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UNCTAD15 Ministerial Roundtable V: Supporting productive transformation for greater resilience in a post-pandemic world

Statement by Isabelle Durant, Secrétaire générale adjointe, CNUCED

UNCTAD15 Ministerial Roundtable V: Supporting productive transformation for greater resilience in a post-pandemic world

Bridgetown, Barbados
07 October 2021

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Un monde post-pandémique réussi doit être marqué par une plus grande résilience.

Partout.

Mais pour certains pays, cela sera beaucoup plus difficile à réaliser, notamment pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Ces pays sont les plus exposés aux chocs car ils disposent de moins de ressources, d'économies moins diversifiées et d'une plus petite marge de manœuvre budgétaire (less fiscal space).

Et maintenant, ils sont en proie à la crise du COVID-19 et à la crise climatique.

La pandémie de COVID-19 a créé un choc soudain pour les systèmes de santé et les économies nationales.

Mais le degré relativement faible d'intégration à l'économie mondiale et l'éloignement des marchés, qui constituent généralement un désavantage, ont épargné à de nombreux PMA et PEID le pire de la crise sanitaire. Du moins dans les premiers mois de la pandémie.

Les mesures restrictives, telles que la fermeture des frontières, ont été efficaces mais sont devenues insoutenables en raison de leur coût économique élevé, comme la perte de revenus du tourisme. Avec la perte dûe aux restrictions des voyages et le variante Delta plus agressif, plusieurs PEID et PMA, par exemple le Bangladesh, Fidji, Maurice, le Myanmar ou le Népal, ont connu des épidémies récentes.

Les chocs économiques déclenchés par la pandémie ont été considérables dans les PMA et les PEID. Ils ont enregistré des contractions majeures du commerce, de la production et du tourisme, avec les baisses de revenus et d'emplois qui en ont résulté.

Nos dernières données montrent que c'est dans ces économies - les plus pauvres et les plus petites - que la reprise du commerce ne s'est pas encore manifestée (en moyenne).

En outre, notre rapport sur les PMA publié la semaine dernière a révélé que la pandémie a fait basculer plus de 32 millions de personnes dans l'extrême pauvreté dans ces pays, et qu'un tiers aura besoin de cinq ans ou plus pour retrouver le niveau de PIB par habitant qu'ils avaient en 2019.

Cela s'explique aussi par la marge de manœuvre budgétaire beaucoup plus réduite de ces pays. Selon le rapport des Nations unies sur le financement du développement durable, les PMA en tant que groupe pourraient réagir à la crise du COVID-19 en augmentant le soutien budgétaire direct et indirect de seulement 2,6 % du PIB, contre 15,8 % du PIB dans les pays développés. 

Documenter et comprendre l'impact de la crise sur le commerce et le développement a été au cœur de notre travail. Nous avons d'ailleurs créé un portail de données dédié à cet effet.

Ensuite, il y a la crise climatique. Le changement climatique est présent depuis un certain temps. De plus en plus, il va définir notre avenir. Si le changement climatique est un phénomène mondial, c'est le monde en développement qui est le plus touché par ses effets néfastes :

  • L'évolution du régime des précipitations semble modifier de façon permanente les saisons de croissance agricole dans une grande partie de l'Afrique, avec des saisons des pluies plus courtes et plus intenses. Les agriculteurs de nombreux PMA africains ont du mal à s'adapter.
  • En 2020, les Caraïbes ont connu les tempêtes les plus violentes jamais enregistrées.
  • L'élévation du niveau de la mer submerge les habitats et salinise l'eau douce et les terres agricoles dans de nombreuses îles de faible altitude et zones côtières.
  • Si le niveau des mers continue à augmenter, la majorité des terres de Kiribati, des Maldives et de Tuvalu risquent de disparaître d'ici 2100. Cela entraînerait des migrations et des catastrophes humanitaires sans précédent dans ces pays, voire menacerait leur existence même.

