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Impact de la pandémie de COVID-19 sur le commerce et le développement, Conseil du commerce et du développement de la CNUCED, soixante-huitième session

Statement by Isabelle Durant, Secrétaire générale par intérim de la CNUCED

Impact de la pandémie de COVID-19 sur le commerce et le développement, Conseil du commerce et du développement de la CNUCED, soixante-huitième session

Online
21 June 2021

Chers délégués,

15 mois après les premières contaminations et leurs conséquences, la COVID-19 continue d'être au centre de toutes nos discussions.

Mais des développements à la fois critiques et prometteurs ont eu lieu au fil des mois.

En particulier, la production et la distribution de vaccins. À l'échelle mondiale, plus de 30 vaccins ont été administrés pour 100 personnes. Dans certaines parties du monde, la distanciation sociale et les mesures de prévention sont en train d'être levées. Cependant, nous sommes tous conscients que la distribution et l'accès aux vaccins sont très inégaux, ce qui permet au virus de muter et de générer de nouveaux variants qui nous mettent tous en danger.

Une évolution assez positive, globalement, est à constater :  l'économie mondiale a commencé à se redresser, et ce, plus rapidement que prévu initialement. Elle devrait croître de près de 5 % en 2021, soit un taux de croissance qui n'avait pas été observé depuis plus de dix ans. C'est une bonne nouvelle. Cependant, cette reprise est terriblement inégale, car la capacité des pays à investir dans des politiques de réponse et de relance varie considérablement.

L'accès inégal aux vaccins et aux ressources fiscales conduira inévitablement à davantage d'inégalités, et donc à l’exact opposé de ce que nous envisageons pour notre avenir, c’est-à-dire un monde de prospérité partagée.

Et malgré les évolutions positives, la crise est loin d'être terminée. De nombreuses incertitudes subsistent. C’est pourquoi   le suivi des données et la compréhension de l'impact à grande échelle sont essentiels pour concevoir des politiques de relance globales et particulières appropriées.

Pour ce faire, la CNUCED a consolidé et réorienté ses efforts depuis mars 2020 afin de soutenir les États membres dans la compréhension et le suivi de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur le commerce et le développement. La compréhension mais aussi des lignes de force permettant d’élaborer des politiques les plus adéquates possible.

Nous avons utilisé chacun de nos trois piliers pour soutenir les États membres : recherche et production de données, rapports analytiques, discussions et échanges sur le terrain intergouvernementale et adaptation de nos programmes de coopération technique pour répondre aux besoins sur le terrain.

En novembre dernier, nous avons publié un rapport sur l'impact de la pandémie de COVID-19 sur le commerce et le développement, dont nous avons discuté dans cette même enceinte. Vous nous avez demandé de fournir une mise à jour régulière, ce que nous avons fait en créant un portail de données en ligne sur l'impact de la pandémie sur le commerce et le développement. Le portail fournit plus de 25 indicateurs, couvrant une large sélection de données en date du 31 mars. Les indicateurs précédents sont complétés par de nouvelles données lorsque celles-ci sont pertinentes et disponibles, notamment des données sur le déploiement des vaccins.

Pour faciliter la vue d'ensemble, le portail présente des messages clés. Je voudrais en souligner quelques-uns ici :

  • Les pays développés connaîtront un rebond de la croissance du PIB plus important que les pays en développement, ce qui suscite des inquiétudes quant à l'élargissement du fossé entre les nations riches et les nations pauvres.
  • En ce qui concerne les doses de vaccin administrées pour 100 personnes, il est très préoccupant de constater qu'elles varient fortement d'un pays à l'autre, et que l'Afrique est très en retard.
  • La pandémie a déjà fait grimper les estimations de l'extrême pauvreté pour 2020 et 2021. Les estimations indiquent qu'entre 119 et 124 millions de personnes sont tombées dans l'extrême pauvreté en 2020, et que 143 à 163 millions d’autres personnes devraient suivre cette année. C'est très inquiétant, car il s'agit de la première augmentation significative de l'extrême pauvreté dans le monde au cours des deux dernières décennies.
  • La reprise du commerce, qui est notre principale variable d'analyse, a commencé à se faire sentir. Or, il existe une grande disparité entre la reprise du commerce des biens et celle du commerce des services. Ces derniers restent dans un état désastreux, principalement en raison de l'impact de la pandémie sur le tourisme et l'aviation. Avec la levée progressive des restrictions de voyage, les espoirs sont grands de voir le tourisme reprendre sa puissance.
  • La COVID-19 a entraîné la plus grande réduction des émissions de dioxyde de carbone depuis la Seconde Guerre mondiale (-5,8 % en 2020), mais cela ne suffit pas pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Ce constat souligne l'ampleur du défi qui nous attend.
  • La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises à davantage de solidarité, mais avons-nous été à la hauteur de cet appel ? Certes, il faut se féliciter qu'en 2020, l'aide publique au développement totale fournie par l'intermédiaire du Comité d'aide au développement ait atteint un niveau record. Cela va à l'encontre des attentes. Mais cette augmentation est très loin de compenser l'ampleur des contractions des autres flux de ressources.
  • Quant à la dette et aux préoccupations liées à l'endettement croissant, l'Initiative de suspension du service de la dette est importante. Elle prévoit un allégement de la dette à court terme pour permettre aux pays les plus pauvres de concentrer leurs ressources limitées afin de répondre aux besoins économiques, sociaux et sanitaires. Si l'Initiative a permis d'alléger la dette de plus de 5 milliards de dollars pour plus de 40 pays éligibles, tous les pays éligibles n'ont pas participé à l'Initiative et beaucoup sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement.

Ces constats montrent à quel point la reprise est inégale et fragile. Et ils montrent également à quel point nous avons encore besoin de solidarité et de coopération si nous sommes vraiment déterminés à tracer le chemin vers un avenir plus résiliant, inclusif et durable.

Je vous remercie.