Morocco-EU International Conference on Sustainability: Competitive challenge and growth driver
Votre Excellence, M. Ryad Mezzour, Ministre du Commerce et de l'Industrie du Maroc,
Votre Excellence, Madame Leila Benali, Ministre de la Transition énergétique et du Développement durable du Maroc,
Monsieur Chakib Alj, Président de la Confédération générale des Entreprises du Maroc,
Monsieur Ahmed Rahhou, Président du Conseil de la Concurrence du Maroc,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes engagés dans une course contre la montre. La planète se réchauffe à une vitesse qui va bien au-delà des engagements pris dans le cadre de l'accord de Paris. L'année 2023 est en passe de devenir l'année la plus chaude jamais enregistrée. L'horloge tourne.
Le changement climatique est un défi mondial qui touche tous les coins du monde.
Pourtant, ses effets néfastes sont inégaux. Ce sont les tropiques, le berceau du monde en développement, qui sont les plus touchés. De nombreux pays parmi les plus pauvres, qui ont très peu contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, sont en première ligne de la crise climatique. Mais ce sont aussi les pays qui ont le moins de moyens d'atténuation et d'adaptation.
Nous devons prendre des mesures décisives pour changer de cap. Cela signifie qu'il faut agir à tous les niveaux : international, régional et national. Des mesures en termes d'engagement, de politiques et de ressources.
Les estimations du coût de l'action climatique varient considérablement. Nous estimons que les pays en développement sont confrontés à un déficit d'investissement d'environ 2 000 milliards de dollars (américains) par an pour la seule transition énergétique.
Il est manifestement nécessaire d'accroître le financement de la lutte contre le changement climatique et de le rendre disponible à de meilleures conditions, notamment sous la forme de prêts à des conditions préférentielles.
Mais pour de nombreux pays en développement, mobiliser des fonds pour l'action climatique est un immense défi, en particulier en raison du poids de leur dette. Le problème de la dette dans de nombreux pays en développement est si grave qu'ils consacrent plus d'argent au service de la dette qu'à celui de leur population. En fait, 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent plus pour le service de la dette que pour la santé ou l'éducation. Cela leur laisse très peu de marge de manœuvre pour investir dans l'atténuation du changement climatique et l'adaptation à ses effets.
Pour permettre aux pays en développement de passer à des économies plus vertes, il faudra donc une transition juste et solidaire. Une "transition juste" implique un cadre politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui s'attaque simultanément aux inégalités, assure une répartition équitable des coûts de la transition et garantit que les bénéfices de la transition sont largement partagés.
Elle suppose que les pays développés aident les pays en développement à atteindre leurs objectifs en matière de climat et de développement.
Il est bon de constater que la durabilité est désormais au cœur de l'ordre du jour de nombreuses conférences internationales et de discussions politiques. Comme cette conférence, qui favorise la compréhension des implications de la durabilité pour la compétitivité et la façon dont la politique de concurrence et la protection des consommateurs peuvent soutenir notre quête d'une plus grande durabilité.
Mesdames et Messieurs,
Les lois et politiques relatives à la concurrence et à la protection des consommateurs jouent un rôle clé dans le soutien des initiatives de développement durable. Elles corrigent les défaillances du marché et contribuent à garantir des conditions équitables dans lesquelles les entreprises et les consommateurs peuvent faire les meilleurs choix.
Les entreprises doivent innover dans leurs processus de production, de distribution et de vente pour parvenir à la durabilité et rester compétitives sur un marché qui se préoccupe de la durabilité.
Le droit et la politique de la concurrence favorisent l'innovation pour le développement durable et encouragent les consommateurs à faire les meilleurs choix.
Toutefois, dans certains cas, les entreprises qui assument de plus en plus la responsabilité du développement d'une économie plus durable peuvent avoir besoin d'une action coordonnée avec leurs concurrents, pour atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. Dans ce contexte, un conflit potentiel entre le développement durable et la protection de la concurrence peut survenir.
Plusieurs autorités de concurrence expérimentées fournissent des orientations ou modifient leurs règles de concurrence afin de trouver un équilibre entre le soutien au développement durable et la compétitivité des marchés. Il est nécessaire qu'elles fournissent des orientations concrètes et claires pour assurer la sécurité juridique des entreprises et qu'elles continuent à échanger les meilleures pratiques entre les différentes juridictions.
Pour que les consommateurs puissent faire des choix durables, des informations claires et précises doivent être fournies et comprises. Les lignes directrices des Nations Unies pour la protection des consommateurs de 1985 ont été élargies en 1999 pour inclure la question de la consommation durable. Cet aspect a de nouveau été mis en évidence dans la dernière révision de 2015.
Nous devons passer de la notion de consommateur en tant que destinataire passif de biens et de services, à celle de consommateur en tant qu'agent de changement. À la suite de la pandémie de COVID-19, des questions telles que l'utilisation de plastique non réutilisable, ou la durabilité des colis alimentaires livrés dans du plastique, ont sensibilisé les consommateurs à la responsabilité commune et partagée d'évoluer vers une économie plus verte dans le monde entier. Les jeunes consommateurs sont plus enclins à choisir des marques pour leurs valeurs éthiques et à réduire leur consommation de viande et de produits d'origine animale.
Mais les consommateurs ne peuvent faire de bons choix que si des informations véridiques sont disponibles et accessibles. Des pratiques telles que le greenwashing - des affirmations fausses ou inexactes qui ne sont pas étayées ou vérifiées par un tiers fiable, telles que "ce produit est vert" ou "respectueux de l'environnement" - encouragent les consommateurs à acheter par erreur des produits qui ne sont pas durables. Cela mine la confiance des consommateurs dans les marchés et dans les entreprises qui s'efforcent de leur offrir des choix durables. Les lignes directrices des Nations Unies mentionnées et du Programme des Nations Unies pour l’environnement fournissent des conseils concrets sur la manière dont les étiquettes et les allégations devraient être formulées.
Les consommateurs doivent être mobilisés afin qu’ils puissent contribuer à une consommation durable par leurs choix. Cela peut se faire en les sensibilisant et en les informant de l’impact de leurs modes de consommation et en encourageant le recyclage.
Mesdames et Messieurs,
La CNUCED offre la plateforme la plus large dans tous ces domaines. En tant que point focal pour la concurrence et la protection des consommateurs au sein du système des Nations Unies, elle est l’institution la mieux placée pour diffuser les meilleures pratiques et pour aider les gouvernements à concevoir et à mettre en œuvre des lois et des politiques adaptées.
Il s'agit d'un vaste programme, mais qui est aussi un programme réalisable si nous utilisons notre expertise commune, si nous tirons les leçons des meilleures pratiques et si nous parvenons à obtenir un large engagement.
Je tiens à remercier le gouvernement du Maroc d'avoir organisé cette conférence qui peut nous aider à préparer les économies et les populations à l'avenir dont nous avons besoin, mais aussi pour sa direction et son soutien aux travaux sur la concurrence et la protection des consommateurs au fil des années.
Je vous remercie de votre attention.