Face à ces crises, de nombreux pays ont eu recours à l'emprunt. Mais l'emprunt présente divers risques pour la transformation productive et la croissance à long terme :

  • Le surendettement peut conduire à l'instabilité macroéconomique. En fait, de nombreux pays étaient déjà dans une spirale d'endettement inquiétante avant la crise du COVID.
  • Une dette publique élevée peut saper les flux d'investissements privés et de crédit dans les activités productives.
  • L'augmentation des coûts du service de la dette limite la capacité des gouvernements à dépenser pour des investissements productifs dans le capital humain et les infrastructures. Comme l'a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, M. Guterres, il est inadmissible que les pays dépensent plus pour le service de leur dette que pour celui de leur population.

Et l'endettement n'est pas seulement un phénomène dans les pays à faible revenu, les pays à revenu moyen et élevé ont également une charge de la dette de plus en plus lourde.

Comment les pays peuvent-ils répondre à l'ampleur écrasante de ces crises ? Plus précisément :

  • Comment doivent-ils financer les programmes à court terme en réponse à la pandémie pour renforcer leurs systèmes de santé, stimuler leur économie et soutenir les entreprises et les chômeurs ?
  • Parallèlement, comment doivent-ils maintenir les investissements dans les objectifs à long terme, tels que l'adaptation au changement climatique, la réduction de la pauvreté et la transformation structurelle ?

Ce sont là des questions difficiles pour les décideurs politiques des PMA et des PEID, et ce sont ces questions que nous voulons poser à nos éminents panélistes aujourd'hui.

Pour ma part, je souhaite souligner deux priorités pour préparer la reprise post-pandémique dans les économies vulnérables.

La première priorité est l'allègement de la dette :

Les pays ont besoin d'un espace budgétaire pour dépenser les fonds nécessaires à la lutte contre la COVID-19, ainsi que pour investir dans des politiques à long terme d'adaptation au changement climatique et de transformation structurelle. La réalisation de cet espace fiscal est impossible pour les pays dont la dette est lourde.

Avec l'Initiative de suspension du service de la dette (le DSSI en anglais), les donateurs bilatéraux ont accordé aux pays à revenu faible et intermédiaire un certain allègement du service de la dette publique jusqu'à la fin de 2021. Mais les économies vulnérables ont besoin d'un programme d'allégement plus ambitieux, qui s'étende, par exemple, à la dette souveraine envers les créanciers du secteur privé, et qui dure tout au long des prochaines années.

Il est positif qu'en août 2021, le Fonds monétaire international ait approuvé une allocation de 650 milliards de dollars US de droits de tirage spéciaux, afin d'améliorer la liquidité mondiale pendant la crise du COVID-19.

Il est également prévu que les pays puissent consacrer une partie de leur allocation de DTS à l'augmentation des prêts aux pays à faible revenu par le biais du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance du FMI. Cette mesure peut fournir à ces pays les liquidités dont ils ont tant besoin, mais comme elle prend la forme de prêts, elle ne résoudra pas les problèmes sous-jacents d'endettement et de service de la dette.

Une autre préoccupation est qu'une grande partie des DTS supplémentaires est attribuée à des pays qui n'en ont pas besoin. 

Autre évolution positive, le taux minimum mondial de 15 % de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises multinationales convenu en juin, qui permet d'aligner les impôts sur les lieux où se déroule réellement l'activité économique. Mais cette mesure n'augmentera les recettes publiques des pays en développement que si elle est bien appliquée.

La deuxième priorité consiste à renforcer la résilience en améliorant la capacité de production des pays :

Le développement de la capacité productive est nécessaire pour diversifier une économie, créer des liens denses avec les fournisseurs, développer son capital humain et augmenter la productivité et les salaires.

La CNUCED a fait œuvre de pionnier dans ce domaine. En fait, c'est l'une de nos contributions intellectuelles au discours sur le développement.

Plus récemment, nous avons développé l'indice de capacité productive pour aider les pays à identifier les domaines dans lesquels ils sont performants et ceux dans lesquels des actions correctives sont nécessaires. Nous aidons également les pays à évaluer les écarts de capacités productives afin d'identifier les lacunes et les stratégies nationales pour les combler.

J'ai maintenant hâte d'entendre notre éminent panel nous parler de ses priorités et de ses mesures pratiques pour aider les économies vulnérables à se rétablir, favoriser les transitions intelligentes sur le plan climatique et ouvrir la voie à une plus grande résilience.

Je vous remercie de votre attention.