et diversifiant les exportations.

De plus, la pêche et l'aquaculture sont liées à l'économie créative. Dans de nombreux pays en développement, des chefs expriment leur créativité à travers l'utilisation d'espèces locales, savoureuses et riches en biodiversité.

Le changement climatique, la surpêche et les mesures non tarifaires posent de grands défis

Malgré une croissance prometteuse, le secteur de la pêche marine et de l'aquaculture fait face à plusieurs défis. La surpêche, les subventions néfastes et le changement climatique constituent des menaces importantes pour le développement durable.

Depuis 1974, les stocks surexploités ont triplé, avec plus d'un tiers des pêcheries évaluées dans le monde sont actuellement surexploitées. Le changement climatique aggrave ces problèmes en affectant les températures marines et les écosystèmes, menaçant à la fois l'environnement et les moyens de subsistance qui dépendent de ces ressources.

Les barrières commerciales, en particulier les mesures non tarifaires (MNT), entravent également la croissance. Les MNT sont des règles et des réglementations, autres que les droits de douane, que les pays utilisent pour contrôler la quantité et les types de produits entrant sur leurs marchés. Elles incluent des exigences en matière de sécurité alimentaire et de normes de qualité, qui peuvent être coûteuses pour les exportateurs.

Le « Système global de préférences commerciales entre pays en développement » (SGPC) est un accord entre pays en développement visant à promouvoir le commerce en offrant un traitement préférentiel en matière de droits de douane et d'autres barrières commerciales. ONU commerce et développement assure le secrétariat de cet accord unique sur le commerce et la coopération Sud-Sud.

Malgré des droits de douane réduits entre les membres du SGPC, la prévalence des MNT continue de poser des obstacles au commerce.

Par exemple, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et les barrières techniques au commerce (BTC) augmentent considérablement les coûts de conformité et restreignent l'accès aux marchés. Elles représentent environ 65 % de toutes les MNT auxquelles les exportateurs sont confrontés (50 % pour les SPS et 15 % pour les BTC). En ce qui concerne les importations, les mesures SPS affectent 93 % des relations d'importation de produits de la pêche, tandis que les BTC affectent 82 %.

Le potentiel du SGPC en tant que plateforme de changement

En 2022, les membres du SGPC représentaient plus de 60 % des exportations totales des pays en développement dans le secteur, illustrant le rôle essentiel de cet accord dans la promotion du commerce Sud-Sud.

Avec 42 membres en Afrique, en Asie et en Amérique latine, le SGPC couvre 4 milliards de personnes, offrant un potentiel énorme et des marchés diversifiés.

« Il fournit une plateforme unique pour relever ces défis en favorisant la coopération entre les pays en développement », déclare Chantal Line Carpentier, responsable de la branche commerce, environnement, changement climatique et développement durable à ONU commerce et développement.

L'harmonisation et la réduction des MNT par le biais du SGPC peuvent faciliter l'accès des pays en développement aux marchés régionaux et mondiaux, les aidant ainsi à s'intégrer dans les chaînes de valeur mondiales et à préparer leurs entreprises à la concurrence internationale.

Mme Carpentier ajoute que le SGPC permet également aux participants de tirer parti de leurs forces dans des produits marins spécifiques, favorisant un environnement commercial diversifié et résilient.

ONU commerce et développement appelle à la revitalisation du SGPC pour exploiter davantage le potentiel du commerce Sud-Sud dans de nombreux secteurs, ce qui pourrait augmenter les flux commerciaux, améliorer la sécurité alimentaire et promouvoir un développement économique durable.