La première masterclass de l'initiative eTrade for Women de la CNUCED en Afrique offre aux entrepreneurs les moyens de tirer davantage de bénéfices de l'économie numérique.
Christelle Assirou, entrepreneure de Côte d'Ivoire aux talents multiples, révolutionne le commerce électronique dans son pays, et au-delà.
Mme Assirou dirige l’entreprise de développement commercial et de services numériques, ICTINA, créée par elle en 2015. Engagée pour l'autonomisation des femmes dans l'économie numérique, l’UNESCO l’a désignée l'année dernière comme l'une des femmes les plus remarquables dans le domaine de la technologie.
Forte de son succès, Mme Assirou a redoublé d’efforts pour aider les femmes entrepreneurs d'Afrique francophone à acquérir les connaissances et les compétences requises pour réussir dans l'économie numérique.
Elle fait partie des 19 participantes à la première masterclass de l'initiative eTrade for Women de la CNUCED en Afrique, organisée à Abidjan, en Côte d'Ivoire, du 26 au 28 février.
Elle a contribué au développement de l'internet et de l'écosystème numérique de la Côte d'Ivoire en tant que l'une des pionnières dans la promotion des technologies libres d’accès et des logiciels à code source ouvert, dans son pays et en Afrique francophone.
"La masterclass nous aidera à promouvoir la création de richesses sans distinction de sexe en impliquant davantage de femmes dans l'économie numérique", a déclaré Mme Assirou.

Une première dans la sous-région
La masterclass est la première du genre à cibler les femmes entrepreneurs du numérique en Afrique francophone, une sous-région qui pourrait compter jusqu’à 62,5% des économies du continent aux plus fortes croissances d'ici 2021, selon la Banque mondiale..
Pourtant, les start-ups d'Afrique francophone n'ont reçu que 1 % des 1,16 milliard de dollars US levés en capitaux propres par les start-ups technologiques africaines en 2018, selon un rapport de Partech Africa.
La masterclass vise à changer le sort des femmes entrepreneurs en leur donnant les moyens et les outils nécessaires pour prospérer dans une économie numérique en rapide évolution.
"Le commerce électronique crée de nouvelles opportunités pour les femmes dans les pays en développement. Il pourrait accélérer la réduction de la pauvreté et leur inclusion dans des activités économiques productives", a déclaré Shamika N. Sirimanne, directrice de la technologie et de la logistique à la CNUCED.
"Toutefois, pour tirer parti de ces opportunités, les femmes ont besoin des compétences appropriées et d'un cadre politique favorable, ce que nous offrons par le biais de l'initiative e-Trade for Women", a-t-elle ajouté.
Patricia Zoundi Yao, responsable de l'initiative eTrade for Women de la CNUCED pour l'Afrique francophone, dirigera cet événement de trois jours auquel participeront des femmes entrepreneurs du secteur numérique du Bénin, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Tchad.
Mme Yao fait partie des sept femmes considérées comme les pionnières du secteur numérique dans le monde et sélectionnées par la CNUCED en 2019 pour promouvoir celui-ci et inspirer d'autres femmes en faveur d'une économie numérique plus inclusive aux niveaux local, régional et mondial.
Elle a fondé sa société, QuickCash, en 2010 pour faciliter les transferts d'argent aux populations rurales et aux travailleurs du secteur informel. Depuis lors, elle a créé deux autres entreprises et a reçu plusieurs prix pour ses succès commerciaux et son impact social.
La masterclass d'Abidjan est la deuxième d’une série que la CNUCED organise dans différentes régions du monde en développement. La première a eu lieu à Skopje, en Macédoine du Nord, en octobre 2019. Elle a attiré plus de 40 femmes entrepreneurs de la péninsule balkanique.
"Ces cours donnent aux femmes entrepreneurs les moyens de surmonter les obstacles, de tirer davantage de bénéfices de l'économie numérique et de développer leurs communautés", a déclaré Candace Nkoth Bisseck, chef de projet de la CNUCED pour l'initiative eTrade for Women, financée par le gouvernement néerlandais.
La masterclass comprendra des sessions portant sur les défis spécifiques rencontrés par les femmes entrepreneurs et proposera des mises en réseau et des sessions de formation. Elle se terminera par un dialogue avec les décideurs locaux afin de proposer des politiques à même de faciliter le développement d'entreprises en ligne par les femmes.
Les participantes seront formées au développement d’une entreprise en ligne par le biais de l'optimisation pour les moteurs de recherche et du marketing sur les médias sociaux, et apprendront à transformer des données brutes en intelligence numérique.
Elles jetteront également les bases d'une communauté régionale eTrade for Women, qui soutiendra cet effort initial et contribuera à rehausser le profil des femmes entrepreneurs numériques dans leurs écosystèmes locaux.
Nouvelles compétences et networking

"C'est l’occasion d'acquérir de nouvelles compétences pour développer nos entreprises. C’est aussi une plate-forme pour créer des réseaux avec d’autres femmes entrepreneurs", a déclaré l'entrepreneure malien Aichatoun Touré, 24 ans, qui participe aussi à la masterclass.
Mme Touré a fondé la startup Codesign, qui fournit des services d'ingénierie informatique. Elle est développeuse, auteure et secrétaire générale de Mussodev, une association qui agit pour une plus grande implication des femmes dans la technologie.
Avec sa start-up elle a organisé un hackathon de 10 jours qui a attiré des développeurs du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Togo. Objectif : créer des applications en vue de stimuler l'économie numérique au Mali et dans le reste de l'Afrique.
La CNUCED prévoit d'organiser des masterclasses dans d'autres régions du monde dans les mois à venir.
Les efforts visant à renforcer l'autonomie des femmes entrepreneurs dans le domaine du numérique sont soutenus par l’ Initiative eTrade for all, avec la participation active du Fonds d'équipement des Nations unies et de la Banque africaine de développement, deux de ses partenaires.